«
Tu dois aller à sa rencontre. » Il haussa les épaules. «
Tu DOIS y aller, serais-tu devenu assez insolent pour ne pas m'écouter ? » Il courba le dos, ressentant au fond de lui un profond sentiment de honte. «
Tu dois lui faire payer pour ce qu'elle t'a fait. La détruire comme tu aurais du le faire quand tu en as eu l'occasion. Tu sais tout d'elle aujourd'hui, détruit là. » Redressant la tête, un sourire crispé vint fendre son visage d'ordinaire si dur. Il avait raison. Comme toujours. Il se demandait souvent comment faisait ces miséreux qui n'avait pas la chance qu'il avait d'être en connexion permanente avec Dieu pour agir correctement. Quand il était perdu, indécis, il savait que le Tout Puissant aller le guider, lui donner la bonne solution. Il était sur en écoutant ses paroles de ne jamais se tromper. «
Vous avez raison, comme d'habitude. Pardonnez ma lâcheté d'homme, parfois je n'arrive pas à la contrôler. Mais je ne me laisserais plus faire par cette sorcière. » Revitalisé il se leva d'un bond de son canapé. Attrapant en vitesse ses affaires, enfilant son manteau tout en continuant de dialoguer avec son Père. «
Elle doit payer pour ses pêchers, le monde n'a pas à subir sa fourberie et son insolence. » Il attrapa ses clés, posa la main sur la poignée, la tourna et s'arrêta un instant avant de l'ouvrir. «
Je dois la détruire. »
Il marcha dans les rues d'un pas vif. Il savait où elle était, il savait tout. Il avait fait en sorte de tout connaitre de sa vie. Ca n'avait rien à voir avec elle, il faisait ça avec un peu près tout le monde. Il aimait tout savoir, tout contrôler. Et, dans ce monde, la tâche était des plus aisée. Il lui suffisait d'engager et de rémunérer grassement les meilleurs détectives privés, de s'acheter les services des plus grands "méchants" de cette ville pour avoir ce qu'il désirait. Il était juge, il avait la main basse sur toute la justice et ne s'en privait pas. Il l'avait retrouvée depuis quelques semaines déjà mais jamais encore il ne s'était risqué à aller la voir. Elle ne lui faisait pas peur, il ne craignait jamais rien, mais il voulait être prêt quand il se retrouverait en face d'elle. Prêt à se venger, prêt à lui faire payer. Pourtant aujourd'hui, alors qu'il se dirigeait d'un pas décidé vers le studio de danse, il n'était encore pas tout à fait sur de la réaction qu'il allait avoir en face d'elle. «
Ne la laisse pas t'ensorceler. »
Il est arrivé. Et elle est là. Comme prévu. La musique assourdissante qu'elle utilise l'empêche de réfléchir. Il la regarde comme fasciné enchainer avec grâce les mouvements. Son corps ondulant comme un serpent, vil tentateur, elle semble ne pas l'avoir remarqué. Il est immobile mais ses yeux la fixe sans arrêt. Il sent son corps brûler de l'intérieur, comme un souvenir de la dernière fois qu'il la vu, lorsqu'elle l'a précipité dans les flammes. La rage, la passion, la haine, la fascination s'emparent de lui, comme jadis. Et puis elle s'arrête, elle croise son regard et il décèle dans ses yeux la peur mais aussi la curiosité. Il ne doute pas qu'elle l'ai reconnu en un instant. Il ne croit pas à ces foutaises que racontent certains comme quoi ils auraient oublié leur passé ou ne reconnaitraient pas ceux qui ont partagé leur vie. Personne n'oublie un regard. Et celui de cette diablesse la hanté pendant si longtemps qu'il le reconnaitrait entre mille. «
Ne la laisse pas t'avoir. »
Elle hésite face à lui. Elle avance, elle recule. Ce malaise qu'il crée le rend heureux l'espace d'une seconde. Il semblerait qu'elle n'est pas oublié de quoi il était capable. «
Je peux vous aider monsieur ? » Sa voix le percute comme un train. La même que dans ses souvenirs. Il grince des dents. La regarde se dandiner nerveusement, avançant, reculant. Il l'observe, la détail de la tête au pied, s'arrêtant sur chaque détail de son anatomie de tentatrice. «
Vous cherchez quelqu’un ? » Il tente un sourire pour se fondre dans la masse du peuple, mais son visage aurait pu tout aussi bien exprimer la douleur par la même expression. «
Je te cherche toi. » Il n'insiste pas sur un prénom. Il a cru comprendre qu'aujourd'hui elle tentait d'oublier celle qu'elle était. Il avait envisagé de rentrer dans son jeu pour se rapprocher d'elle. «
Jazlyn c'est ça ? » Ce nom lui écorcha la bouche. Il aurait préféré la traiter immédiatement de sorcière ou au moins utilisé son vrai prénom de gitane. Mais elle l'aurait rejeter. Or, il voulait se rapprocher d'elle. Il voulait obtenir d'elle ce qu'il n'avait jamais pu avoir par le passé. «
Tu dois jouer le jeu Gabriel, tu dois la manipuler comme elle l'a fait. » Il soupira, leva les yeux au ciel et lâcha dans un souffle. «
Je sais. » Par moment, quand il était sur les nerfs, les conseils de Dieu le perturbait plus qu'autre chose. Il aurait voulu pouvoir décider de leur venu. Mais on ne négocie pas avec le Tout Puissant. Aussi très vite il reporta son attention sur la gitane. «
On m'a dit que tu étais la meilleure danseuse de cette ville. » Il s'en fichait royalement, mais il tenta de s'intéresser. Il avait préparé cette rencontre depuis si longtemps, il ne pouvait pas tout gâcher. Pas maintenant.
electric bird.