Cher… hm, journal. Je crois que je ne m’y ferais jamais en fait. C’est bizarre d’écrire ça. Peut-être que si je te trouvais un nom ça irait, même si je n’en suis pas sure du tout. Bon, je ne sais pas trop pourquoi je commence à écrire, parce que aujourd’hui c’était une journée plutôt normale et que Jade va pas tarder à rentrer alors si elle me voit avec ça à la main, j’ai pas fini de l’entendre. Mais bon, je vais quand même prendre le risque.

J’ai fais un tour dans le parc aujourd’hui. Il faisait beau et même les oiseaux chantaient. Mais forcément c’est pas pour ça que j’écris. Non en fait, j’ai croisé plein de famille dans le parc. Les enfants jouaient au ballon et se couraient après, pour un jeu dont je n’ai toujours pas compris les règles. Je m’étais assise sur un banc et je les regardais discrètement quand les parents les ont appelés. Sans doute pour manger, parce que je n’ai jamais vu des enfants courir aussi pour rejoindre leurs parents. Alors, je suppose qu’il fallait une bonne raison. Mais en fait, c’est quand j’ai vu les parents que mon humeur a changé. Je me souviens, j’étais tellement heureuse quand j’ai retrouvé mes sœurs. Elles sont tellement importantes pour moi que je me disais qu’à quatre il ne pouvait plus nous arriver grand-chose. Ou alors que quoi qu’il arrive, on serait assez fortes pour le surmonter. J’espère que j’ai raison et en même temps j’ai pas vraiment envie de tester ma théorie. Mais voir ces familles, profiter d’un moment tous ensemble, ça m’a fait songer à la mienne. Peut-être que nous n’étions pas des enfants modèles, mais nous aimions nos parents. Il n’y avait aucun doute là-dessus. Et parfois ils me manquent. Non, vous ne rêvez pas, parfois mes parents me manquent. La façon dont notre mère nous réprimandait parce que nous partions dans tous les sens sans l’attendre. On avait du lui faire un bon nombre de frayeur mais à la fin, ça se terminait toujours bien. Et puis il y avait aussi notre père. Dès qu’il y avait un conflit, il avait cette tendance à nous lancer un regard qui nous fixait sur place pendant que notre mère nous remontait les bretelles. Ils avaient chacun leur rôle et c’est sans doute pour ça que ça marchait si bien. Bien sur, ça ne nous avait jamais empêché de recommencer à faire des bêtises le lendemain. Mais le temps d’une soirée, on restait sage, prêt à faire n’importe quoi pour éloigner l’orage qui menaçait nos sorties des jours à venir. Aucune de nous ne sait où est-ce qu'ils sont. Mais en fait, je ne m'en fais pas trop pour eux. Même s'ils me manquent, je sais qu'ils vont bien, comment est-ce que ça pourrait en être autrement. On parle de mes parents là. Je garde confiance en eux, même si je ne les vois pas tous les jours.

J'entends des pas, sans doute Jade. Tant pis le reste ce sera pour la prochaine fois...