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 Sujet: you can't deal with the pain ▲ busy. Dim 19 Mai - 18:49 | | |
|  Nul doute que la vie des humains était bien plus complexe qu'il n'y paraît. Mais ça, visiblement, je ne l'avais pas compris. Enfin, si. Si, je l'avais compris, mais bien trop tard. Assez pour affronter cela seule, sans la moindre aide, sans le moindre soutien. Je n'avais que trop l'habitude d'affronter les problèmes sans véritable allié à mes côtés. Lors de mon époque canine, j'avais côtoyé la méthode de l'enlèvement bien plus d'une fois. Il faut croire que cela ne m'a jamais suffit. La différence était, qu'à ce moment là, je connaissais les dangers qui me guettaient. Je connaissais le comportement des chiens de rue, je connaissais les employés du chenil, et je connaissais les manières de survivre, voir même, de se subvenir à soi-même. Je demeurais la protégée de Caïd, c'est vrai. Mais tous les clochards savaient pertinemment que j'étais capable de me débrouiller toute seule. Je l'avais déjà fait, déjà prouvé. Vous n'imaginez même pas à quel point. Et puis, un jour, il a débarqué. Et il a balayé d'un coup de patte toutes mes certitudes, tous mes projets, toutes mes résignations. En bien ou en mal ? Je ne savais pas vraiment. Quoi qu'il en soit, j'étais seule désormais. Et lui, il n'était pas là.
Je ne voulais pas lui jeter la pierre. Peut-être n'était-il tout simplement pas de ce monde, peut-être était-il resté véritable chien. Pourtant, je lui en voulais. Je me retrouvais seule, alors que j'avais tout sacrifié pour lui. Ce n'était pas sa faute, et pourtant, mon inconscient ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir de ne pas être là. Était-il simplement vivant ? Humain ou canin, cela n'avait guère d'importance tant qu'il existait encore. Toutes ses pensées se bousculèrent si bien dans ma tête que mon avancée se faisait avec difficulté. Le froid me dévorait. Ma peau, si lisse, n'était pas en capacité de me protéger des aléas climatiques. Je n'avais pas l'habitude, et en aucun cas l'envie de la prendre. Il était temps de redevenir chienne, coûte que coûte. Mais comment ? Si ce changement ne dépendait que de ma volonté, je n'aurais jamais été ici, avec vous. Jamais je n'aurais côtoyé ces hommes, jamais je n'aurais été obligé de fréquenter les personnes qui m'avaient tant méprisé, dans l'ancien monde. Avec le recul, je devais me rendre à l'évidence : les humains étaient encore plus diaboliques qu'entre eux qu'ils ne l'étaient avec les animaux. J'aurais jamais cru que cela soit possible. Les regards malavisés des gens qui m'entouraient me forçaient à les craindre, ces créatures dressés sur leurs deux pattes. Pourtant, je n'y parvenais pas. Dans ce corps semblable aux leurs, je me sentais toute puissante. Mais dans ces moment là, lorsque je marchais dans les rues froides et dangereuses, je comprenais que je ne m'avançais que de trop. Et j'avais raison. |
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