J'suis pas fou.

Je ne suis pas fou...

J'ai faim, c'est tout. J'suis un loup, c'est normal. Je suis fait pour chasser, manger, tuer. Point. Quand j'ai pas faim, je suis tout à fait calme. J'ai aucun problème en général. C'est quand j'ai l'estomac vide que tout se complique. Alors je me mets en chasse, je flaire une proie, je la traque, je la poursuis, et quand je l'attrape... c'est finit. Je considère pas ça comme un jeu. Il y va de ma survie. J'ai besoin de viande, j'ai envie de chair, et j'aime plus que tout la fierté d'avoir surpassé un autre petit être plus faible que moi. Certains vous diront que c'est déloyal. Moi je ne vois pas les choses comme ça. Si on est plus fort que les autres, c'est bien pour une raison. Si j'ai été fait avec des griffes, des crocs, et tout ce qui va avec, c'est bien pour satisfaire mes envies de carcasse.
Avec le temps, c'est devenu un jeu. Je me lançais des défis, juste pour passer le temps. D'où je viens, on ne peut pas vraiment dire que ce soit très mouvementé. Il neige la plupart du temps, alors la forêt est plutôt calme. Parfois on a quelques humains qui viennent y faire un tour et là ça devient nettement plus intéressant.

Un jour comme un autre, dans une tempête de neige, avec des températures loin en dessous de zéro. Je suis tombé sur un petit humain qui s'était aventuré sur mon territoire avec son équipe de bras cassés. Il traînait avec lui un canard, un chat, un oiseau... Un drôle d'humain en fait. Mais avec ça, il baladait une arme. Voulant se prouver quelque chose ou épater ses congénères bipèdes, il avait donc prit le chemin de la forêt par un soir d'hiver. Quel stupide petit. Il n'avait pas froid aux yeux cela dit. Venir ici seul, c'était soit du courage, soit de la folie. Je pense surtout qu'il était inconscient. Mais tant pis pour lui.

Moi, j'avais les crocs.

Et les humains, ça surpasse de loin les lapins, écureuils, et autres petite vermine qui traîne dans la forêt qui est la mienne. J'en salivais d'avance, sortant déjà mes crocs pour qu'il sache ce qui l'attendait. Et après ça, je me serais fait une joie d'engloutir ses petits amis. Pas par faim, non. Juste par envie.
Je les ai traqué jusqu'à ce qu'ils se réfugient en haut d'un arbre et là, j'ai attendu. La patience n'est pas ma plus grande qualité, surtout quand je suis affamé. Et c'est sans doute ça qui a contrarié mes plans. J'ai faillit finir au bout d'une corde, attaché par la queue à cause de ce sale mioche. Le hasard en a décidé autrement et j'ai repris le dessus. Ils mourraient de peur.

Moi je mourrais de faim.

Je me voyais déjà les dévorer un a un, savourant le moment où ma faim se dissiperait. Ca m'avait peut-être demandé un peu plus d'efforts cette fois, mais je les avais enfin à portée de griffes, prêt à leur prendre la vie.
Malheureusement, cette petite teigne d'oiseau en avait profité pour prendre la fuite et aller avertir trois chasseurs qui passaient par là pendant que la corde dans laquelle j'étais emmêlé me prenait au piège. Une fois de plus, je m'étais débattu avec acharnement mais armés et en groupe, je n'avais rien pu faire pour leur échapper. Ils me ramenèrent fièrement à leur village, comme un vulgaire trophée de chasse encore vivant. Je hais les humains et leur façon minable de se moquer de leurs adversaires battus. Ils sont déloyaux, mesquins, et pitoyables. Je ne tardais donc pas à leur échapper avant qu'ils n'aient le loisir de me tuer, sans doute par simple plaisir.

J'suis pas fou...

Mais je les déteste.

L'ennui dans tout ceci, c'est qu'aujourd'hui, je suis parmis les humains. Une fois encore. Et j'en suis même devenu un. Ca me répugne mais je suis bien obligé de faire avec. A dire vrai, je ne sais même pas comment j'en suis arrivé là, mais je suis bien déterminé à ne pas me laisser marcher sur les pieds. Alors j'ai pris ma nouvelle vie en main à Fantasia Hill ou je-ne-sais-quoi, et je survis du mieux que je peux. Je vis au jour le jour, sans travail fixe, prenant tout ce qui s'offre à moi, et vivant seul dans un appartement assez minable des bas quartiers de la ville. Comme un loup solitaire...

Parce que même humain, je reste le loup qui vous terrifie du fond des bois...