S'il y a bien quelque chose qu'on ne puisse pas reprocher à la jeune demoiselle, c'est bien sa persévérance. Je la côtoie souvent à la piscine, on s'entraîne ensemble. Une fois, nous avons nagé tout l'après-midi ensemble, elle est d'une compagnie très agréable. Et puis, je suis sorti, à la fin de l'après-midi, elle a décidé de rester pour s'entraîner encore et encore, la compétition approchait à grands pas. Il devait être 20h quand je suis revenu, j'avais oublié un de mes draps et mon téléphone portable, et, en passant, je l'ai vue. Nager encore et encore. Je ne sais pas combien de temps elle est restée, mais je sais qu'elle a fini première la compétition. Et son sourire était encore plus resplendissant que les autres fois. Cette victoire, elle l'avait voulue, elle l'avait eue et elle l'avait méritée. — ami de briséïs. Briséïs ? Vous voulez parler de la fille qui est en cours de lettres avec moi ? J'sais pas, elle est un peu bizarre comme fille. La première fois qu'elle est arrivée ici, quand je lui ai demandé pourquoi elle était dans cette ville, elle m'a répondu : Oh. Euh... Ce sont mes parents qui ont choisi. Depuis quand des parents choisissent cette ville ? Faut que ce soit des fous. Moi, je ferais tout pour quitter la ville. Et quand je lui ai demandé d'où elle venait, elle a pas répondu et est sortie de l'amphi juste quand ça a sonné. Une autre fois, je lui ai demandé son numéro de téléphone, on aurait dit qu'elle ne savait même pas ce que c'était. Elle est franchement pas normale. — étudiante en lettres. J'ai dû lui parler une ou deux fois, maximum. Quand je lui parle, elle reste très mystérieuse. A chaque fois que je la vois, c'est à la plage, en fin de journée. Assise sur un rocher, elle reste là pendant des heures parfois, à penser. La première fois que je me suis approchée d'elle, c'est parce que j'ai vu une larme couler sur sa joue. Elle m'a dit que son pays lui manquait, que là-bas, tout était bien mieux qu'ici. Qu'elle avait perdu son père, qu'il était resté dans son pays. J'ai pas très bien compris, sur le coup, je l'avoue. Je suppose que son père n'a pas pu les suivre, que sa mère a divorcé et l'a emmenée avec elle. Mais bon, avec internet et tout, ils doivent toujours être en contact. N'empêche que je l'aime bien, elle est gentille. Quand je vais à la plage, souvent on se dit bonjour, quelques banalités, sans plus. J'aime sa compagnie, elle a l'air de venir d'un autre monde. — jeune surfeur. Je me sens tellement seule, tellement mal. Bien que je vive ici avec ma mère, Ariel (la petite sirène, tu vois ?), je ne peux m'empêcher de me demander où est mon père. Ca fait déjà un certain temps que nous sommes ici. Je me sens perdue dans ce monde. Il y a tout un temps de technologies qui n'existent pas dans mon pays. tu ne connais pas le conte de la petite sirène ? Du merveilleux château dans lequel je vis ? Avec mon père, le prince Eric et ma mère, la princesse Ariel? Moi je suis la princesse Mélodie. Je sais que si je dis ça ici, je serais considérée comme une folle. Alors je me tais. Je ne peux rien dire sur ma vie d'avant. J'évite les questions. Mais ça me fait mal d'être ici, comme si on m'avait arraché une partie du coeur. Je suis fille de la mer et de la terre. C'est ce que ma mère m'a toujours dit. Je suis exceptionnelle, à moitié humaine, à moitié sirène. Je suis une anomalie, chuchotent certains dans les coins sombres du royaume. Le suis-je vraiment ? Non. Je suis juste unique. Et ici, j'ai l'impression de n'être qu'une adolescente normale. Je ne suis plus ni une princesse, ni une sirène. Alors j'essaye de retrouver ce lien particulier que j'ai toujours eu avec l'océan. C'est pour ça que j'ai décidé de dire que j'étais une sportive de haut niveau en natation. Car, s'il y a bien une chose que j'ai découvert, c'est que je suis à l'aise dans l'eau, plus à l'aise que les humains, que je peux retenir ma respiration plus longtemps, je n'ai jamais exactement compté pour ne pas alerter les humains aux alentours. Un jour, peut-être... Bon, je te laisse, ma mère m'appelle pour qu'on dîne. Bye. — 1ère et 2ème pages du journal intime de Mélodie.