Je me suis toujours dit que, dans la vie, tout arrive pour une raison. Ce n'est pas une question de destin ni de fatalité, c'est juste que rien n'arrive juste pour que ça arrive. Il y a une raison pour tout, rien ne se passe pour rien. Quand je me suis réveillé un matin dans un fossé sans aucun vêtement et sans aucun souvenir, avec en bonus un mal de tête atroce, j'ai essayé de me persuader qu'il y avait bien une raison à cet étrange événement. Bon, j'avoue que je ne l'ai toujours pas trouvée, mais je sais qu'il y en a une. On ne peut pas se réveiller un pauvre paumé à poil et amnésique dans un fossé juste pour le plaisir d'avoir un traumatisme de plus dans sa vie. Parce que ce genre d'expérience, c'est plutôt traumatisant. Alors, si ça aurait été ça, alors j'aurais un peu du mal à comprendre cette logique.

J'ai essayé de me renseigner un peu partout pour voir s'il y avait une trace de ma vie avant mon amnésie totale quelque part, mais ce fut sans succès. Aucune trace, à croire que je n'existais pas avant. J'ai terminé par abandonner, devinant facilement que je ne trouverais jamais rien sur moi. Une nouvelle vie commençait donc pour moi, puisque je ne pouvais apparemment pas récupérer l'ancienne à cause de ces barrières que ma mémoire m'imposait.

Je n'avais pas de quoi me plaindre de ma nouvelle vie : je faisais actuellement de bonnes études dans lesquelles je m'en sortais plutôt bien, un endroit où dormir, quelques amis, un groupe de musique – nommé Stupid Yellow Stuff, avec Dave et Alfie – et Agnès.

Agnès ? Disons que c'est un ange tombé du ciel. Alors que je faisais une énième connerie, je l'ai rencontré. Je l'avais accidentellement renversée alors que je glissais en caddie dans une pente, mais elle s'en fichait, ça l'avait amusée. Apparemment, ça l'éclatait les expériences de mort imminente. Alors on s'est mis à tout tenter ensemble. Elle était devenue en quelque sorte ma partenaire de crime, ma meilleure amie. Toujours là pour se lancer dans des aventures incroyables. Mais il y a eu une problème en cours de route : j'avais pas prévu de tomber amoureux d'elle.

Dernièrement, j'ai regardé un film animé à la télé. Ca parlait d'un homme, Gru, qui était un méchant – enfin, il aimait le penser, parce qu'il ne l'était pas tant que ça au final – et qui planifiait de voler la Lune. Pour ça, il adopta plusieurs statégies, dont l'adoption de trois petites filles dans un orphelinat. Et ça se terminait bien, comme chaque film pour enfant. Pourtant, en regardant ça, j'avais l'impression de déjà connaître toute l'histoire, de connaître grâce détail comme si j'avais été là-bas. J'avais l'impression d'avoir déjà vu tous les côtés de Gru – sa méchanceté, sa tendresse, son côté paternel naissant pour les filles – avant même que le film ait démarré. Un des rares amis que j'avais m'avait même fait une blague comme quoi j'étais Marcel, le « chien » de Gru. C'était en fait une bête difforme que Gru avait adopté. Mais sans que ce soit dans le film, j'avais l'impression de connaître l'histoire de ce personnage alors qu'il n'y avait aucune précision sur ses origines. Je savais que Gru l'avait trouvé dans la rue alors qu'il était encore un chien parfaitement normal. Mais cet homme n'aimait pas la normalité, alors il avait fait différentes expériences sur lui, donc il était désormais génétiquement modifié. Il avait été méfiant vis-à-vis des filles à leur arrivée, mais elles avaient terminé par gagner sa confiance au fil du temps. J'ignorais totalement comment je savais tout ça, c'était sûrement mon imagination qui me jouait des tours – du moins, j'espérais.