Ah, c'est le moment où je dois vous parler de mon enfance, c'est ça ? Par où commencer ? Hm… Certainement par le fait que je n'ai pas de parents. Ni même de famille, en réalité… Peut-être qu'à ma naissance, je n'étais qu'un petit écureuil repoussant, je ne sais pas. Toujours est-il qu'ils m'ont abandonné. Ils ont quand même eu la décence de me donner un nom : Scratina. Au passage, je trouve qu'ils auraient pu faire un meilleur choix. Sans me vanter, je suis pleine de charme, séduisante, charmante et Scratina, comme prénom, c'est… Tout le contraire. Bref, j'ai donc du grandir seule, dans une forêt qui m'était inconnue. La nuit, il y avait des bruits étranges et pour une petit écureuil comme moi, c'était terrifiant. Tout ce que j'avais pour me réconforter, c'était un gland. J'étais tellement minuscule que ce gland faisait quasiment ma taille. Je me cachais derrière et je priais très fort pour que rien ne m'arrive. Chaque matin, j'avais le chance de me réveiller saine et sauve. Je me réveillais aussi avec une seule certitude : je ne valais rien. Durant toute mon enfance, je n'ai pas vécu. J'ai survécu. J'ai tout fait pour garder la tête haute et ne pas finir dans l'estomac d'une bête sauvage. En grandissant, je me suis également endurcie. J'ai appris à mes dépends que dans la vie, on ne peut compter que sur soi-même. Je cherchais ma nourriture seule, je dormais seule, je me protégeais seule, je me battais seule contre les rapaces qui voulaient me manger toute crue. Dieu merci, j'avais mon gland qui me servait à la fois d'épée et de bouclier ! J'étais une battante, un vrai héros à moi toute seule. Encore mieux que Batman, même. De toute façon, une chauve-souris ne rivalise pas avec un écureuil comme moi. Mon enfance n'a donc rien d'un conte de fée. J'ai failli mourir un nombre incalculable de fois, je n'ai jamais eu de chez-moi, de lieu où je pouvais dormir. Je me promenais d'arbre en arbre, me nourrissant de glands, de graines, de baies, de feuilles, de fleurs et quand j'avais la chance d'en trouver, d'insectes ou de larves. Je n'ai pas connu la facilité, tout a été difficile. Je me suis battue pour survivre et j'y suis parvenue, ayant parfois connu des périodes sombres où je n'avais qu'une envie : me laisser mourir dans la nature.

Quelque année plus tard, je me suis retrouvée dans un tout nouveau monde : celui des dinosaures. Moi qui était déjà petite de nature, j'étais parmi des géants qui rugissaient et autant dire que j'ai réellement eu peur. Vous vous demandez certainement comment j'ai fait pour me retrouver avec les dinosaures, hein ? En réalité, je me promenais parmi les glaciers habituels, protégeant mon gland contre moi. Et puis je suis atterrie dans une sorte de grotte. Elle était d'une taille impressionnante, je dirais même immense. On pouvait y loger au moins trois voire même quatre mammouths les uns sur les autres. C'est pour dire… Avec un peu de chance, on aurait pu y ajouter un paresseux. Ma curiosité m'a poussé à m'aventurer à l'intérieur de cette espèce de grotte et plus je m'enfonçais, plus il faisait sombre. J'ai commencé à trembler de peur. Je serrais de plus en plus fort mon gland, baissant les oreilles. Je n'ai pas cessé d'avancer pour autant, je regardais autour de moi, aux aguets. En cas de danger, j'étais prête à attaquer. J'avais mon gland. Et puis je suis arrivée vers une descente et sans faire attention où je marchais, j'ai glissé, me laissant alors tomber au fond du gouffre. La chute était interminable. Je me tenais fermement à mon gland, hurlant tout ce que je pouvais. Je n'avais plus rien pour me rattraper. Je ne pouvais que me laisser glisser le long de la glace, finissant par atterrir sur le sol. Celui-ci était chaud et recouvert de terre. Ce n'était plus de la glace ou de la neige. Je me suis mise à tater le terrain, comme une idiote. Totalement apeurée, j'ai aussi eu le réflexe de regarder au dessus de moi. Tout ce que je voyais, c'était un tunnel, celui par lequel j'étais arrivée. J'ai essayé d'y remonter, mais impossible… Je n'avais aucune prise. Après de vaines tentatives, j'ai attrapé mon gland et je me suis aventurer dans ce monde sec et terreux. Là encore, c'était une grotte. Mais différente de la précédente. Bien que tout aussi sombre, il y faisait plus chaud. Gardant les yeux grand ouverts, je me suis avancée prudemment, sans oublier de bien surveiller tout autour de moi le moindre mouvement. Les oreilles tendues, je faisais attention au moindre petit bruit. Tout paraissait calme… C'en était un peu inquiétant. Au bout d'un quart d'heure de marche environ, je vis un point lumineux. Plus j'avançais, plus celui-ci s'agrandissait, laissant finalement apparaître devant moi un monde plein de verdure et très éclairé. J'aurais pu faire demi-tour, mais non. J'étais bien trop intriguée. Les yeux ronds comme des billes, j'ai continué d'avancer vers la lumière et j'ai fini par découvrir ce nouvel univers… Il y avait des dinosaures partout, des oiseaux bizarres qui volaient dans le ciel, des papillons géants… Les différents bruits étaient agréables à entendre. J'ai scruté les moindres coins et recoins avec curiosité, craignant aussi de me faire piétiner par l'une de ces bêtes terrifiantes. Après tout, j'étais comme une fourmi parmi des mammouths ! Et puis avec leurs dents acérées, leurs yeux de reptiles et leur rugissement, j'avais de quoi être en panique. Pourtant, je n'ai pas reculé. Au contraire, je me suis mêlée à cet univers, à ce nouveau monde, trouvant un arbre à mon goût. Je m'y suis installée le jour-même, fabriquant mon propre petit nid douillet. Certes, ces bestioles étaient énormes ! En attendant, je paraissait tellement microscopique à leur yeux qu'au final, ce monde-là semblait moins dangereux pour moi. Au fur et à mesure que les jours passaient, j'ai trouvé mes marques, mes nouveaux repères. J'étais dans mon élément, à l'aise et tranquille. A quoi bon vouloir retourner dans l'ère glacière, si le temps des dinosaures me correspondait mieux ?

Je pensais être la seule de mon espèce à vivre parmi les dinosaures et puis une nouvelle fois, mon quotidien s'est retrouvé bouleversé. Je ne sais pas comment s'est arrivé, mais un autre écureuil a débarqué dans mon monde. Il portait le nom de Scrat. A croire que nos parents n'avaient aucune imagination… Ce petit écureuil insignifiant a voulu me voler MON gland ! Tututut ! Moi, Scratina, je me suis jurée de ne pas me laisser faire. En grandissant, j'ai eu l'avantage de devenir une femelle tout à fait séduisante, avec de très bons atouts. Mes yeux étaient envoutant, ma démarche était gracieuse et je balançais ma queue en panache avec élégance. Lorsque je l'ai vu tenter de s'emparer de mon précieux, je me suis pointée devant lui et j'ai usé de mon charme. Je me suis déhanchée, telle une danseuse, tout en battant des cils. J'ai cru que cela suffirait et j'étais à deux doigts de gagner. Le problème, c'est que cette bête de poil était aussi têtu que moi. Les glands sont sacrés ! Il n'a pas cédé, j'ai donc tenté la manière forte. Grâce à mon excellent jeu d'actrice et mon talent de manipulatrice, j'ai joué le rôle de la pauvre jeune femelle sans défense, au bord des larmes. Il a fini par lever le drapeau blanc et j'ai remporté le combat haut la main. Il faut dire que je suis canon, dans mon genre. Impossible pour lui de me résister… Seulement voilà, le combat ne s'est pas arrêté là. Scrat y tenait, à son sacré gland ! Une lutte acharnée s'est donc engagée, nous opposant l'un à l'autre. Je pensais pouvoir gagner facilement en abusant de mon charme et puis, j'étais une femelle ! Je me suis dit que peut-être, il pourrait avoir une once d'amabilité et compatir pour moi. Ce ne fut pas le cas et je suis vite retrouvée face à un adversaire de taille. Il n'a pas non plus hésité à me jeter dans le ravin, une fois. Bon, j'ai bien entendu plus d'un tour dans mon sac. Une nouvelle fois, j'ai montré mon talent d'actrice en simulant la pauvre petite femelle écureuil paniquée, Scrat a sauté et moi, j'en ai profité pour m'emparer du gland, tout en déployant mes bras pour pouvoir remonter dans les airs. Scrat n'a jamais pu m'imiter et je crois qu'il a dû s'écraser sur le sol, je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, j'avais mon gland. Nous nous sommes retrouvés confrontés de nombreuses fois et autant dire que tous les coups étaient permis. Jusqu'au jour où j'ai failli mourir… Une fois de plus, nous nous sommes retrouvés en plein combat, près d'un volcan. Je ne me souviens plus des détails… Tout ce que je sais, c'est que notre bataille aurait pu très mal se terminer. Je me suis retrouvée dans un état d'inconscience et à mon réveil, j'étais dans les bras de Scrat. J'ai regardé autour de moi, sans pouvoir apercevoir le gland. Scrat venait de me sauver la vie et c'est à partir de là que notre histoire a commencé. Tout a changé… Le gland n'était plus le centre d'attention. Je crois que j'étais amoureuse de Scrat. Vraiment ! Il était romantique, doux, attentionné, et il m'offrait des baies de temps à autre. Nous vivions une vraie histoire d'amour. Alors nous avons fini par emménager ensemble. Mon tronc d'arbre était bien assez grand pour deux ! Je ne cache pas que je lui ai mené la vie dure … Mais c'était un mâle ! Il fallait bien que je le dompte, non ? Et puis il était censé m'aimer telle que j'étais, avec mes qualités et mes défauts. Même si j'étais chiante, emmerdante, capricieuse, exigeante, parfois manipulatrice, un poil menteuse, j'étais charmante, pas vrai ? Mais oui, j'étais charmante ! Sauf qu'un jour, Scrat est parti. Il a trouvé un gland et a préféré m'abandonner, me laissant seule. Je l'aimais vraiment ! C'était la première fois que j'étais amoureuse. Scratina, amoureuse… Vous imaginez ? Scrat m'a brisé le cœur. En plus, le canapé était extrêmement lourd, je ne pouvais pas le déplacer toute seule ! C'était prendre le risque de transpirer ou de me casser un ongle. L'horreur ! Alors du coup, je l'ai laissé en plein milieu de mon nid. Depuis le jour où Scrat m'a quitté, je ne me suis plus jamais laissée marcher sur les pieds. Scratina bitch is back, les enfants !

Mon arrivée dans le monde humain s'est faite dans la plus grande des douceurs. Je me souviens m'être endormie dans mon lit et lorsque je me suis réveillée, j'étais dans les bras d'un inconnu. Mes yeux se sont rivés sur son visage et… Wow. Je me souviendrais toujours de ce visage… Des lèvres parfaites, des yeux d'un vert émeraude envoutant… Les bras dans lesquels j'étais, paraissaient aussi très musclés. Le temps de quelques secondes, j'ai cru que j'étais morte et au paradis. Jusqu'à ce que je réalise que celui qui me transportait était un humain. « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! » L'homme en question m'a brusquement lâché sur le sol et moi, j'ai cherché à fuir. Sauf que, SURPRISE ! J'étais moi aussi devenue humaine. Je ne savais pas me servir de mes jambes. Mes mains me faisaient peur et surtout, j'étais nue comme un ver. Le seul vêtement que je portais était une veste. « Mais… Mais… Pourquoi ? Je… » L'homme m'a dévisagé, me tendant alors sa main. « Désolé… Tu… Tu m'as fait peur. Je suis Jim. » Mon visage se releva vers lui. Qu'étais-je supposée faire ? L'ignorer ? Certainement pas ! Il était bien trop séduisant pour être ignoré. Doucement et prudemment, j'ai glissé ma main dans la sienne. Il m'a aidé à me relever et une fois face à lui, j'ai pris le temps de m'examiner. Très bien… Je n'avais plus de poil, à part sur la tête. Je disposais de deux longues jambes, très jolies et très fines. J'avais également deux bras, avec au bout de chaque, des mains composées de cinq doigts. J'étais fascinée. Sous l’œil attentif de Jim, je découvrais mon corps. Par dessous tout, je découvrais deux espèces de gros melons au niveau de mon torse. Sur ces deux obus, j'ai très vite remarque des tétines. A pleine main, je les ai palpé, tâté et malaxé afin de définir ce que c'était exactement. « Hum… Je peux t'aider, si tu veux ? » Tenant toujours fermement ces deux nouveaux objets dans mes mains, j'ai lancé un regard interrogateur à Jim. « C'est quoi ? Des boutons ? C'est grave ? » Il s'est alors moqué de moi, en ricanant sans aucune gêne. Passant une main dans ses cheveux, il posa ensuite ses yeux dessus. « En fait… Non. Ce sont des seins. Et ils sont très beaux, si tu veux mon avis. » Hein ? Des seins ? Je les lâche et pose mes mains sur son torse, essayant de trouver les siens. « Pourquoi t'en as pas ? » Il m'imite, plaçant lui aussi ses mains sur ma poitrine. Je ne sais pas pourquoi, mais soudainement, je me sens toute excitée. « Parce que tu es une femme et moi un homme. » Je plante mon regard dans le sien, gardant mes mains sur son torse. « C'est quoi la différence ? » Il rigole de nouveau, caressant ma poitrine. Je louche dessus ses gestes, appréciant néanmoins ce qu'il me fait. « Disons que… C'est difficile à expliquer. Mais je peux te faire un cours très explicite et ça ne sera que de la pratique. » Je hausse les épaules et hoche la tête. Il retire ses mains de ma poitrine et glisse sa main dans la mienne. Si vous voulez tout savoir, ce cours pratique que Jim m'a donné était le meilleur de toute ma vie… Il m'a expliqué tout un tas de choses, rien qu'avec des gestes. Il m'a fait découvrir ce qu'était la sexualité. Un nouveau mot pour moi, qui me fait vibrer rien que lorsqu'une personne le prononce. Finalement, j'ai très vite senti que ce monde humain allait me plaire !

Débarquer dans le monde des humains, c'est bien. S'y adapter, c'est mieux. Jim m'a aidé à vivre dans ce monde. Nous avons donc cherché un lieu où vivre et bien que les arbres étaient à mon goût, mon corps avait du mal à résister au froid. Il a donc fallu trouvé une autre solution. Tous les deux, nous nous sommes installés dans un appartement. Bon, au bout de deux mois et demi, il a déménagé. Selon lui, j'étais un peu trop fainéante et trop exigeante. On ne change pas une équipe qui gagne ! Au final, je me suis très vite retrouvée toute seule. Il m'a quand même aidé à décrocher un boulot. Je suis désormais fleuriste dans une petite boutique du coin. Je m'y plais beaucoup et j'adore conseillé les gens ! Ah oui… Ici, on ne m'appelle plus Scratina. Mon nom est Peanut Wayne. Encore une fois, il faut remercier Jim. En sachant que dans une autre vie, j'étais un écureuil, il trouvait ça drôle de m'appeler Peanut. Pour le nom de famille, je l'ai choisi personnellement, en référence à Batman. Je trouvais ce nom tellement classe… Tout comme moi ! Voilà tout. En attendant, je découvre sans cesse de nouvelles choses et ça me plait. Je profite de ce nouveau mode de vie, sans pour autant changer la Scratina que je suis au fond de moi. Rendre la vie des gens impossible, les manipuler, abuser de leur gentillesse, être le petit grain de sable qui vient enrayer la machine… J'adore ça ! Allez, vous pouvez l'avouer… Que serait la vie, sans une femme comme moi ? Pas grand chose, hélas !