« Merida. Tout ce travail, tout ce temps passé à te préparer, à t’éduquer, à t’offrir ce que ton père et moi n’avons jamais eu. Qu’attends-tu que nous fassions ? – Vous n’avez qu’à dire aux invités, que c’est annulé ! Oh, ils n’en mourront pas, vous êtes la Reine ! Dites aux Seigneurs que la Princesse n’est pas prête pour cela, et qu’il se pourrait fort bien, qu’elle ne le soit… Jamais ! Voilà, ce sera tout ! Bonjour chez vous, nous attendons votre déclaration de guerre demain dans la matinée ! – Je comprends que cela puisse te paraître injuste, j’ai moi-même était très réticente à cette cérémonie à ton âge. Mais on ne peut pas se dérober à l’infini et fuir sa condition. – De quel droit m’empêchez-vous de vivre ma vie ? Je veux ma liberté. – Mais as-tu réfléchi ? Es-tu prête à payer le prix de cette fameuse liberté ? – Ce n’est pas pour vous contrarier, ou vous décevoir… – Est-ce que… Tu pourrais essayer de comprendre… Que tout ce que je fais, je le fais par amour ? – Oui, mais c’est ma vie ! C’est… Je… Je ne suis pas prête. – Je suis certaine, que si tu pouvais ne serait-ce que… – Je suis certaine que vous me comprendriez si seulement vous acceptiez de… – M’écouter. – M’écoutez… Je te promets Angus, que cela ne se produira pas. »Non, ça n’arriverait pas. Merida caressa son cheval et soupira. Sa mère venait de lui annoncer qu’elle devrait se marier, mais… Mais non. Elle était consciente que cela pesait sur elle depuis un moment, que c’était inévitable, seulement c’était trop tôt. Et Merida avait la conviction que cela serait toujours trop tôt. Elle n’était pas faite pour être une princesse, encore moins une Reine. Elle ne ressemblait pas à sa mère, elle n’était pas attentive, artistique ou délicate, elle n’était pas non plus patiente, ou soignée… Bien loin de la perfection et de l’image qu’elle était censée renvoyer en tant que Princesse. Non, Merida était une jeune fille paresseuse et insouciante, qui aimait le risque et la vie !
Enfin,
la vie, quand on la laissait faire.
Une fois de temps en temps, sa mère avait la bonté de lui accorder une journée de grâce, c’est-à-dire une journée sans être sur son dos à lui dire quoi faire ou ne pas faire. En général, c’était de bonnes journées, du matin au soir. Mais aujourd’hui avait été l’exception à la règle, puisqu’en rentrant, malgré les beignets et la joie de son père, Elinor avait trouvé le moyen de tout gâcher en lui parlant de ce mariage, qu’elle comptait éviter par tous les moyens.
Quand l’heure des présentations fut arrivée, Merida avait bien cru ne pas survivre assez longtemps pour avoir l’honneur de rencontrer ses trois prétendants. En effet, sa mère l’avait coincée dans une robe bleue ciel particulièrement affreuse où le corset devait être taillé pour une brindille. Au moins, elle se tiendrait droite, si droite qu’elle avait bien faillit ne pas pouvoir s’asseoir sur son trône. Seulement, une fois dessus, la robe de l’empêcha pas de s’avachir et elle s’autorisa même à sortir une mèche de ses épais cheveux roux, tous compressés dans une espèce de… Chiffon dont Merida avait oublié le nom.
Evidemment, la cérémonie avait dégénérée. Tout d’abord, les trois hommes qui pensaient mériter sa main ne l’intéressaient absolument pas, entre un brun aux longues boucles imbu de lui-même, un grand blond qui ne parlait visiblement pas leur langue et un petit imbécile qui se comportait comme un singe, elle n’était pas gâtée. Puis, tous s’étaient battus, et elle avait sourit face à l’immaturité dont faisait preuve son père, se demandant pourquoi sa mère n’était-elle pas comme lui. Plus lâche, et apte à s’amuser. Merida se dit ensuite que le royaume serait dans une sacrée mauvaise situation si c’était le cas, parce que c’était, bien sur, la Reine qui mit fin au massacre, qui rétablit l’ordre et termina le discours.
–« Comme il est d’usage depuis des temps immémoriaux dans nos chères contrées seul l’enfant premier né de chaque chef de clan pourra prétendre au titre de champion et ainsi, espérer obtenir la main de la Princesse de Dunbroch ! »Pour la première fois depuis qu’elle était assise, Merida avait daigné s’intéresser aux paroles de sa mère, et aux traditions. Elle était l’enfant premier née du clan des Dunbroch. Et elle savait qu’en tant que femme, elle ne régnerait pas en ces terres, mais partirait dans la contrée de son mari. Donc, si elle ne se mariait pas, et qu’eux trouvaient une autre femme, tout le monde était content. Elle avait trois frères, Hamich, Hubert et Harris qui… Un jour espérons-le, pourront gouverner. Elle, si sa mère voulait bien l’en épargner, elle n’était pas tenu au mariage forcé. Mais comme ce n’était visiblement pas dans les intentions de celle-ci, elle se débrouillerait pour s’en extraire elle-même.
Et elle s'était débrouillée. Toujours vêtue de cet affreux compresseur bleu, elle s'était rendue à la compétition de tir à l’arc pour assister aux piètres prestations de ces jeunes princes. Le premier avait tout simplement raté sa cible, le second n'était pas passé loin du centre, mais c'était visiblement quelqu'un qui aimait la perfection. Et le troisième avait eu de la chance. Un peu trop, au goût de la jeune fille.
Et puis il y avait eu un quatrième concurrent. Vêtu d'une capuche et plantant l'étendard des Dunbroch, Merida avait récupéré son arc et comptait se battre pour sa liberté.
« Je suis Merida. Fille et première descendante du seigneur de Dunbroch. C'est pour obtenir ma propre main que j'entends participer à ce tournoi ! »Défiant sa mère du regard, la jeune femme n'avait pas fléchie. Allant jusqu'à déchirer sa robe pour pouvoir tendre correctement son arc, Merida avait tiré dans les trois cibles. Touchant le centre, transperçant la troisième flèche. Elle avait gagné.
Les conséquences n'avaient cependant pas été nulles. En effet, pour le moment, Merida se retrouvait sans fiancé mais la dispute qui suivit avec sa mère fut d'une rare violence. Elle déchira une tapisserie qui les représentait, mère et fille, se tenant par la main et son arc fut brûlé au feu.
Merida s’était enfuie, pleurant dans la crinière d’Angus elle avait traversé la forêt jusqu’au moment où le cheval cambra et qu’elle fut propulsée au sol. Apparemment, l’animal ne voulait pas traverser le cercle formé par de grandes pierres, des menhirs.
Quand elle releva la tête, les yeux encore embués de larmes, elle distingua dans la pénombre de la lumière. Des petites boules bleues semblaient former un chemin. Merida les reconnut, c’était des feux follets.
Elle se souvenait en avoir déjà vu quand elle était toute petite, quand tout était simple, qu’on la laissait gambader dans la terre et tirer à l’arc… La légende disait que ces entités magiques guident ceux qui les trouvent vers leur destin. Souhaitant trouver une solution à ses problèmes, Merida les a suivi jusque dans une boutique de sculpture de bois, tenue par une vieille dame. Cependant, après négociations, il s’est avéré que cette artiste ne manie pas que le bois, mais aussi la magie. Désireuse changer son destin, Merida sort du magasin avec un petit gâteau qu’elle doit faire avaler à sa mère. Action que la jeune fille s’applique à faire, puisqu’en rentrant au château elle arrive à parler avec la Reine et lui donner sa gourmandise.
Mais les effets obtenus n’étaient pas exactement ceux attendus... Elinor n’a pas changé d’avis quand à l’avenir de sa fille, mais elle a changé d'apparence. Elle n'est plus humaine, c'est un ours.
Il leur fallait donc quitter le château, au plus vite, car ces bêtes sont chassées dans tout le Royaume depuis que l’un d’entre eux, surnommé Mor’du a croqué la jambe du Seigneur.
Grâce à l’aide des cadets et la promesse d'un dessert, Merida et sa mère parviennent à quitter la bâtisse et à échapper au massacre.
Les quelques heures passées en dehors du château, à chercher une solution, furent malgré la condition particulière de sa mère, un des plus beaux souvenirs de Merida. Quelques instants ensemble entre mère et fille à rire et profiter l’une de l’autre.
Toutefois, pour éviter que le sort ne devienne permanent, Merida et sa mère devaient retourner au château, réparer « le mal causé par l’orgueil », à savoir la tapisserie déchirée. Ayant gagnée en maturité par cette aventure, Merida pare sa mère face aux Rois et avec un discours digne d’une Reine, elle arrive à calmer les esprits et s’apprête même à accepter son terrible sort de mariée. Mais cette histoire les ayant faite évoluées toutes deux, Elinor l’en empêche et accepte le choix de sa fille qui est d’aimer la personne qu’elle souhaite.
De justesse, Merida parvient à sauver sa mère de la malédiction, et à se sauver de son destin. Si cette histoire lui a bien appris quelque chose, c’est que chacun est maître de son destin à condition d’être brave et déterminé.
***
Aujourd’hui âgée de dix-sept ans, Merida n’a pas beaucoup changé. A une exception près, elle n’est plus à Dunborch. Elle ne sait pas comment, ni pourquoi elle s’est réveillée un matin dans une chambre hors de son château et un pyjama qui n’était pas sien. Aucune trace de ses frères, de son père ou de sa mère dans cet étrange pièce et que penser de l’extérieur de ces murs… La jeune rousse se demande encore où est passée la forêt ! Pourtant, avec le temps, Merida a fini par comprendre qu'elle avait été victime d’un sortilège ! Elle qui ne voulait plus rien avoir à faire avec la magie depuis cette histoire d’ours, elle se retrouvait dans un nouveau monde bien différent de ce dont elle avait l’habitude. Ici, elle n’est plus la Princesse Merida, mais Merida Dunbroch, et dans un sens, ça n’est plus mal. Adieux les obligations royales et bonjour la vie ! Depuis qu’elle est ici, dans une contrée nommée Fantasia Hill, Merida a découvert pleins de choses géniales et elle doit avouer qu’elle se plait. Mais sa tête ne désemplit pas de questions depuis son arrivée, elle reste persuadée que c’est un sort du destin et qu’elle doit accomplir quelque chose pour pouvoir revoir sa famille. Seulement, impossible de trouver quoi alors en attendant, la jeune fille s’applique à vivre du mieux qu’elle le peut, profitant de cette situation loin de la couronne.