Quand je suis née, ce fut le bonheur absolu pour toute ma famille. Ma mère pensait que ses ovaires ne marchaient plus, et pourtant, elle voulait une petite dernière fort, fort, fort. Quand elle a apprit qu'elle était enceinte, ce fut le bonheur totale. Elle n'avait jamais était aussi heureuse, et n'avait jamais vécu une grossesse aussi bien. A ma naissance, tout le monde était invité. Je ne m'en rappelle pas bien, parce que j'étais vraiment super jeune, mais je me rappelle de la chambre couverte de papier peint rose de haut en bas, et des tonnes de jouets qui étaient les uns sur les autres, attendant sagement que j'ai l'âge de venir jouer avec eux. J'avais deux sœurs, Margot la plus grande, et Edith la cadette. Margot avait une paire de lunette comme papa, elle avait la même couleur de cheveux que lui, mais elle avait les yeux de maman. Quand on jouait dehors, c'est toujours elle qui disait « faites attention ! », même si maman l'avait répété des millions de fois. C'est elle aussi qui aimait nous lire des histoires de pirates et qui adorait les livres d'amour. Edith, elle, elle avait les yeux de papa et les cheveux de maman. Aussi blond qu'un épi de blé, et aussi lisse et doux que de la laine qui vient d'être cousue en pull. Edith est un peu garçon manqué comparer à Margot. Elle porte un bonnet qu'elle aime appeler son « casque spatiale » et des bottes de pluie qui la font ressembler à un petit garçon. Heureusement, maman à fait en sorte que ce petit ensemble soit tout rose pour qu'on sache bien que derrière son casque spatiale y a une jolie petite blonde qui déborde d'imagination et de bonne humeur. Et en tout dernier y’a moi. La petite Agnès. Le mélange parfait des parents. Comme le dit si bien Margot, les cheveux de papa, les yeux de maman, le même sourire qu'eux deux. Je pense que si vous me demandez de me décrire, je ne pourrais pas. Depuis toutes ses années, je me suis toujours « un peu cherchée», et je n'ai jamais réussi. Ma quête a pris fin, un dimanche soir quand on était à la garderie, et qu'une dame est venue nous annoncez que nos parents était mort dans un accident de voiture. Margot n'a rien dit, elle était sous le choc. Edith à tout de suite pleurer, elle s’est jetée dans les bras de notre aînée et elle l'a serré très, très fort. Et moi… Moi je suis trop jeune pour comprendre qu'y aurait plus jamais de bisou sur le ventre. On est restée à la garderie jusqu'à je ne sais pas quelle heure, je m'étais endormes sur les gros coussins et quand je me suis réveillée, j'étais sur le dos de Margot qui me rassurait que tout allé bien. On est arrivée dans un endroit un peu glauque, sombre, qui sentait les pieds, l'endroit le plus triste qui puisse exister dans ce monde après les pompes funèbre : l’orphelinat. Et depuis, on y est jamais partie. Les choses auraient pu changer, on aurait pu se faire adopter, mais les couples n'aimaient pas avoir trois filles d'un coup, ils aimaient avoir le choix. D'abord une fille, après un garçon ou peut être une deuxième fille, mais trois filles d'un coup c'est trop. Ca faisait trop peur, ça fait trop « elles ont étaient adoptées ». La directrice nous l'avait expliqué, si on voulait se faire adopte il fallait être le plus mignonne possible. On devait faire les paons devant les éventuels parents qui venaient et faire en sorte qu'ils nous aiment bien sans même nous connaître. Ça n'a jamais marché, alors on se faisait toujours punir. Heureusement j'avais ma super licorne avec moi, ma licorne que j'aime tant et qui pouvait m’emmener dans de beaux rêves tout doux. Dans la journée, on avait école, on n’était pas dans la même classe parce qu'on n’a pas le même âge. Le premier jour, j'ai pleuré très fort mais le deuxième jour ça c'est arrangé parce que tout le monde trouvait que j'étais mignonne avec ma licorne. Le soir, c'est Margot qui venait me chercher à l'école, la maîtresse était « au courant de la situation » et elle n'a jamais fait de remarques la dessus. On rentrait toutes les trois à pieds. Parfois on allait au parc avant de rentrer. Les autres enfants se faisaient récupérer par leurs parents dans de grandes voiture, ils avaient un siège rien qu'à eu et un goûter et des bisous. Je me suis toujours demandé ce que ça faisait de rentrer avec ses parents ou, encore d'avoir une personne à regarder quand tu fais tes spectacles de danse. Ah oui, j'avais oublié de le mentionner, on fait de la danse avec Margot et Edith, de la danse classique en tutu. On a vendu des cookies pendant toutes les vacances pour pouvoir avoir nos tutus. Edith était superbe dedans et je pense que maman serait contente de voir qu'il y a toujours une « jolie petite blonde » derrière le casque spatiale. On ne parle pas beaucoup de maman et papa entre nous, je crois que ça fait pleurer Edith. On fait donc de la danse tout les mercredis après midi et samedi matin. On va danser le « lac des cygnes » en spectacle, et je suis un cygne. Je n'attendais rien de ma vie actuelle, je me disais que je vivrais au jour le jour comme dans les contes que Margot nous lisait. Que je partirais sur ma licorne magique pour des pays merveilles avec Margot et Edith, et comme ça Edith sera plus jamais triste, on aura un nouveau papa et une nouvelle maman qui viendrons nous chercher à l'école avec un siège rien qu'à nous.


Gru est un « méchant », enfin c'est ce qu'il veut nous faire croire. Il vit dans une maison toute noire, au milieu des maisons colorés, et son jardin est tout noir, comparé aux autres jardins. Mais l’intérieur est très beau, y a pleins de jolies choses et y a même un chien super bizarre, mais c'est un chien quand même. Et on dort dans une espèce de fusé, magique ! C'est super ! Gru veut pas qu'on l'appelle « papa », ni même « Gru », alors on l'appelle monsieur et on le tutoie. Il nous a dit de ne rien dire, et de continuer à vendre des biscuits, on avait rien contre, mais on échange, on lui a dit qu'il fallait qu'il vienne à notre spectacle pour qu'on ait quelqu'un à regarder quand on danse, il a dit non, on a insisté, il a toujours dit non, alors j'ai glissé son billet dans sa poche, en lui disant que si il changeait d'avis il pouvait toujours venir. Je crois que Gru est un faux méchant, il a pleins de plans « diaboliques » mais ça tombe toujours à l'eau. Il y a un vieux aussi qui vit avec nous, et pleins de petits messieurs jaunes, ils sont trop drôles. On est allée vendre des cookies, puis sur le chemin on est allée à la fête foraine et j'ai eu une superbe licorne mille fois plus grosses que l'autre que Gru avait cassé, puis on a fait un tour de montagne Russe et on a eu notre « première photo de famille ». Une fois rentré, on a fait des pancake et mangé des tas de bonbon. On a demandé à Gru de nous lire une histoire, mais il a dit non et on sait quand même endormi. Je crois que j'aime bien Gru, ainsi que notre nouvelle « vie de famille ». Un jour en rentrant de l'école, Margot a proposé qu'on se rajoute sur l'arbre familial de Gru. On s’est dessiné tout en bas, avec plein de couleur et de cœur et j'ai écris mon prénom avec un feutre brillant. Quand Gru est rentré, il n’avait pas l'air content ! Le lendemain, on était de retour à l'orphelinat sans comprendre le pourquoi du comment. On était punis, et on a passé la nuit dans le « carton de la honte ». Je ne savais pas trop ce qui s'était passé !!! Quand j'ai demandé à Margot elle m'a dit que Gru nous avait « utilisées » pour faire le mal, et comme il a menti en se faisant passer pour un médecin lors de l’adoption, il n’a pas eu le droit de nous garder. J'ai pensé qu'on n’en avait rien à faire qu’il soit médecin ou pas, tout ce qui comptait c'était qu'on soit bien avec lui et qu'on s'amuse bien avec les petits messieurs jaunes. Je ne l'ai pas dit à Edith, parce qu'elle était trop fâchée d'avoir passer une nuit dans la boîte de la honte alors qu'on n’avait rien fait. On a repris notre train-train quotidien sans repenser à Gru, ni aux petits hommes jaunes. Le spectacle de danse arrivait très vite, et Gru avait promis qu'il viendrait, mais il n’est pas venu et on a été très triste. Finalement il est venu nous chercher à l'école, et j'ai compris ENFIN ce que ça faisait quand quelqu'un qu'on aimait venez nous chercher à l'école. Et que ça fait du bien de courir vers lui pour qu'il nous fasse plein de câlins, malgré le fait qu'il ne soit pas venu nous voir au spectacle. On est monté dans la voiture, il nous a expliqué qu'il voulait plus être un « méchant », et qu'il n’avait plus de plan diabolique. A ce moment là, j'ai regardé Margot, et elle a souri de toutes ses dents. Quand on est rentré, il nous a demandé de refaire le spectacle de danse, mais ça a très vite viré en boite de nuit version enfant. Et on a tous dansé, même lui !!! Les messieurs jaunes aussi !!! On a encore mangé des pancakes et Gru nous a préparé une superbe histoire. C'était « la grande licorne ». La grande licorne, était l'histoire d'une licorne solitaire, qui pensait qu'elle vivait bien. Jusqu'à ce qu'elle rencontre trois petits chatons qui ont changé sa vie. Ils l'avaient fait rire, pleurer, et n'aurai jamais dû leur dire de s’en aller, mais quand les chatons sont revenues, il ne voulait plus jamais qu'elles s'en aillent, parce que ses chatons ont changé sa vie !!!

Et tout à soudainement basculer. Je ne sais pas ce qui c'est passé, ni où j'étais. Il faisait sombre, mais d'un coup y’a eu de la lumière ! J'étais tombée dans la terre, j'avais de la boue plein les cheveux et les pieds glacés. Des lampes de poches se sont approchées et des hommes dans des tenues étranges m'ont saisie le bras. Ils m'ont demandé mon nom, j'ai répondu : « Agnès et que j'étais trop petite pour me promener toute seule à cette heure-ci ». La suite est un peu flou, je me suis retrouvée dans une « auberge pour jeune ». Je pense que c'est une espèce d'orphelinat pour les adolescents qui sont trop vieux pour les orphelinats normaux. Ils m'ont mis dans une chambre ou j'ai passée la nuit. Le lendemain j'ai vu une « conseillère » de je ne sais plus quoi. Je lui ai expliqué que je ne venais pas d'ici, elle m'a demandé d’où je venais et je lui ai expliqué le chemin. Elle en a déduit que j'ai été « abandonnée » par Gru et mes sœurs. Ce à quoi j’ai répondu non et je suis partie. Mais la sécurité m'a fait revenir car je ne savais même pas où aller ?! La conseillère m'a donc calmement expliqué que je devais rester ici, et aller au lycée comme tout le monde. Et c'est ce que j'ai fait !!! Je ne pouvais pas contredire, je n'avais aucune idée d'où je me trouvais, ni de ce que je faisais là. J'ai appris à aller au lycée avec tous les autres. J'ai suivi les cours et mangeais à la cantine comme tout le monde. Au début, j'ai eu un mal fou à me faire des amis mais c'est venu tout seul, je crois même que je commence à m’intéresser au sexe opposé. C'est assez étrange ! Je voudrais bien en parler à quelqu'un : à Edith ou encore à Margot, mais la conseillère continuait à dire qu'elles m'ont abandonné et que je devrais tourner la page, mais je n'y crois pas. Tous les soirs je leurs envoie un mail en espérant qu'un jour Margot ou Edith me répondent. Ma chambre est devenue mon petit monde, et j'ai trouvé refuge dans la littérature. Gru me manque, il m'avait promis qu'on serait toujours tous les quatre ; et je suis pourtant toute seule. J'ai besoin de Margot pour me dire que tout allait aller mieux et voir Edith bouder dans son coin avant de finir par nous rejoindre. Oui j'ai besoin de ça, j'ai besoin de tout ça !!! J'ai besoin de ma famille. J'ai trop longtemps été toute seule, ça ne va pas recommencer...Les filles si vous m'entendez, je vous aime. Je veux que vous veniez me chercher. J'ai peur…