L'histoire commence au Vème siècle, en Grande-Bretagne. Je vivais en solitaire dans la tour la plus haute d'un château quelconque sous la protection de son Seigneur. Enfin, j'ai l'habitude de dire qu'il ne m'avait accepté que parce qu'il croyait que mes talents lui seraient utiles d'une manière ou d'une autre, et je crois que je l'ai aidé plus qu'il ne m'a jamais protégé. Ce seigneur était petit, trapu, sans charisme aucun, et son fils n'était guère mieux que lui, bien que ce dernier fut plus grand que son géniteur. Sa femme devait être morte, ou peut-être s'était enfuie à l'idée d'une vie avec un homme si désespérant, mais toujours en est-il que je ne l'aie jamais rencontrée. Bref, je vivais le plus écarté d'eux possible, seul avec ma chouette Archimède. Magicien depuis une éternité, j'avais établi refuge dans cette tour qui me faisait office de laboratoire et de pièce à vivre en même temps. Tout ceux qui y avaient mis les pieds disaient d'ailleurs que cela tenait plus du bazar que d'autre chose, instruments loufoques et bouquins ancestraux dispersés dans tous les recoins, mais moi j'aimais mon habitat. Cet impétueux tumulte d'amulettes, d'objets d'astronomie et de glyphes inconnus recelait d'une magie que j'étais le seul à percevoir, et ce sentiment de mysticisme m'emplissait de bonheur.

Vint le jour où je rencontrais Arthur, le dernier rejeton du seigneur. Un jeune garçon tout à fait étonnant, les yeux pétillants de curiosité et de bonté à la fois. Malmené par ses parents, père comme frère, qui ne voyaient en lui que l'écuyer incompétent qu'il était, je décidais de le prendre sous mon aile. Je lui fis découvrir la vie sous la forme d'un poisson traqué par des requins, écureuil bondissant dans les arbre. Archimède, quand à lui, décidai de lui apprendre à voler, ce qui fut stupide. Me querellant avec ce dernier, je décidais de m'exiler. A cause d'un sort que je n'avais jamais tenté et que j'avais visiblement raté, je me retrouvais soudain projeté sur Terre, siècle 21.  


Au début, je crus que j'avais mal prononcé ma formule magique, que je m'étais projeté de moi-même dans le futur, mais je découvrais peu à peu que je n'étais pas le seul à venir d'un autre monde. Je découvrais parmi les humains que je sortais tout droit d'un petit écran gris qui s'allumait de toutes les couleurs parfois, et je me vis à l'intérieur de cet écran à l'occasion. L'adaptation est compliquée. Allez savoir pourquoi, mais je retrouve dans un corps de moitié plus jeune que celui que je possédais dans le château. Mis à part ça, impossible de mettre la main sur Arthur et Archimède. J'ai hésité à racheter une chouette, mais par respect pour mon vieil ami, je n'en fis rien. D'une part, je suis perdu. Je nage dans des eaux aussi troubles qu'inconnues, mais d'un autre côté, ma curiosité est plus affutée que jamais. Chaque journée à son lot de découvertes et d'apprentissage. Il y a toujours quelque chose à faire ici, et cela me fait oublier tout ce qui me tracasse.
Depuis que je suis arrivé, je n'ai pas eu grand contact avec les gens, fidèle à moi-même, et c'est à peu près tout.
L'aventure continue !