Je n'aime pas du tout les zoos mais aujourd'hui je suis obligé d'y aller car les élèves de l'université sont en sortie scolaire et je me dois d’être présent pour surveiller ces petits trublions ! Lorsque nous arrivons devant le guichet le professeur accompagnateur paie le guichetier et nous pénétrons dans le zoo. La vue de ces lions mis en cage me met le cafard mais ce qui me met encore plus le blue ce sont les oiseaux en cage, je n'aie qu'une hâte, c'est que la journée se termine et que la classe puisse rentrer chez elle.

Nous passons devant un vendeur de crème glacée et les élèves s'en prennent tous une avec leur argent. Je m'achète aussi une crème vanille-chocolat, je m’apprête à la lécher lorsque j'entends un bruit de bagarre, j'y cours à toute vitesse pour voir monsieur Wilson et monsieur Moore en train de se battre à coups de poing et de dents, ce n'est pas la première fois que ces deux-là se battent, je m'empresse de les séparer de ma main libre et je m'exclame d'un ton sévère :

«Encore en train de vous battre monsieur Moore et monsieur Wilson ? Se battre est strictement interdit au sein de l'université ou durant une sortie scolaire, plutôt que de passer votre samedi matin dans votre lit à faire la grasse matinée vous le passerez en retenue avec moi, ça vous rafraîchira les idées !»

«Mais Zazu c'est pas juste c'est lui qui a commencé !»

«Non c'est lui ! »

«Je me moque complètement de savoir qui a commencé messieurs, vous serez tous les deux en retenue samedi matin et il n'y a pas à en discuter ! »

Là-dessus je leur tourne le dos mais ce que je ne remarque pas c'est que les deux petits jeunes  me font des grimaces et qu'un homme présent à coté d'eux qui accompagne une classe de petits enfants les entend.

«Pfff ce Zazu il est trop casse-pied»
«Clair, pour une fois je suis d'accord il est trop nul avec son règlement à la niouque ! Et il faut pas faire ci, il faut pas faire ça, il est trop chiant »

La sortie continue sans incident, mes yeux tombent alors sur un calao perché sur un arbre devant lui je suis ému et je refoule en moi une envie de pleuré qui me monte à la gorge, je chuchote pour que personne n'entende :

«Qu'est ce que la terre des lions me manque ! »

AVENGEDINCHAINS

« Lucas, lâches les cheveux de Charlotte, ne m'obliges pas à te le redire une seconde fois » rappelais-je un enfant à l'ordre, sur un ton à la fois doux et ferme tout à la fois. Le ton qu'on prend pour faire la morale à un petit garçon. C'est tout un art. Il ne faut pas s'exprimer durement, car c'est très facile d'ébranler un enfant plus que de raison. Certains, de plus, sont plus sensibles que d'autres. Lors de mes premiers jours en tant qu'enseignant en maternelle, j'ai fais pleurer une petite fille aux grands yeux et à la chevelure couleur chocolat qui m'avait rappelé ma petite Kiara. Je n'en avais pas dormi de la nuit, j'en avais été malade. Maintenant, j'avais travaillé ma voix et je savais comment être autoritaire sans jamais franchir la frontière des larmes. Lucas lâcha les cheveux de sa camarade de classe et je lui lança un petit regard d'avertissement avant d'encourager la petite Charlotte à rejoindre ses copines, à quelques pas de moi. Les conflits des petits, c'est bien plus facile à gérer que ceux des plus grands et je ne tardais pas à en avoir un aperçu. Je me trouvais au zoo avec ma classe à l'occasion d'une sortie et c'était également l'occupation du jour d'un groupe d'universitaires. Je surveillais du coin de l'oeil le petit garçon que j'avais rappelé à l'ordre lorsqu'une dispute attira mon attention. « Je me moque complètement de savoir qui a commencé messieurs, vous serez tous les deux en retenue samedi matin et il n'y a pas à en discuter ! » Deux adolescents qui se disputent et ce qui semble être leur surveillant qui interviens, les rappelant à l'ordre comme je viens de le faire avec les deux petits. Je reste en retrait, tout en guettant la scène et notamment la rédaction des deux jeunes hommes. Et là, alors que je m'apprêtais à poursuivre la visite, un nom accrocha mon attention. « Pfff ce Zazu il est trop casse-pied » j'ouvris la bouche et la referma au bout d'un petit moment. Je ne m'y connaissais pas beaucoup à propos de ce monde, mais j'étais à peu près sûr que Zazu n'avait rien d'un prénom franchement répandu. Et puis, ce statut de surveillant et ces deux ados à qui il venait faire la morale... Je pouvais aisément me voir à la place, à l'époque où le calao me servait contre mon gré de baby-sitter. Je détourna le regard des deux adolescents pour m'efforcer de suivre des yeux le fameux surveillant. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. C'était forcément lui, ça faisait totalement sens. Je fis signe à une des personnes chargées d'encadrer la sortie de mes élèves de prendre brièvement le relais tandis que je m'apprêtais à m'esquiver quelques instants. Dès lors que ce fut chose faite, je suivi Zazu, le coeur battant nettement plus vite que quelques instants plus tôt. Il s'était arrêté auprès d'un calao, confirmant mes soupçons déjà bien affirmés et j'arriva à temps pour l'entendre lâcher dans un murmure : « qu'est ce que la terre des lions me manque ! » Et mon coeur qui se serre dans la seconde car je ne le comprend que trop bien. « Elle me manque aussi » lâchais-je en me postant près de lui. Il tourne sa tête vers moi et j'esquisse un sourire. C'est toujours tellement bon, tellement doux, que de retrouver un petit bout de ma vie passée. « C'est moi, Zazu, c'est Simba » l'informais-je, la joie lisible sur mon visage.

le lion et le calao ✩

zazu & simba

J'ai eue beau prendre des précautions pour chuchoter ces paroles tout doucement je crois que quelqu'un m'a entendu  je tourne la tête pour voir un jeune homme avec des cheveux châtains coupés court.

« Elle me manque aussi »

Aussitôt que j'entends ces mots je sens que mon cœur rate un battement, je suis en présence d'un animal de la terre des lions mais qui est-ce ? Un sujet ou bien un membre de la famille royale ? Mais je n'aie pas besoin de me creuser plus les méninges car le jeune homme me donne la réponse.

«C'est moi, Zazu, c'est Simba »

Cette fois-ci mon cœur tambourine dans ma poitrine tel un tambour, après avoir retrouvé Sa Majesté la reine Sarabi sur la plage alors que je faisais mon jogging j'ai retrouvé cette ancienne petite tête de mule de lion ! Je suis tellement surpris que j'en perds mon latin et que j'ouvre de grands yeux ébahis.

«S...si...sire ?»

Je m'incline alors devant Sa Majesté Simba :

«Comme je suis heureux de vous voir votre majesté ! »

Mais je suis obligé de me relever précipitamment en voyant que des touristes japonais qui visitent le zoo m'observent avec dans les yeux une lueur amusée, alors qu'ils s’apprêtent à me prendre en photo avec leur appareil je les toise d'un air sévère pour les en dissuader, comme pour mes retrouvailles avec Sa Majesté la reine Sarabi je laisse couler quelques larmes sur mes joues, mais assez rapidement je les chasse d'un geste de la main pour retrouver mon sérieux coutumier.

«Je vois que vous avez l'air en forme petit maître ! Est ce que vous avez retrouvé votre fille la princesse Kiara ? »

AVENGEDINCHAINS