Aaron se trouvait là depuis de longues heures à présent, adossé à un arbre regorgeant de fruits juteux, contemplait le paysage sans un seul clignement de paupière. Quand, grâce à un léger souffle de vent, les nuages dégageaient un bout de ciel bleu turquoise qui révélait un rayon de soleil se reflétant sur les pierre d'un blanc presque cristallin, l'ancien Lumière se sentait replonger au Paradis. Assis sur un coin de nuage comme si il se trouvait assis sur des milliers d'oreiller en plume, il se sentait glisser peu à peu vers l'apothéoses, les yeux fixés sur le château mais les pensées divagant vers son passé.

Il songeait, dans un état presque second, à son ancienne vie. Bien que se plaisant dans ce monde-ci, il ne pouvait s’empêcher de ressentir cette pointe de mélancolie en se remémorant sa belle vie au château. Ces quelques petites années de pur bonheur après la fin de la malédiction. Au côté de sa Belle, de sa Bête, de son horloge et de sa Plumette. Les merveilleux Noël emplis de magie qui occupaient leurs hiver, les contes lus au coin d'un feu de cheminée, les souvenirs déjà nombreux revécus autour de la grande table pleine de divins mets. Poussant un soupir de contentement mêlé de remords, il se leva et zigzagua entre les arbres fruitiers. Prêtant attention à chaque détails, captant chaque sensations. Lui qui n'avait pas l'habitude de voir la vie avec une telle douceur, de prendre son temps d'une telle manière, celui lui faisait tout drôle, et pourtant, il s'en rendait à présent compte qu'il appréciait le fait de voir les choses différemment, d'arrêter de vivre à fond chaque secondes pour prendre plus de temps - bien que n'étant pas prêt à le faire au quotidien. Il fredonna quelque notes, tout bas, comme pour ne pas casser le charme de l'instant et pénétra dans le somptueux château digne de contes de fée - et c'était peu dire. Il connaissait à présent chaque petits détails de l'endroit royal, de chaque coutures des rideaux de soies pendant aux immenses vitres, jusqu'à chaque gouttes de cire coulant le long des bougies du lustres. Lorsque ses yeux se posèrent sur le grand coffre de bois sculpté qu'il s'avait contenir de nombreux déguisements en tout genre et costumes de vies passées, il poussa un ricanement et prit la décision - stupide mais intéressante à ses yeux - d'en enfiler un. Il choisit avec soins l'exact représentation de son costume d'ancien maître d'hotel. C'était la toute première fois qu'il s'autorisait cet instant de faiblesse enfantine et en s'admirant dans le grand miroir resplendissant, il poussa un petit glapissement de surprise. Certes, il se trouvait pas mal du tout vêtu de la sorte, mais il avait l'habitude, et ce n'était pas ce qui avait provoqué l'immobilisation de chaque membre de son corps. Dans le coin de son œil, juste au dessus de son épaule se tenait un homme. Le doute n'avait plus sa place dans l'esprit du jeune homme, il se retourna d'un unique mouvement et ouvrit de grand yeux, un sourire naissant sur son visage : "Maître...?"