Tu l'avais revu hier. Après des mois passés sous silence, il s'était pointé comme si de rien n'était. Tu avais les nerfs. Tu ne voulais pas que ca recommence même si au fond de toi tu savais que c'était un mensonge. Tu voulais que Kyle fasse partie de ta vie, tu ne pouvais pas résister à la tentation, même si c'était mal. T'étais un abruti. Pire que ça même. Tu étais incapable de lui dire non parce que tu étais bien trop dépendant. Tu étais dans la merde mon pauvre. T'allais redevenir le gars incapable de penser par lui même. T'allais être omnibulé par lui, encore et encore. Tu allais rentrer dans son jeu, encore et encore. C'était ta fin. C'était dans cet état d'esprit que tu es arrivé au pub. T'avais besoin de boire un verre pour relâcher un peu la pression que tu te mettais. C'était l'après-midi et tu ne travaillais pas. Si tu avais travaillé, tu n'aurais sans doute pas réfléchis autant à ta situation actuelle. Tu aimais trop ton boulot pour foirer quoi que ce soit, mais voilà. C'était ton jour de congé la poisse! Il avait fallu qu'il revienne dans ta vie le jour avant ton jour de congé. Gr! Ca te mettait les nerfs pour un rien. Tu avais rapidement pris place sur un tabouret et tu avais commencé à boire. La serveuse te payait même des verres et la situation t'amusais. Elle ne savait pas que tu étais gay. Enfin, bisexuel. Tu refusais de dire que tu n'étais attiré que par les hommes car ce n'était pas vrai. La preuve vivante était Anastasie. « Une Tequila, encore. » Encore un verre. Puis encore un. Tu ne savais pas t'arrêter, Shin. Tu le savais et pourtant tu étais venu ici...

Tu ne savais pas depuis combien de temps tu étais là. Une demi heure? Une heure? Plus? Tu avais perdu la notion du temps et la serveuse semblait amusée par la situation. Te faisait elle des avances? Tu étais bien trop dans le flou pour le savoir. Son regard de pimbèche t'insupporta légèrement. Tu te levas maladroitement et renversa le tabouret sans vraiment le faire exprès. Tu t'excusas en bredouillant et tenta de le ramasser, mais tu finis tes fesses à terre. C'était mal barré. La serveuse t'aida à te relever et les gens t'observaient telle une bête de foire. « S'Avez un problème? » T'étais pas beau à voir et voilà que tu commençais à être agressif envers les autres. La serveuse t'accompagna jusqu'à la sortie et tu lui tiras la langue comme un gosse l'aurait fait. T'appuyant contre les mûrs, tu entrepris de rentrer chez toi. Tu ne savais pas comment t'allais y arriver. Tu sortis une paire de lunettes de soleil pour cacher tes petits yeux. Tu essayais de prendre les chemins les plus courts. Tu passas par des ruelles désertes, heureusement vu ton état. Tu finis même par vomir dans l'une de celle-ci. Quelques mètres plus loin, dans cette même ruelle, tu t'étalas de tout ton long. Le sol... Il est froid, il est lisse et doux. Voilà que ton esprit divaguait complètement. C'était aussi confortable que ton lit après tout, pourquoi pas faire un petit somme, ça irait mieux après, non? Et tu relevas un instant la tête, remarqua une silhouette, puis la reposa au sol en fermant les yeux.

Ta tête collée contre le sol, au final tu te sentais plutôt bien là. Malgré le fait que ton foi émette des protestations en continus et que ton estomac faisait des siennes, tu étais bien. Allongé était sans doute la meilleure position pour toi dans ton état actuel. Tu aurais sans doute du mal à te relever seul pendant un petit moment. Etre bourré en pleine après midi. Il n'y avait que toi pour faire ça mon pauvre Shin. T'étais désespéré aujourd'hui. Tu ne touchais que rarement à l'alcool, mais quand tu le faisais, tu ne savais pas t'arrêter. Tu finissais toujours dans un état second, de l'autre côté de la barrière. Ton autre personnalité, celle du garçon irresponsable. Certes, le déclenchement de ton état était clair et net: le retour de Kyle. Cette nouvelle t'avais retourné l'estomac un peu comme l'alcool était en train de le faire en ce moment. Tu n 'étais pas prêt pour ce retour, tu étais loin de l'être. Tu avais fini par laisser tes démons resurgir. Ne jamais toucher à l'alcool. Tu te l'étais promis plus d'une fois, mais dés que tes émotions prenaient le dessus, tu prenais un verre. Puis un autre. Encore un. Tu étais incapable de t'arrêter. Tu n'avais pas une volonté assez forte pour t'en décrocher. Tu entendis une voix, mais tu n'ouvris pas les yeux tout de suite. « C'est qui? » Tu ne l'avais pas reconnu tout de suite, mais la personne semblait te connaître. Tu fis un effort surhumain pour ouvrir les yeux et tu découvris ce visage que tu connaissais bien. Même dans un état second, tu le reconnaitrais toujours.

T'étais mal barré mon pauvre. Merlin. Ton papa adoptif. Sur tous les habitants de cette ville, il avait fallu que ce soit lui qui tombe sur toi dans un état comme celui là. « C'est pas vrai... Manquait plus que ça. » Tu poussas un soupir et referma les yeux. Tu ne voulais pas voir son regard accusateur et pleins de reproches. S'il y avait bien quelqu'un que tu craignais, c'était lui. Tu détestais l'autorité et votre relation avait le don d'être électrique. Tu le considérais comme ton père, cela reflétait parfaitement votre relation. « Fais moi la morale, qu'on en finisse et que je puisse dormir. » Tu n'attendais que cela, continuer à fermer les yeux et te laisser emporter par le sommeil. Tu voulais pouvoir rêver d'une vie meilleure et aussi oublier le retour de Kyle. Pourtant, dans le froid, tu sentis ton corps se mettre à trembler. Toi qui était si bien il y a quelques minutes, ça commençait à se gâter. L'alcool avait un effet à double tranchant. Si tu avais été seul dans cette ruelle jusqu'au lendemain, qui te fais dire que tu serais toujours vivant? Heureusement, papa était là. Pour le meilleur du pire.

Le sol était ton meilleur ami du jour. Même si la fraicheur commençait à t'atteindre, tu te sentais bien allongé de cette manière. La réponse de Merlin te laissa indifférent. A vrai dire, tu n'étais pas vraiment sûr que tu allais retenir la moitié de ce qu'il allait te dire. Tu te dis qu'en fin de compte, il pouvait bien te faire la morale. Tu ne te souviendrais sans doute plus de cela à ton réveil. Cette pensée te fit sourire, comme un idiot inconscient. « Je sais que tu ne laisseras pas passer ça, mais ce n'est pas grave. » Tu avais du mal à parler et tes mots n'étaient pas bien articuler bien que tu faisais un véritable effort pour lui répondre. Tu ouvris légèrement les yeux, mais les referma aussitôt. La lumière était bien trop vive. « Tu ne veux pas éteindre la lumière? Elle me fait mal aux yeux. » Te voilà de nouveau en train de divaguer. Quel genre de garçon lâche et stupide étais tu? Tu serais sans doute en train de rire de la situation si tu avais été à la place de Merlin pour te voir. C'était quand même hilarant que quelqu'un vous demande d'éteindre la lumière alors que c'était le jour et que cette lumière provenait du soleil. Tu n'étais pas à la place de Merlin et tu n'avais pas son esprit discipliné, hélas.

Tu le sentis prendre ton bras et tirer fermement. Tu laissas échapper un petit gémissement ou grognement, on ne savait pas trop à vrai dire. Tu protestais à ta façon. Régler cette affaire à la maison? Mais c'était encore loin non? « C'est trop loin et je veux dormir. » Pourtant, tu étais debout et tu te mis à marcher lentement. Tu avais du mal et tu devais mettre presque tout ton poids sur Merlin. Le pauvre. Si ça continuait, il allait te laisser à la moitié de la route. A peine deux minutes que vous marchiez que tu commenças à agir comme un enfant impatient. « C'est quand qu'on arrive? » C'était sans aucun doute la phrase la plus exaspérante qu'on pouvait entendre de la bouche de quelqu'un. Surtout dans cet état second. Tu poussas un long soupir. La journée risquait d'être longue, à moins que tu ne t'endormes finalement? Le sol te faisait de l'œil... Tes yeux à moitié ouvert, tu luttais aussi contre la lumière que tu trouvais de plus en plus insoutenable.

Tu ne riais pas. Pas du tout. Pourtant, à la remarque de Merlin, tu éclatas de rire. Tu ne pus te retenir. Tu partis dans un rire enfantin, un fou rire comme tu en avais si souvent lorsque tu étais dans cet état là. Dans cet état d'hystérie. Tu ris aux éclats, tel un enfant à qui on fait une blague. Tu n'arrivais pas à contrôler ça. Ta poitrine se soulevait et ton rire illuminait la journée, bien que ce rire n'avait aucune raison et que tu méritais sans aucun doute des claques. Tu finis par te ressaisir tout en continuant d'avancer. « Je vais avoir du mal à être sérieux. » Tu pouffas légèrement. Parler sérieusement. De quoi? Comment pourrais tu dire à Merlin que la raison de ton état était un homme? Merlin te pensait hétéro, comme tout le monde dans cette ville. Toi même, tu refusais d'admettre qu'une part de toi était gay. Tu étais bisexuel et encore. Tu te cherchais. Entre Anastasie et Kyle, ton cœur balançait. Tu ne connais pas l'amour et tu ne crois pas que ce que tu as vécu avec Kyle soit une véritable histoire d'amour. Pourtant, tu tiens à lui. Tu as besoin de lui, tu es dépendant de lui. Est-ce ça l'amour? C'est d'avoir mal en crever quand l'autre est loin de nous? Tu n'en sais rien. Tu n'y connais rien, mon pauvre.

Tu sentais que la situation était mauvaise. Tu sentais le regard limite meurtrier de Merlin sur toi. Tu n'avais pas peur pourtant. Tu ne craignais pas l'autorité. Pas un seul instant. Tu t'élevais toujours comme un rebelle. Brandissant un drapeau pointant du doigt la liberté. « Ca aurait été moins amusant comme après midi. » Parce que oui, tu t'étais amusé comme un fou. La serveuse t'avais fais rire, les gens aussi. Tu t'étais amusé. Tu n'étais pas resté seul et c'était ça qui comptait. Rester seul était devenu quelque chose de nocif pour toi. Pire que nocif même. C'était nuisible. Tu avais besoin de compagnie. « Je noyais ma peine, papa. Je noyais ma peine. » Tristesse. Solitude. Mal être. Toi même tu ne comprenais pas le fond du problème. Tu accéléras un peu la marche, mais tu avais toujours du mal. Pourtant, tu vis rapidement la façade de la maison tant attendue. Tu affichas un léger sourire et pourtant, une petite larme coula sur ta joue. Une seule et unique larme qui prouvait au monde entier quelque chose d'important. Que tu étais perdu et que tu ne savais plus ou tu en étais. Passer du rire aux larmes. C'était sans doute l'effet de l'alcool...

Tu tournais à rien. Tu devenais rien. Pourtant, lorsque tu étais avec Kyle, tu te sentais toi. Tu te sentais entier. T'avais l'impression qu'il était ton centre de gravité et que toute ta vie tournait autour de lui. Dés qu'il partait, tu te sentais vide et abandonné. Tu voulais le revoir. Depuis qu'il était revenu, tu ne l'avais revu qu'une seule fois. Et depuis ce jour là, tu l'avais dans la peau, comme lors de votre première relation. Est-ce que tu allais finir par retournez vivre chez lui? Parce qu'il fallait être clair, t'étais dépendant jusqu'au cou. Tu faisais vraiment le con quand il n'était pas prêt de toi. Tu ne te sentais plus de toi. Bordel; quel dilemme. Il était tout ce qu'il y avait de plus nocif pour toi, mais c'était aussi ton médicament. T'étais perdu. Comment expliquer cela à celui que tu considérais comme ton père? Tu baissas les yeux au sol. « On verra... » Tu ne voulais pas entrer dans le conflit, mais tu ne voulais pas te confier. Tu étais trop saoul pour ça non? Justement... Quand tu buvais trop, tu avais tendance à trop parler, et à dévoiler pleins de choses. Ce n'était pas bon du tout. Amusé. Oui, tu t'étais amusé et tu avais oublié ta peine l'espace d'un instant.

Un banc, quelle bonne idée. Une pause avant l'étape ultime en direction de la maison qui se profilait doucement à l'horizon. Merlin t'y déposas et tu faillis tomber en avant une fois assis, mais tu te rattrapas au bord poussant un léger soupir. Tu te calas contre le dossier et relevas doucement la tête vers le ciel tout en fermant soigneusement tes yeux pour effacer la lumière. On y était. Merlin commença son discours et tu redressas un peu ta tête. Tu ouvris les yeux, malgré le fait que ta tête tournait et que tu te sentais mal. Il avait compris que quelque chose clochait. Ce n'était pas ton père adoptif pour rien. S'il y avait bien une personne dans cette ville qui te connaissait par cœur, c'était lui. Tu baissas les yeux au sol. « Et bien, je crois que l'amour c'est de la merde. Que c'est nocif pour moi, comme pour tout le monde. » Ca te fait mal. Mal au cœur de dire cela. « En faite, j'y connais rien à l'amour. J'peux même pas te dire si je suis amoureux en faite. Je sais pas à quoi ça ressemble moi l'amour. Je l'ai jamais vraiment vécu. » Et si Merlin savait que ce que tu prenais pour des sentiments se dirigeant vers un homme; que penserait il?

L'amour. C'était un bien grand mot dont tu ne connaissais rien. Lors de ta relation de 3 mois avec Kyle, ce n'était pas vraiment de l'amour que tu avais ressentis. C'était plus de la passion et du désir, mais est-ce que ça faisait aussi partie de l'amour? Non... Ces désirs étaient jalousies; l'envie de lui. C'était physique, c'était charnel. Ce n'était pas ça l'amour. L'amour, c'était des sentiments, ça devait te prendre le ventre et te retourner. C'était cela qu'il t'arrivais pour l'instant. Tristesse. Perdu. Toujours ce mot. Perdu. Etais tu en train de tomber amoureux de Kyle? Est-ce que tu étais vraiment en train de tourner le dos aux sentiments naissants que tu avais eu vis à vis d'Anastasie? Tout se mélangeait dans ta tête; c'était le bordel intégral. Ta tête continuait de tourner et tu ne te sentais vraiment pas bien. Pas bien du tout. T'avais l'impression que tu allais encore vomir une fois. Pourtant rien ne vint. Tu inspiras doucement l'air pollué de la ville en refermant une nouvelle fois les yeux. Lorsque tu expiras, tu les rouvris et tournas légèrement ta tête vers Merlin. « C'était pire que destructeur. C'était du nucléaire. » Il n'y avait pas de mit pour décrire cette relation. Des hauts, des bas, des prises de tête, de la jalousie, du désir, de la passion et... De l'amour? On en revenait toujours au même point. Tu étais toujours dans le flou. Tu n'étais après tout que son jouet.

Les questions de Merlin te perturbait. Tu ne savais pas quoi répondre à vrai dire. Tu posas doucement ta tête sur l'épaule de celui que tu considérais comme ton père. Tu te rendis même compte que tu étais en manque d'affection. Que ta famille te manquait, mais ce n'était pas le sujet. « Je ne sais pas si je suis amoureux. Ca m'est jamais arrivé. »Tu avais attendu avant de répondre à ses questions parce que la réflexion te demandait beaucoup d'effort vu ton état actuel. Tu aurais sans doute mieux fait de te taire et de tout faire pour rentrer à la maison, mais l'alcool te rendait honnête. Trop honnête. « J'ai l'impression que... Cette personne m'utilise. Je suis son objet. Mais j'arrive pas à l'oublier. Je suis complètement omnibulé par ça. » Ton hésitation avait été assez longue. On pouvait mettre ça sur le compte de l'alcool, mais ce n'était pas le cas. Tu n'étais pas encore prêt à le dire que cette personne dont tu parlais était un homme. Personne ne le savait. Personne ne devait le savoir. Mais Merlin... Ce n'était pas personne. C'était ton papa adoptif. Sans doute tu finirais par lui dire. « Je me sens seul quand cette personne n'est pas là. On a eu une relation de 3 mois, mais ça s'est fini par un départ à l'étranger. Et hier, cette personne est revenue dans ma vie et a tout chamboulé comme la première fois... » Tu t'étonnais de tant d'honnêteté. Toi qui ne parlais jamais de tes problèmes...

Des séquelles? Est ce que ça voulait dire que tu allais encore avoir mal au fond de toi? Longtemps? Toujours? Est-ce que ça voulait dire que tu te sentiras perdu encore et encore sans savoir comment reprendre une vie normale? Non, tu voulais que ça cesse. Tu ne voulais pas de séquelles. Tu ne voulais pas être malheureux. Tu méritais tellement mieux que tout cela. Mais c'était de ta faute. De ta faute si tu étais tombé amoureux d'un homme comme Kyle. Il exerçait une emprise si puissante pour toi que c'était impossible de faire demi tour. Même en quittant la ville à ton tour, tu étais sûr qu'il retrouverait facilement ta trace. Tu savais à quel point il était intelligent et à quel point il voulait te garder dans ses filets, rien que pour lui. C'était égoïste, mais tu aimais ça au fond, non? « Je ne veux pas de séquelles. J'veux pas vivre avec ce mal qui me ronge. » La seule solution, c'était de t'abandonner à Kyle. De le laisser faire ce qu'il voulait de toi. Oui, toi, t'avais fini par tomber réellement amoureux de lui, mais tu te doutais que l'inverse était peu probable... C'tait ça qui te déchirait le cœur un peu plus à chaque fois. La main de Merlin dans tes cheveux se fit rassurante et à nouveau tu fermas les yeux. Tu étais si bien là au final, avec lui. Même si toutes tes idées n'étaient pas claires.

La description des symptômes de quelqu'un d'amoureux par Merlin te fit rouvrir les yeux. Bordel. Cette description te correspondait tellement. Il suffisait un peu de regarder ton corps amaigri. Certes, tous les jours tu allais à la salle muscler ce corps, mais tu avais perdu du poids aussi. Tu baissas les yeux au sol et ta voix se fit murmure. « Et bien, j'crois que je suis malade, docteur... »Amoureux. Ce mot sonnait bizarre dans ta tête parce que tu n'y avais jamais cru. C'est pas ton genre d'aimer. C'est pas ton genre, non... Tu n'aimais pas l'être au final, car tu te sentais si vulnérable. Tu poussas un petit soupir triste. Elle? Mes faiblesses? Oh papa, si tu savais. Si seulement Merlin savait qu'elle n'était en faite qu'un il déguisé... C'était sans doute le moment de lui dire, non? « Je... Euh... Ce n'est pas d'une fille que je suis amoureux papa. » Hésitation. Regard fuyant. Tu ne savais pas comment il allait réagir. Certains réagissaient mal à ce genre d'annonce et c'était sans doute pour cela que ta voix s'était mise à trembler. Néanmoins tu enchainas. « C'est moi qui avais mis terme à la relation. Il m'avait menti et je ne l'avais pas supporté à l'époque... »

Voir Merlin te parler de ce sujet te semblait bizarre. Bien que tu le connaisses très bien, tu ne l'avais jamais vu avec une femme ou même un homme. Au grand jamais, tu n'avais vu quelqu'un dans sa main, ou invité à l'un de vos repas. Que pouvait il connaître à l'amour? L'avait-il trouvé dans son ancienne vie? Ces questions te brûlaient la langue, mais n'étant pas apte à réfléchir, tu ne préféras pas les poser. Peut-être qu'un jour, il te prouverait qu'il n'est pas seul... Tu espérais au moins que lui, il serait heureux dans sa relation et que cette personne serait bénéfique pour lui. Te rappeler tes erreurs? Kyle était il vraiment une erreur? Tu ne le pensais pas... « J'espère que ça passera. » D'une manière ou d'une autre, dans quelques jours, cette histoire serait réglée. Tu finiras par retomber sur Kyle, il connaît tes habitudes. Tu devras lui faire face une nouvelle fois. Il ne tiendra qu'à toi de résister ou de lui tomber une nouvelle fois dans les bras. Mais avec ces sentiments puissants qui dansaient au fond de toi, tu avais bien peur de ne pas savoir résister à la tentation. Tu ne voulais pas d'une relation comme vous aviez eu par le passé. Tu voulais une relation plus ou moins normale. Mais qu'est ce que c'était une relation normale? Tu n'en avais jamais vécue après tout... « Dormir me ferait le plus grand bien, c'est sûr. J'ai mal à la tête. » Voilà que ton mal de crâne refaisait surface au moment ou tu pensais aller mieux.

La réaction de Merlin te prit un peu au dépourvu. Tu avais l'impression qu'il se moquait de toi, mais il n'aurait jamais été capable de le faire. Tu ne comprenais pas sa réaction. Avait il imaginé une scène dans sa tête? Venait il d'un monde ou ce sujet était tabou ou inexistant? Tu avais vécu dans le moderne dans ton ancienne vie, du coup, ce sujet avait toujours été mis en avant. Mais tout le monde ne venait pas d'où tu venais... Tu baissas les yeux, légèrement honteux. Ta tête était toujours posée sur l'épaule de Merlin. Tu te sentais bien là. « Il n'y a pas de soucis... Je vais réfléchir à des conditions, ça me semble une bonne idée. » Sauf que tu connaissais bien Kyle et il serait hors de question qu'il respecte ces fameuses conditions. Ce n'était pas le genre de garçon à suivre les règles et c'était pour cela que tu t'étais mis avec lui en fin de compte. Pourtant, tu tenterais le coup. Mettre des limites, essayer du moins. « Je le sais... Mais j'ai envie d'y croire. J'ai envie de croire que je peux le changer, mais ce n'est surement que des désillusions. » Tu n'y arriverais jamais. Le changer? Impossible. Le rendre meilleur? Impossible. Le faire tomber amoureux de toi? Impossible. Quoi que...

Le temps... Le temps était le remède de bien des maux à ce qu'on disait. Le temps pouvait tout guérir, mais toi tu n'y croyais pas vraiment. Comment serait-ce possible après tout? Rien ne peut guérir la perte d'un proche ou quelque chose de plus grave. La preuve: le temps ne peut guérir certaines maladies. Alors pourquoi guérirait il tes maux de cœur? Tu te posais bien trop de questions et tu étais bien trop insouciant pour comprendre tout cela.« Je devrais attendre longtemps tu crois? » Tu avais tout de même posé la question pour essayer de te situer un peu. Devrais tu attendre un an, moins, plus? OHHHH. Tu te posais bien trop de questions et ton cerveau était sur le point d'implosé. « Parfait... » Se remettre en route bientôt était une bonne idée à tes yeux. Tu pourrais retrouver ton lit et ça te ferait le plus grand bien après tout. Tu te redressas doucement sur le banc, retirant enfin ta tête de l'épaule de ton papa adoptif. Après cette discussion, il n'aurait sans doute plus le même œil sur toi. Peut-être que cette discussion allait même vous rapprocher, qui sait? Tu l'espérais, sincèrement... Tu voulais une relation fusionnelle avec ton papa.

Ses excuses te firent sourire une nouvelle fois. Il n'y avait pas de quoi s'alarmer. Certes, tu connaissais des gens qui condamnaient tous les homosexuels. Qui les trouvaient répugnant et sans intérêt, mais tu savais que Merlin n'était pas comme cela. « Tu n'as pas à t'excuser tu sais? Ca me fait peur aussi ça... La réaction des gens. J'ose pas l'avouer que j'aime un homme. Je suis tétanisé par le regard des autres. » Toi, d'ordinaire sur de toi et courageux, tu perdais ton sang froid face au regard des gens. Du moins, tu avais peur que l'on te mette de côté, toi qui souffrait de solitude. Tu détestais être seul et tu avais besoin de compagnie, c'était comme ça. «Je vais y réfléchir, quand je serai en état de le faire... » C'est a dire après un bon repos bien mérité. Tu sentis tes paupières se faires lourdes. « Oui... Il faut absolument que je rejoigne mon lit. » Sinon t'allais finir par t'endormir sur place, même debout qui sait? Tu te levas en t'appuyant sur le banc, et attendis que Merlin se mette debout avant de prendre légèrement appui dessus. Le trajet jusqu'à la maison n'était plus très long. On voyait déjà la façade. Tu marchais mieux que tout à l'heure, mais ça laissait toujours à désirer. Un bon sommeil t'attendais, il n'y avait plus qu'à...