ICe monde est étrange. Moderne. Peuplé de téléphones portables, d'ordinateurs. Je préférai encore le papier. Mon travail ne demandait pas beaucoup de choses faites à la maison mais étant perfectionniste, j'aimais me renseigner sur les expositions en cours. En ce moment, tout était sur les mayas. Je connaissais un peu ce peuple pour l'avoir contemplé avant leur chute. Malheureusement, mes savoirs se limitaient comme tout à tout. Je soupirai en passant une main dans mes cheveux pour finalement me remettre au travail. « Internet est magique quand même. » Je ne savais pas tellement me servir de ce truc, enfin on m'avait montré mais c'était magique.

Après quelques heures de travail, je décidai de prendre une pause bien méritée. Pourquoi pas rentrer chez moi un peu ? J'avais bossé toute la nuit et faire la fête me manquait énormément. Je voulais sortir, voir ce monde étrange qui a évolué au fur et à mesure des siècles. J'ai comme l'impression d'avoir été propulsé des siècles en avant. Mais ça va, je savais que je m'y ferai.

Je me mis donc à marcher à une allure rapide car il faisait assez froid pour aller chercher à manger. Je ne voulais pas me heurter à la cuisine de ma colocataire et meilleure amie, Jasmine. Nous nous étions rencontrées alors que je cherchai quelqu'un avec qui vivre et elle aussi pour rapidement tissés des liens. En effet, nous avions chacun perdu l'homme qu'on aimait. Pas mort. Réellement perdu ! Bon je n'avais pas posté des affiches comme si j'avais perdu mon chien, non mais je ne désespérai pas de retrouver mon Balbi. 

Quoiqu'il en soit, je passais prendre de la nourriture chinoise. J'avais envie de manger chinois ce soir et de regarder des films nazes. Je soupirai avant de chercher mes clés pour rentrer à la maison. Nous habitions dans un appartement qui était dans une maison transformée en divers appartements. C'est convivial et je ne voulais pas vivre dans une chambre. Avec mes babioles, j'ai besoin d'espace. Je rentrai alors pour voir que le chat vint nous accueillir. Mon chat. J'adore les animaux, il ne faut pas chercher. « Jasmine ? » Pas de réponses. Sans doute est-elle sortie ? Je me mets alors en tenue décontractée pour sortir la nourriture et la chauffer. Puis, je me servis un verre de vin blanc pour m'asseoir et regarder le courrier en attendant qu'elle arrive.   

Ce monde, l'Ancien Monde mais de quoi est-ce qu'on me parle ? Je préfère donc les laisser parler, faire semblant que je suis dans leur délire, bien qu'ils me fassent mourir de rire. Depuis quand les fées, les princesses, les dragons ou les montres existent-ils ? Je préfère donc les laisser parler, faire semblant que je suis dans leur délire, bien qu'ils me fassent mourir de rire. Les seuls moments où je vois des princesses, ou des animaux qui parlent sont dans mes rêves. O, il m'est déjà arrivé de me voir en princesse, ayant pour animal de compagnie un tigre. Mais au petit matin, tout s'en va pour laisser place à la vraie vie.

Aujourd'hui, je ne bosse pas. J'avais donc pris la liberté de faire la fête la vieille, pendant que ma colocataire et meilleure amie Elena bossée sur je ne sais quoi. Je m'étais mise complètement minable, une amie m'avait même ramené chez moi, vu que je n'en avait pas la force. Ce matin, je m'étais réveillée avec un mal de crâne horrible. J'avais pris une bonne aspirine, puis une bonne douche froide. J'étais complètement morte, et je n'avais pas la foie de bouger de l'appartement. J'ai donc passé la journée dans mon lit, à me remettre de mon mal de tête. Lorsque j'ouvris à nouveau, les yeux, il faisait déjà nuit. Merde, mais qu'elle heure, il est ? Je me motivais à sortir de mon lit, afin de bouger jusqu'au salon. Je ne l'avais pas entendu, mais Elena était déjà là. En arrivant dans la pièce, je vis Elena assise en train de lire le courrier avec un verre à la main. Je crois que je vais vomir !, lâchais-je en appuyant mon dos contre le mûr, la main sur la tête. Tu es là depuis longtemps ?, demandais-je d'une petite voix, essayant de me déplacer jusqu'au frigidaire pour me servir un bon verre d'eau frais.

Une fois mon verre servis, je prit place à côté de ma meilleure amie, posant ma tête sur son épaule tout en fermant mes yeux. Je voulais rejoindre mon lit, mais je sentis cette odeur de Chinois. Tout se mélangea dans ma tête, entre l'envie de vomir à cette odeur et l'envie d'en manger. Je préférais me concentrer sur autre chose, sur les paroles de ma colocataire qui se faisait très bruyante.

Jasmine, c’est ma colocataire, ma meilleure amie, mon tout et j’ai tendance à la surprotéger mais petit problème, elle mène une vie de débauches qui me donne envie de la taper en plein visage. Bon, ok, dans mon pays on avait l’habitude de faire la fête. C’était tous les jours mais étant la reine de mon royaume, je me devais de ne pas boire pour surveiller les débordements et avec la famille Sanchez, il n’y a que ça. Surtout avec Luis. Enfin le plus souvent sa tête. Je regardai alors les factures qui se profilaient devant moi pour les ouvrir les unes derrière les autres. Bon, ça va, le musée paie bien du coup, on peut avoir un bon rythme de vie. Je soupirai alors en sortant la calculatrice de mon sac pour commencer à faire des calculs sur combien me resterait-il à la fin du mois. Je songeai à prendre un animal parce que même si j’avais Jasmine, je me sentais pas mal seule. Surtout quand Balbi n’était pas là. J’allais battre en retraite devant la télévision avec un Cosmo quand je vis ma colocataire arriver avec un teint verdâtre. Elle a encore abusé de la menthe à l’eau. Je lui lance un regard sévère avant de soupirer. « Ma chérie, t’es hideuse. » Bon, d’habitude, je fais dans la dentelle mais pas avec Jasmine, après tout c’est ma meilleure amie. Rencontrée au détour d’une fête, on s’était tout de suite bien entendu. Il faut dire que j’avais pas mal bu cette fois-là mais la seule fois où j’ai abusé de la menthe à l’eau. Paye ta gueule de bois, le lendemain. Je me lève par-dessus le bar pour attraper un verre d’eau et lui tendre. « Bois, ordonnai-je. » Il faut qu’elle s’hydrate, ça ira mieux. J’ai toujours tendance à être maternelle. Surtout autoritaire. « Non, je viens d’arriver. J’ai eu une journée éreintante et en plus… » Je me mords la tête en pensant à ce beau gardien. Il ne me laisse pas indifférente -normal, c’est mon époux et je ne le sais pas encore- et je me sentais coupable en pensant à Balbi. Je savais que je devais refouler cette attirance car j’aimais mon mari mais j’étais troublée tout de même. Alors, j’attendais que Jasmine se remette en buvant une gorgée et qu’elle puisse me donner un précieux conseil… J’étais un peu perdue.

Elena n'est pas que ma colocataire, elle est aussi ma meilleure amie, ma sœur voir carrément ma mère. Oui, ma mère ! Elle me protège comme un petit bébé oiseau, qui est dans son nid. Elle me gronde, me fait la morale aussi, ce qui est plutôt marrant, puis-ce que je n'ai qu'un an de moins qu'elle. Il y a le ying et le yang, le noir et le blanc, Tic et Tac puis il y a Elena et Jasmine. Nous sommes différentes, mais on se complète dans un sens. Elle aime faire la fête comme moi, mais rentre relativement tôt, pendant que je reste jusqu'à la fermeture des portes. Je me levais finalement du lit, regagnant comme je pouvais l'extérieur de la pièce. Je tombais sur Elena, qui semblait avoir le nez dans les papiers, comme toujours. Je me posais non loin d'elle, fermant les yeux à cause du mal de tête. Visiblement, je suis hideuse, ce qui me fait tout de même rire merci, j'essaye un nouveau look. Je m'appuie le dos contre le mûr, une main sur la tête. Aaah voilà son côté mère poule, lorsqu'elle me demande, enfin m'ordonne de boire un verre d'eau, alors que j'essaye de me rendre jusqu'au frigidaire. merci, dis-je en chuchotant tout en venant m'asseoir à côté d'elle. Je bois mon verre d'eau doucement, car plus rien ne veut rentrer, même pas de l'eau. Ma tête sur son épaule, je ferme les yeux, me concentrant sur ses paroles. en plus quoi ?, je lui demande, prenant à nouveau une gorgée de mon verre d'eau. À mon tour de l'écouter, même si honnêtement, je n'en ai pas la force. M'enfin, on allait pouvoir discuter entre amies, elle allait pouvoir me parler de sa journée, ou bien d'autre chose. Ça serait sûrement bien plus intéressant, que ma nuit en boite de toute façon. J'ouvre finalement les yeux, les posants sur Elena, buvant à nouveau une gorgée de mon verre d'eau. Me redressant, je lui dis vas-y, raconte à tata Jasmine ce qui te tracasse. Je lui souris, ou du moins, j'essaye, reposant le verre sur la table.

Je n'aime pas voir Jasmine comme ça. La voir se lever à pas d'heure, ne rien faire de ses journées. Je sais qu'elle contribuait largement au loyer mais lorsque je rentrai du boulot j'attendais mieux que d'une coloc' complètement à l'Ouest. Surtout avec l'homme qui me tourmente en ce moment -le gardien- et qui me faisait penser à mes jeux avec Xibalba. Si mon mari me manque ? C'est un euphémisme. Il me manque tous les jours et bien que j'aime l'insulter de bourrique pestiférée je dois admettre que mon monde me manque aussi. Jasmine ne comprenait rien à tout ça, pour elle, elle est humaine. Je l'observe du coin de l’œil se poser près de moi avant de froncer les sourcils. « Eh beh, je t'ai connu plus en beauté Jas'. » Je range doucement mes papiers avant de lui tendre un verre d'eau. Moi aussi ça m'arrive d'avoir la gueule de bois, un peu trop souvent d'ailleurs mais jamais alors que je suis sur le point de travailler. La veille de boulot, je me retiens et je ne sors que rarement. Mais ce n'est pas comme ça que je vais retrouver Manolo, Maria et les autres. « De rien. » Ma voix se fait cassante malgré moi. Je ne savais pas qui elle était dans une vie antérieure mais vu ses horaires, je pense à une femme bien lotie. Et pas à une paysanne. Elle met sa tête sur mon épaule et je lui caresse doucement les cheveux. « J'ai... Y'a quelqu'un qui m'a tapé dans l'oeil. » J'avoue, je me confesse. Sauf que je suis une femme mariée bon sang. « Je suis une femme mariée bon sang, je ne dois pas regarder les autres hommes. T'aurais connu Xibalba... il était... » Mon poing se fracasse sur la table dans un fracas épouvantable. « Bourrique pestiférée. » Je rage encore. « Et toi, raconte moi tes histoires de coucheries que je rigole un bon coup. »