La lune est branchée sur un stroboscope

Mike Mouse vs Anastasie Norris

Je rêve encore à elle. C’est toujours la même chose à chaque nuit. Cette fois, je vois sa silhouette qui s’éloigne lentement au loin dans la pénombre de la ruelle. Mon souffle se transforme en buée, mais étrangement, je n’ai pas froid. J’ordonne à mon corps d’avancer plus vite, mais ce dernier avance comme s’il était à contre-courant. Sa silhouette n’est plus qu’une forme noire se dessinant à l’horizon. Je la sens quitter mes songes comme si elle partait en fumée.

J’ai la sensation de réintégrer brutalement mon corps après un voyage ectoplasmique. Le sentiment est relativement désagréable, comme si la vie avait la texture d’une laine piquante sur la peau. J’ouvre les yeux. Cela me prend quelques secondes pour comprendre ou je suis. Je tourne la tête pour découvrir à mes côtés une personne qui n’est pas Primrose.

Anastasie.

Je ne suis pas encore sûr de comprendre comment nous en sommes arrivés là tous les deux. En fait, je ne saurais même pas dire ce que ce «là» peut signifier...

Je me souviens d’une soirée particulièrement arrosée ou nos corps se sont rencontrées au milieu d’une piste de danse dans les tréfonds d’un bar-karaoké. Est-ce véritablement là que les choses ont commencées ? Peut-être. Je vais souvent dans ce bar faire la fête pour noyer mon vide interne. Une sorte de danse triballe ou les indigènes suintes la bière et ou la pleine lune est branché en série avec un stroboscope. Elle aussi fréquente souvent le bar. Je me souviens avoir posé mon regard sur elle à quelques reprises dans des moments ou nos deux corps avaient pieds à terre pendant que le reste de la foule dansante était dans les airs. Quelques rares moments de connections dans ces soirées ou j’ai l’impression d’être sur un rythme musical en décalage.

Ouais, dans le fond, c’est plutôt comme cela que les choses se sont peu à peu installée entre nous. Quelques coups d’œil qui ont fait en sorte que je me suis retrouvé à m’endormir dans ses bras un petit matin. Rien de très romantique. Seulement deux corps éreintés qui décidèrent de prendre du repos un à côté de l’autre.

Je me rapproche de la jeune femme et passe mes bras autours de sa taille. Mon geste est un peu abrupte, mais je me fiche de la réveiller parce qu’à cet instant, je veux gros câlin. Mine de rien, on s’habitue à avoir une personne près de nous. Aujourd’hui, je ne compte plus les occasions ou nous sommes rentrés ensemble après une soirée festive. Ni les nombreux moments de fous rires et de disputes.

Codes par Wild Hunger.

La lune est branchée sur un stroboscope

Mike Mouse vs Anastasie Norris

Je la serre très fort contre moi, pareil à un enfant retrouvant sa mère après une longue absence. Je ferme les yeux et inspire un grand coup pour bien profiter du moment. Je la sens qui commence à remuer dans mes bras. Je rouvre les paupières et mon regard croise le sien. J’adore ça. Ces derniers temps, il n’y a pas de meilleurs réveils que ceux ou je peux me perdre dans la profondeur de ses yeux. J’ai l’impression d’y déceler une lueur éphémère, un peu comme la rosée du matin. J’aime ce moment parce qu’il me donne le sentiment d’être une personne exceptionnelle assistant à un moment rare.

Elle semble contente de me trouver à côté d’elle. Ça me fait du bien, même si ce n’est probablement qu’une illusion. Je détaille la ligne descendant de son front à son menton pendant que sa main rejoint ma joue. Un doux rayon de lumière découpe son profil tout fin. Elle me murmure quelques mots qui terminent d’éveiller mes sens. Bonjour jeune homme, bien dormi ? Je souris paisiblement et attrape sa main avec laquelle je commence à jouer. Le bout de nos doigts devient comme les touches d’un piano invisible. Sans être un murmure, ma voix est basse, comme si l’air était un cristal que je ne voulais pas voir se briser. Avec toi, c’est sûr que oui. Bon, petite phrase facile, mais pas totalement fausse non plus. Même s’il m’arrive encore de me réveiller avec ce sentiment horrible de vide interne, les choses semblent moins violentes depuis qu’elle est là, un peu comme si elle agissait en coussin absorbeur de choc. Et vous Mlle, bien dormie ? Je n’ai malheureusement – ou heureusement ? – aucun souvenir de la nuit, ni de la soirée que nous venons de passer, mais nous portons encore nos vêtements de la veille. Pour sûr, ça signifie que nous avons festoyé, et cela, de manière relativement intense. Je ne sais plus si c’est parce que l’un de nous deux avaient des émotions à saouler ou un besoin intense de brûler un surplus énergie avant de trouver le sommeille.

Tu as fais de beaux rêves ? Je ne sais pas à quel point nos rêves peuvent être révélateur, mais j’aime bien connaître les miens et ceux des autres. Ça me donne l’impression de toucher un peu à notre inconscient…

Codes par Wild Hunger.

La lune est branchée sur un stroboscope

Mike Mouse vs Anastasie Norris

Anastasie se redresse légèrement à l’aide d’un bras. On se regarde en silence pendant que nos mains continuent de pianoter avec légèreté. Je souris. J’adore ces moments d’échange ou nos pensées s’expriment par une autre voie que celle des mots. À cet instant, j’ai l’impression de voir mes émotions quitter ma tête sous forme d’ondes colorées traversant l’air pour aller se ficher dans l’être de la jeune femme. J’ai rêvé de toi… j’espère que tu as au moins rêvé de moi ! J’émets un petit rire moqueur. J’espère que c’était pas un cauchemar, si tu as rêvé de moi ! On échange un petit clin d’œil malicieux et Anastasie dépose un baiser sur ma joue avant de se redresser complètement. Je continue de l’observer de loin, tout en restant allongé. Mon visage est paisible. Je profite du moment autant que je le peux, un peu comme les douches chaudes. Tu te souviens de la nuit dernière ? Je n’ai plus aucun souvenir. Anastasie prend sa tête entre ses mains. Le lendemain de veille lui semble quelque peu difficile. Je pouffe gentiment : Non, vraiment pas ! L’avantage d’être moi, c’est qu’on ne se retrouve jamais avec une gueule de bois. J’ignore pourquoi, mais l’alcool dans le sang m’a toujours garanti un bon sommeille profond et régénérateur, ce qui est nettement mieux que des coups de marteau sur le crâne. Je me lève et me dirige vers la petite armoire au-dessus du lavabo. Pour compenser les toilettes communes, le manoir a pourvu chacune des chambres d’un petit lavabo. Dès que j’ouvre la porte, mes yeux repèrent la boîte d’Advil – les étagères sont bien vides depuis le départ de Primrose.

Je m’assoie sur le bord du lit à proximité d’Anastasie et lui tend un cachet accompagné d’une tasse en plastique remplie d’eau. Ça va aller ? Je pose  une main compatissante dans son dos que je frotte légèrement. Ma voix prend un ton encourageant et enjoué : Tu veux que je te fasse un bon petit déjeuner ?

Codes par Wild Hunger.