Un cri de guerre et elle était là. Une naissance si particulière, cœur d’une légende. La légende de la Déesse Athéna. Ce matin-là, les rayons de soleil venaient se poser sur l’herbe verte du bord du lac. Une délicate brise soufflait, tordant légèrement les brindilles, sans les briser. Zeus, Dieu des Dieux se baladait le long de la rive, admirant la beauté du paysage. Tout à coup un mal de tête puissant, violent, vint résonner dans son crâne, l’empêchant de se relever du sol sur lequel il venait de tomber, l’empêchant de ne prononcer ne serait-ce qu’un mot pour appeler son fidèle Hermès. Quelques instants plus tard elle était là, sortant de sa tête, armes au poing et hurlant. Athéna. Née des pensées de Zeus. Athéna, celle qui deviendrait sa fille favorite.

Tristement, la jeune femme vagabondait à travers les nuages cotonneux de l’Olympe. Aujourd’hui elle pensait au passé. Aujourd’hui la mélancolie collait à son âme. Une mélancolie qu’elle ne connaissait que peu, elle la Déesse de la Sagesse et de la Guerre, elle la Déesse toujours pleine d’idées et d’énergie. Une énergie qui l’avait désertée depuis ce matin, sans qu’elle ne sache réellement pourquoi et ce qu’elle avait laissé derrière elle, ce sentiment amer, elle le détestait déjà. Peut-être était-ce cette histoire avec Apollon qui la tracassait ? Elle n’aurait su le dire, mais son cœur pesait lourd, si lourd dans sa poitrine. « L’amour est une maladie. » songea-t-elle. Et pour la première fois, elle se prit à désirer être une simple mortelle. Au moins, ils étaient libres de vivre avec qui il le souhaitait, d’aimer celui que leur cœur choisirait. Elle non. Elle ne pouvait laisser libre cours aux sentiments qui la hantaient. Si les autres l’apprenaient, tout serait si compliqué. Et lui partageait-il seulement ses sentiments ? Un soupir s’échappa de ses lèvres vermeilles, selon Artémis, son amie si chère et jumelle du Dieu du Soleil oui. Son cœur se sera, elle qui n’avait jamais fait l’expérience de telles histoires peinaient à y croire. Et dire que tout avait débuté à la naissance d’Hercule… Ce jour si heureux, ou le fils de Zeus et Héra était né. Ils avaient festoyé, toute la journée, s’extasiant devant ce beau bébé à l’avenir radieux. Athéna était particulièrement émue, elle le considérait déjà comme un petit frère à protéger, même si à l’Olympe, la notion de famille était plutôt étrange. Elle était ainsi avec tous, elle voulait protéger, aider, conseiller, sans cesse. Lui particulièrement maintenant qu’il faisait partie de leur monde. Son regard doux le surveillait, alors que la chouette sur son épaule se mit à hululer à l’arrivée d’Hadès, Dieu des Enfers. Cette fois, son regard se durcit, elle n’appréciait que peu de le voir ici, quand il venait, c’était toujours pour préparer un mauvais coup. Son esprit vif se mit en marche et elle scruta le moindre de ses mouvements, jusqu’à sa disparition. Enfin elle se détendit et reprit part à la fête. C’est là, à cet instant, qu’elle l’avait découvert sous un autre jour. Apollon. Si doux, si gentil, si drôle. Elle lui avait déjà parlé avant oui, mais sans qu’elle ne sache pourquoi, ce jour-là c’était différent. Une flamme était née dans son cœur et depuis elle ne faisait que grandir. Toute la nuit, ils avaient discuté ensemble, assis sur un nuage à échanger sur tout et rien, sur eux, sur leurs vies, sur leurs manières de voir les choses et peu à peu elle avait sombré. Peu à peu elle s’était laissée séduire. Un cri perçant les tira de leur petit coin de paradis. Zeus. Immédiatement elle se précipita vers son père, qu’elle admirait tant et découvrit qu’Hercule avait été enlevé et transformé en mortel. Il ne pouvait plus vivre sur le Mont Olympe. La peine la submergea, tout était sa faute, elle aurait dû veiller après la venue d’Hadès, elle aurait dû le surveiller. Ce soir-là elle se fit une promesse, elle le guiderait qu’il soit dieu ou pas. Et c’est ce qu’elle fit tout au long des années suivantes, tandis qu’il grandissait, sans qu’il ne s’en rende compte, sans que ce ne soit perceptible. Et alors que les jours passaient, elle se laissait aussi aller à un autre sentiment beaucoup plus dévastateur. L’amour. Puis vint le jour où Hercule fit ses preuves. Il terrassa les Titans, qui avaient enfermé tous les dieux, elle comprise, et les libéra. Enfin il allait les rejoindre et une fierté incroyable habitait le cœur de la Déesse, qui le regardait d’un œil ravi. Pourtant, il refusa de rester, il voulait retourner sur Terre pour vivre avec Megara, son amour. Il renonçait au statut de dieu pour l’amour. Le choc s’empara d’elle, l’incompréhension aussi l’espace d’un instant et l’envie. Elle regarda une seconde Apollon, et s’ils faisaient de même ? Mais son sens du devoir prit le dessus, la rappelant à l’ordre. Non elle ne pouvait céder à cette tentation-là, elle devait continuer à veiller sur les mortels, sur Athènes, elle était la Déesse de la Guerre et de la Sagesse et rien ne pouvait la faire abandonner ce rôle qu’elle chérissait. Fin du souvenir. Elle revint à la réalité, à l’instant présent, son cœur pesant un peu plus lourd encore maintenant qu’elle avait repensé à tout cela. Aujourd’hui encore elle se demandait si elle avait pris la bonne décision, sans jamais en avoir parlé à personne, mais son sens de la générosité sans cesse la rappelait à raison. C’est alors qu’elle leva les yeux et aperçu Apollon, face à elle, qui la scrutait. La mélancolie céda sa place à la joie et elle lui adressa un sourire. Oh oui l’amour est une maladie, mais une maladie si douce quand on se retrouve avec l’être aimé. Il était le seul à faire flancher sa sagesse, il était sa faiblesse, et quelle faiblesse ! « Athéna il faut que je te parle. » Murmura-t-il, l’air si sérieux et sûr de lui. Elle hocha la tête prête à l’écouter, fixant ses yeux dans les siens, résistant à l’envie de parcourir les quelques centimètres qui les séparaient pour caresser sa joue. Il ouvrit la bouche et… Un flash blanc les enveloppa. Elle perdit connaissance.

D’un pas assuré, elle marchait sur le parquet ciré, ses longs cheveux blond volant derrière elle. Elle quittait le tribunal pour rentrer chez elle et elle n’avait qu’une hâte, retrouver celui avec qui elle partageait son appartement : Apollon. Ils étaient arrivés dans ce monde ensemble, et depuis, ne s’étaient plus quittés. Athéna et lui s’était rapidement adaptés à la situation, ils n’étaient plus que de simples mortels aujourd’hui. Le même amour se répandait dans le cœur et dans le corps de la jeune femme sans qu’elle ne puisse le contrôler, pourtant, elle ne se dévoilait pas. Elle doutait. Doutait de la réciprocité de ces sentiments. Et par sagesse, elle ne voulait briser la relation unique qui les unissait, il était son tout. Si elle devait se contenter de cela pour le moment, alors elle le ferait, après tout, elle avait ce qu’elle avait désiré… Elle n’était plus déesse, elle pouvait être libre. D’autres problèmes la heurtaient pourtant, et elle n’avait pu se résoudre à abandonner son rôle, celui de protectrice. C’est pourquoi elle avait choisi de devenir avocate, elle avait l’intelligence et les compétences pour. Mais elle ne défendait que les innocents. En cet instant, elle sortait d’ailleurs d’un procès. Un procès où elle avait gagné, comme toujours. Sourire aux lèvres elle salua un collègue et grimpa dans sa voiture pour regagner son lieu de résidence. Ce soir Apollon lui avait promis une soirée exceptionnelle, une soirée qu’ils ne partageraient que tous les deux et son cœur s’emballait à cette pensée. Que pouvait-il bien lui réserver ? Il était plein de surprises, plein de mystères. Des mystères qui éveillaient la curiosité d’Athéna, jamais il n’avait voulu lui révéler ce qu’il était sur le point de lui dire juste avant le sortilège. Juste avant leur arrivée. Mais elle n’abandonnait pas, elle savait qu’un jour il lui dirait la vérité. Se garant au bas de l’immeuble, elle glissa ses longues jambes en dehors de la voiture et grimpa à la hâte les marches. Elle ouvrit la porte de l’appartement et comme autrefois, se retrouve face à face avec Apollon. Immédiatement, un sourire se dessina sur son visage et elle résista à la tentation de caresser son visage.