Croire que l'on connaît le prince Henri est une idiotie, personne ne le peut. On ne me connaît que grâce à mon idylle avec la belle Cendrillon, mais la réalité est toute autre, voir plus sombre, plus abîmée par les crimes et le sang qui ont maculé mon existence. On n'en sait que trop peu sur ma vie et ce n'est pas à tord. On pense tous que je n'étais que le beau garçon qui n'était présent dans le conte simplement pour épouser la future princesse, mais au contraire. Je suis bien plus que cela et tous ceux qui disent le contraire ne savent pas vraiment qui je suis. Vous désirez en savoir plus ? Je m'en doutais, préparez-vous cependant, ce n'est pas joli à entendre.

La vie n'a jamais été joyeuse avec moi, mon père le roi a perdu sa femme alors qu'elle venait de me mettre au monde. Perdu au sens propre du terme, on ne l'a pas retrouvé, on ne sait pas où elle a bien pu disparaître, mais le fait est que ma mère était toujours en vie, ou peut-être qu'elle l'est toujours, qu'en sais-je. Grandir simplement avec son père qui ne pensait qu'au fait que je serais un jour amené à le remplacer n'a pas été chose aisée. Je n'ai pas su trouver l'équilibre nécessaire au développement normal d'un enfant. J'ai plutôt été forcé de m'instruire comme un prince, c'est à dire études en diplomaties, en économie et surtout l'art du maniement de la lame et le chevauchement d'un beau destrier. Que de conneries tout cela. Désolé du mot, mais je le pense sincèrement. Mon adolescence s'est passé dans une énorme solitude, j'étais seul, ou du moins je me plaisais à être seul, je ne voulais pas me mêler aux autres et surtout je ne voulais pas céder aux caprices de mon père. Lui qui désirait ardemment que je sois un bon prince et que j'épouse une princesse riche pour apporter prospérité au royaume. Moi je voulais trouver la bonne femme, celle que j'aimerai réellement et je l'ai trouvé au final, mais ceci vous le savez déjà je me trompe ? Ce que vous ne savez pas, c'est le milieu de mon histoire, la partie que personne ne raconte car sombre et juchée de désastres que j'ai causé moi-même.

La violence, la tuerie, le sang, voilà ce qui a été mon quotidien pendant quatre années. Le jour de mes dix-huit ans a été la signature de la décadence, je suis parti du royaume, à la recherche de ma mère. J'ai parcourus de nombreux territoires dans le but de la trouver, j'ai tué les créatures qui se mettaient en travers de ma route et j'ai souvent oscillé entre le bien et le mal, mais je n'ai jamais sombré. Je ne vais pas dire que ce que j'ai fais est bien, mais pour moi, tout cela était fait dans le but unique de retrouver celle qui m'a donné la vie. J'ai interrogé bon nombre de personnes, elles me disaient ce qu'elles savaient, ce qui revenait quasiment à rien en réalité, mais je n'ai jamais perdu espoir de la retrouver un jour ou l'autre. La pire des choses que j'ai pu faire durant ces deux années, c'est de tuer cette femme, une pauvresse qui m'avait menti, elle pensait que la personne qu'elle m'avait indiqué était ma mère, mais elle s'était trompée, et de colère, je lui ai tranché la gorge de mon épée. Je n'aurais pas dû et sa mort me hante toujours. C'est la seule personne vivante que j'ai assassiné de sang froid, et jamais je ne recommencerai, je me le suis promis à la seconde même où elle a rendu son dernier souffle.

Maintenant vous savez ce que j'ai fais pendant ces quatre ans, celles qui précédent ma rencontre avec Cendrillon. Ai-je retrouvé ma mère ? Non, jamais. La plupart des gens pensent qu'elle est morte. J'ai finis par y croire. Tant de recherches, tant de sang sur les mains pour rien au final. Alors oui, pour moi elle est morte. Mais vient mon grand retour dans le royaume qui m'a vu grandir, mon père a organisé une grande fête en mon honneur pour que je trouve la femme de ma vie. Je lui en ai voulu, mais il m'a certifié que si je refusais d'y participer, il dévoilerait à tout le royaume ce que j'ai fais pendant quatre ans, toutes les morts que j'ai causé. J'ai abdiqué, je n'ai peut-être pas beaucoup de considération pour le pouvoir, mais jamais je ne veux être traité comme un monstre, ce que j'ai pourtant faillis devenir. J'appréhendais cette fameuse soirée, mais finalement… une apparition fantastique m'a été faite. Une jolie jeune femme blonde que je n'avais pourtant jamais vu, vêtue d'une somptueuse robe bleue et de pantoufles de verre. Je lui ai demandé de m'accorder une danse et tout s'est enchaîné bien trop vite, une balade romantique dans les jardins du palais puis un baiser. Cette promesse de la retrouver, car aussitôt après, elle s'est enfuie quand les douze coups de minuit ont retentis, je n'ai pu retrouver qu'une de ses pantoufles. Cette promesse je l'ai tenu, j'ai fais tout mon possible pour retrouver celle qui saurait les chausser et j'ai finalement réussis. Puis vint le mariage et la vie de couple. Je n'aurais jamais cru que tout cela puisse être si beau et si fort, mais c'était le cas et nous avons vécu une vie parfaite, heureuse et tout ce qu'il faut. Puis une année est passée et le peuple désirait plus que tout d'avoir un héritier au trône. Puis nous le voulions Cendrillon et moi, mais en vain. Elle a fait une fausse couche directement, ce qui n'a pas aidé à notre moral, j'ai sentis quelque chose en moi se briser, une fêlure que rien ne pouvait guérir.

C'est là que la malédiction a eu lieu, ravageant tout ce que j'avais pu construire. C'était synonyme d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie. Et c'est ce qui s'est passé. Nous avons débarqué à Fantasia Hills. Oui nous. Tous les personnages des contes que vous connaissez sont là, parmi vous, ceux qui étaient des animaux et des objets symboliques ont été changés en humains et nous voilà ici, fier et fringants. Tout le monde a trouvé sa place dans la ville, tout le monde sait quoi faire pour se rendre utile. Pour ma part, j'ai toujours voulu avoir cet enfant, et comme je n'ai pas pu l'avoir la première fois, Cendrillon et moi-même avons à nouveau essayé. Une nouvelle fois en vain, nous sommes allés consulter un médecin qui nous a dit que tout cela n'était dû qu'au stress de mon épouse qui de ce fait faisaient des fausses couches. Nouvelle fêlure, et cette fois-ci, je ne me suis pas relevé. Je suis donc partis de mon côté pour essayer d'oublier, j'ai quitté Cendrillon, hé oui. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ne s'applique pas pour nous. Depuis, je vis seul avec mon métier d'instituteur à l'école de la ville. Je bois également, j'oublie les problèmes de ma vie avec l'alcool, ce n'est pas recommandable, je sais, mais c'est ce qui me permet de me sentir un peu plus vivant.