Il lui mordit la langue et il la sentit tressaillir. Elle eu un mouvement de recul, elle qui lui avait pourtant sauter dessus de son plein grès pour lui arracher un baiser. Elle lui lâcha la langue, lui laissant un goût de sang dans la bouche et s'éloigna, gémissante. Non mais tu es dingue ou quoi ?! Commença-t'elle à geindre, menaçant même de se mettre à pleure au vu de ce nouvel éclat dans ses yeux. Elle avait une épaisse chevelure blonde, presque blanche, qu'elle tressait toujours en une épaisse natte dont s'échappaient des mèches farineuses. Tu es vraiment trop bizarre argua la fille en gardant une main plaquée devant sa bouche. Elle murmurait presque, comme si elle n'osait pas parler. Peut-être que c'était douloureux. Il fronça les sourcils. Franchement, elle en avait du toupet. Excuse-moi, c'est moi la personne bizarre ? Répliqua-t'il, une pointe d'amertume dans la voix. Il ne perdait pas son élégance, malgré la colère montante en lui et perceptible dans sa voix. Elle le dévisageait de ses grands yeux marrons. Oui répondit en levant sa main libre vers le ciel, comme si ça coulait véritablement de sens. Moi je ne surgit pas brusquement pour enfouir ma langue dans la bouche de quelqu'un à qui je n'adresse même pas la parole d'habitude. C'est toi la personne bizarre qui communique de cette façon. Il n'avait rien en commun avec cette fille, ou moins c'était ce qu'il pensait. (Il ne pouvait pas l'affirmer, ne lui ayant jamais réellement adressé la parole jusque-là) Il ne connaissait même pas son prénom par coeur, pourtant elle avait toujours dans son établissement scolaire, ombre silencieuse dans le paysage. Elle n'était même pas jolie, avec son nez couvert de tâches de rousseur et son regard vitreux, son air grimaçant qu'elle arborait en cet instant. Non, elle n'était pas belle et il ne la portait définitivement pas dans son coeur. Mais ce n'est qu'un JEU, James ! Pourquoi faut-il toujours que tu agisses comme ça ? Tu m'as fais mal, je saigne et tu n'as même pas l'air de t'en soucier. Elle secoua la tête, désorientée, ses mots étouffés par sa main. Tu n'as même pas l'air d'être désolé. Il laissa échapper un éclat de rire un peu trop guindé. Je n'ai pas à m'excuser : tu m'as embrassé. Je n'avais rien demandé. Un éclat de joie mauvaise s'alluma dans le regard de la jeune fille de dix-sept ans qui lâcha finalement sa bouche pour se mettre à jouer avec le bout de sa tresse. Et ça ne t'a plus plut ? Non. J'ai vu comment tu me regardes. Tu m'as l'air de confondre fantasme et réalité. Commenta-James, acerbe, un sourire froid figé sur son visage. Il ne se préoccupait pas de ses camarades, il était bien davantage habitué à la présence d'adultes autour de lui. Très peu pour lui la frivolité et le manque d'éducation qui caractérisait son actuelle interlocutrice. Cette dernière semblait heurtée dans son égo. Elle recula d'un pas, tout amusement évacué des traits de son visage. Pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce que je fais ? Tu repousse les autres, tu restes seul, tu t'isoles et tu restes là, bêtement. Tu me fais de la peine. Sans doute que c'était supposé le vexer, mais il n'en était guère plus à sa première altercation de ce type. Pour ce qui est de la pitié, c'est réciproque répliqua James, glacial. La fille fronça les sourcils avant de tourner les talons. Le jeune homme leva les yeux au ciel avec une théâtralité qui ne l'avait jamais quitté. Son regard bleu perçant se détourna et la silhouette longiligne de sa mère se dessina dans son champ de vision. Leurs regards se croisèrent et elle lui fit un signe bref de la main, lui intimant de venir et vite. Visiblement, elle était pressée. James ne se fit pas prier, sachant pertinemment qu'il n'était pas sage de se jouer de la patience de sa génitrice. Le chemin jusqu'à la demeure familiale fut plutôt silencieux et le brun s'abstenu volontiers d'annoncer à sa mère qu'à dix-sept ans, il venait de vivre son premier baiser.

Il paraît que lorsque la vie nous quitte, de nombreuses images s'enchaînent devant nos yeux, fenêtres dont la vie s'échappe en abondance. Des images de choses que l'on aime. En toute logique, du moins selon les dires des autres, (qui ne purent jamais être vérifiés : les personnes en question n'ayant guère eut le temps de venir conter leur expérience avant de partir) James aurait dut voir sa famille, son bateau, ses équipiers, des souvenirs heureux de sa vie. Il a bel et bien vu des tranches de vie, mais elles ne content pas forcément parmi ses plus beaux souvenirs. A vrais dire, il eu le droit d'assister en spectateur a un bref résumé des derniers évènements de sa vie : il revit la jolie Wendy, si douce et crédule, en équilibre dans le vide, tressaillante et effrayée. Elle lui rappelait cette blonde au mauvais caractère lui ayant volté un baiser par le passé, sous une impulsion. Sur l'instant, lorsqu'il avait fait pour la première fois cette comparaison, un sourire brièvement amusé s'était dessiné sur son visage avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu. Lorsqu'il avait eu le droit de revoir cette scène, ce fut sans ce sourire. Il revit Peter, cet espèce d'imbécile avec son sourire rieur, victorieux. Répugnant. Cette vision lui aurait arracher un haut-le-coeur s'il n'avait guère été au bord du gouffre. Il revit cet affreux crocodile et sa main, remplacée par ce crochet, l'un des poisons de son existence et il entendit à nouveau ce tic-tac familier, énervant, irritant. Il éprouva un certain soulagement à retrouver le silence, bien que sa haine vorace à l'égard du garçon qui ne voulait pas grandir ne cessa pas de le dévorer jusqu'à la fin. Si seulement il avait sut... S'il avait put savoir qu'une seconde chance lui serait accorder, sans doute serait-il parti une première fois l'âme plus en paix. Mais James peut-il véritablement espérer trouver la paix ? Rien n'est moins sûr. Peter, ce sale morveux est le responsable de sa perte. A cause de cet odieux gamin, il a perdu tout ce qui comptait, tout ce qui était susceptible de continuer à ensoleiller son élégance en dépit du temps qui passe et qui le mène doucement vers des jours moins heureux, plus sombres... Pour l'heure cependant, l'obscurité est lointaine et James se délecte d'avoir retrouver une place dans la lumière. La lumière, ou du moins ce qui s'en rapproche, c'est ce mystérieux sort, qui a ramené James à la vie. D'abord tout particulièrement sceptique à la vue de ce monde différent, le pirate s'est rapidement distancé de ses préjugés, trop heureux qu'il est de pouvoir respirer à nouveau. Il est de retour et bien décidé à se venger. Son cerveau bouillonne de nouveau et il ne perd pas de temps, c'est le moins qu'on puisse dire. Son dévolu ? Il l'a jeté sur Wendy, la belle de son pire ennemi, ennemi qu'il compte bien attaquer de front quand, selon lui, le moment sera venu. Toujours plus ou moins habilement protégé par la forteresse inébranlable qu'il s'est constitué au fil des années, James laissa sa soif de vengeance guider ses pas. Il a bien eu quelques initiatives cependant et elles ne sont pas toutes liées à la haine qu'il voue à Peter. Ainsi, le pirate à la chevelure ébène est devenu avocat. Il n'a guère le nombre d'années d'études requis, naturellement, mais peu importe. Il ne lui a guère fallu de temps pour élaborer une suite de mensonges précieux et particulièrement bien ficelés aux humains qui voient en lui un homme de confiance et talentueux dans sa profession. Il faut dire qu'il s'est forgé auprès de ces gens qui ne connaissent rien de son passé une réputation dorée : James Hook ne perds jamais le moindre combat et ses batailles sont rondement menées. Son habileté et ce malgré le crochet qui lui sert de mains, fait briller bien des étoiles dans les yeux des gens, quand bien même ce grand gaillard ne se préoccupe guère de l'amour et des avances dont il est l'objet. Volage, n'appartenant à personne si ce n'est à lui même, il a toujours pensé se complaire dans cette solitude, mais rien n'est éternel. Les certitudes ne le restent pas toujours et il se pourrait bien qu'auprès de la douce Wendy, James découvre une source de bonheur accessible, mais qu'il ne soupçonnait pas d'exister jusque-là.