Où l'avez-vous envoyé ? Quelque part où ne vit jamais "heureux pour toujours" 2h. Je n'ai pas sommeil. Je n'ai pas envie de fermer ces lourdes paupières, et de dire adieu à aujourd'hui, dire adieu à ma vie. Pas envie de me retrouver à demain, à voir le jour se lever et devoir me lever avec lui. Ouvrir ces yeux qui ont trop pleurés, pour rien, dans le vide. Ouvrir ces yeux et ne voir personne à côté de moi. Regarder ce néant, et me replonger dans les souvenirs embrumés d'une vie passé. Et goûter encore à cette tristesse amère, qui vient de loin, de nulle part et qui s'arrête pour moi. Pourquoi moi, je n'en sais rien. On ne contrôle pas ses sentiments. On ne choisit pas d'être triste mais on peut essayer de le cacher, on peut choisir de se battre. Ce que j'ai fait, j'ai tenu, mais maintenant tout bascule. J'étais un pantin, j'essayais en vain de tirer les ficelles, de me faire marcher, de me faire sourire. Je suis parvenue à me convaincre que je pouvais avancer seule, ça y est mon sourire n'est plus mensonge. Je le croyais, je le disais. Mais c'est faux, je portais un masque, qui me collait si bien à la peau que j'en étais troublée, trompée. Je portais un masque, il est tombé. Le trou dans ma poitrine que je croyais bouché, n'est que plus grand, plus vide et plus noir. Et ça me fait peur, j'ai peur de mes sentiments, de mes pensées, peur de ce que je suis, de ce que je ne sais pas. Je revois ces questions qui me paraissaient si lointaines, revenir en plein dans mon esprit. J'ai rien demandé, j'ai rien fait pour et ça me tombe dessus. On ne se guérit pas de soi, jamais, on ne trouve pas toujours ces réponses, ces réponses que ne changeront pas nos questions, qui ne seront rien d'autre que fatalité, qui parfois ne nous font même pas avancer. On doit vivre avec nos points d'interrogations, porter le sac qui se remplit de cailloux. Je voudrais vivre, vivre la vie, la vraie. Et ne plus rôder autour d'une semblante routine qui mène au trou. J'avais une famille, des amis, je repars de zéro, la solitude se glisse partout, n'importe quand, tout mon être la ressent et chaque jour devient une épreuve. Je peux me retrouver dans une pièce bondée, à voir des gens me regarder, me parler...surtout me parler ... je reste seule. Seule, carrément sans moi, sans rien ni personne, je suis seule, vide et ailleurs. Partie, partie très tôt et jamais revenue. Je suis restée là-bas, avec eux. Je suis si lasse.

Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé mais je dois le subir, ce que cette malédiction m'a arraché. Je m’effondre. Une fille à genoux qui mord sa main la tête pleine de regrets. Et qui hurle. Qui hurle une plainte incohérente. Comme si le désespoir avait pris forme. La forme d’un cri. Je crie la fin d’un rêve, je cris la fin du monde. Je crie la fin de l’homme que j’aime et qui m'a été enlevé. Perdu en une fraction de seconde. Perdu. Je crie l’atroce réalité de cette vie de merde qui donne, et qui reprend. Je crie ce qu’on a vécu, ce qu’on aurait pu vivre encore. Je crie ce que nous sommes. Étions. Ce qu’on aurait pu devenir. Je crie ma détresse, ma douleur, mon amour, mon amour, mon amour...