« Reste ensemble toujours !

-Oui on restera ensemble pour toujours !

-Promets !

-Je te le promets ! »


Ses lèvres chaudes et humides se pausèrent sur les miennes et scella cette promesse d’un baiser. Ma vie était parfaite. Même si je me retrouvais loin de toute civilisation à présent, je me sentais chez moi pour la première fois de ma vie. Le confort et la popularité ne sont que des choses futiles quand tu as trouvé celui qui t’es destiné. Celui pour lequel tu respires désormais, celui qui est devenu ton nouveau centre de gravité. Plus rien n’a d’importance à côté de ça. Plus rien.

Mes yeux s’ouvrirent sous la luminosité du soleil qui s’infiltrait à travers le feuillage. Je posai ma main à l’endroit où était supposé être Tarzan, mais il n’était plus là. Ce n’est pas vrai, il était encore allé faire les 400 coups avec Tok et Tantor. Me levant furibonde, je décidais de le ramener de grès ou de force au lit pour qu’on puisse profiter de notre matinée à languir sous les couvertures comme le couple amoureux que nous étions. M’étirant pour attraper la liane qui se trouvait un peu plus haut – je lui avais pourtant dit de la rapprocher – je m’élançai vers la branche descendante qui me mènerait pile à leurs endroits fétiche pour faire des bêtises. Surfant sur celle-ci comme il me l’avait appris j’en vins à les apercevoir qui se marraient comme des baleines. « Mon ami tu vas morfler ! » Mais en atterrissant, tout était différent.


Un gigantesque immeuble me faisait face, tandis que je me tenais dans une ruelle mal éclairée. Dans la panique, je m’échappai de cet endroit et me rendu sur la chaussé à errer tout en me posant mille et une questions. Qu’est-ce que je faisais là ? Ou étais-je ? Qui étais-je ? Je tentais vainement de me rappeler ce que je faisais l’instant d’avant, mais rien ne me venait. C’était le trou noir. J’aurais peut-être dû rester là où j’avais atterri, car si j'y étais ce n'était surement pas par hasard. Mais j’avais tellement marché que je me retrouvais maintenant incapable de revenir à mon point de départ. Dans un mouvement presque instinctif je me mise à mettre ma main autour de mon cou, rentrant en contact avec un pendentif, je me mise à le lire : Jane Emika Porter. C’était donc mon prénom. Mais à quoi ça m’avançait de le savoir, j’étais seule et perdue. Je ne me rappelais  de rien et je ne savais pas où j’étais ni où aller. Tandis que mes yeux s’humectèrent, je les essuyai avant que des larmes ne se forment. Il fallait que je me ressaisisses, ce n’était pas en me lamentant sur mon sort que les choses allaient s’arranger. Me levant je fis quelques kilomètres de plus avant de tomber sur des sans-abris, ce que je devais être désormais également. Je me mis à dormir à leurs côtés, je leurs racontèrent ce qui m’était arrivé et ils me conseillèrent  d’aller voir la mairie; qu’il y avait surement quelqu’un qui devait chercher après moi. J’appris là-bas, qu’aucune Jane Emika Porter n’avait jamais était recensé. Mais qu’étais-je donc ?  Ils proposèrent tout de même de m’aider en me fournissant un logement que je partageais avec plusieurs autres personnes dans le besoin.  


J’apprivoisais ce nouveau monde petit à petit. Mais toutes les nuits ce fut la même rengaines : le même paysage, les mêmes animaux, le même inconnu dont je n’arrivais pas  capter le facies. Ça me rendait folle, si bien que je finis par évacuer cette frustration dans mon carnet, en dessinant tous les épisodes que je vivais à travers mes songes.  Ma situation était stable, mais il fallait que je trouve du travail, ils n’allaient tout de même pas me nourrir et me loger jusqu’à la fin de mes jours. Je me mis donc en recherche active d’un job, dans mon périple, je tombai nez à nez avec un skateur. Ces mouvements rapides et élancés me poussèrent à le suivre. Courant comme si ma vie en dépendait, je me retrouvais haletante devant un skate-parc. Sans me poser plus de questions, j’empruntai une de leurs planches situées plus loin. Bizarrement même si je ne me rappelais rien de ma vie d’avant, je possédais quelques savoirs  ancrés, car même quand le coeur oublie, le corps se souvient.  À ma descente, une foule vint me féliciter apparemment, ce que je venais de faire était pas mal. Ils m’acceptèrent dans leur groupe et un des garçons me trouva une place en tant que serveuse dans un bar. L’entente de mon prénom m’était devenue insupportable, il me serait le cœur,  si bien que je me fis surnommer Mika.  Le groupe me proposa un joint un jour, ce que je refusai catégoriquement. Mais au fil du temps, de mon conditionnement, de l’acceptation que ces scénettes sortaient probablement de mon imagination, je me laissai tenter. Ce qui accentua ce monde rêvé pour mon plus grand plaisir…