Les feuilles sur le visage, l'air dans mes cheveux et les mille couleurs que l'automne pouvait m'offrir. C'était vraiment ça la sensation de liberté et jamais je n'échangerais cette allégresse. Les rênes en cuir dans les mains, chevauchant mon Colibri, je pouvais voler à la vitesse de la lumière, évitant une branche d'arbre et surtout cette armure trop lourde sur le dos. Je savais pertinemment que je n'étais pas digne d'être un homme feuille. Parce que j'avais dans l'espoir d'être libre et de ne pas faire partie d'une caste, même si de nombreuses personnes auraient voulus être à ma place. Je leur aurais donné volontiers. Je n'avais aucunement la carrure d'un guerrier, moi tout ce que je voulais c'était vivre et surtout vivre en liberté, pouvoir faire se dont j'avais envie, découvrir le monde et surtout découvrir les joies de l'amour. Pourtant, je n'ai jamais eu une enfance comme les autres. Tout petit déjà on essayait de ma façonner, de me mettre une étiquette et de faire de moi un robot, ce fut pire après le décès de mes parents. J'ai toujours cru qu'au-delà de tout ça, au-delà des arbres, des oiseaux et de la tribu se trouvais un autre monde, beaucoup plus grand et beaucoup plus merveilleux. « Nod, regarde où tu vas ! », c'était la voix de Ronin et je n'avais aucunement envie de l'écouter, j'étais un homme maintenant et je faisais ce que j'avais envie de faire, personne ne pouvait me donner de leçon ! « Fait attention Nod ! » qu'est-ce que cela pouvait lui faire que je fasse attention ? D'accord j'avais les Sbires de Mandrake à mes trousses, d'accord je n'avais en aucun cas l'esprit de groupe comme les autres hommes-feuilles, mais j'avais beau lui répéter que je n'étais pas fait pour ça, Ronin s'obstinait à essayer de faire de moi une copie conforme de quelque chose qui ne me ressemblait pas. Une flèche, puis une autre et la descente, je ne vais pas vous raconter tout en détail, mais l'atterrissage fut très douloureux, pas à cause du sol, non à cause des cris de Ronin, une petite voix au fond de moi savait que j'aurais dû l'écouter, mais à quoi bon ? Cette mascarade ne servait à rien de toute façon. « Que veux-tu que je te dise Ronin ? Que je suis désolé ? Non en aucun cas, je ne suis pas fait pour ça, tu le sais très bien ! », je pris le casque qui était posé il y avait quelques secondes sur ma tête et je le balançât aux pieds de l'homme qui m'avait élevé « Nod... écoute... ». Je tournais les talons c'était le meilleur moyen, de toute façon je ne savais faire que ça, fuir. C'était l'un de mes atouts. Je n'étais pas digne de cette communauté et ça, il aurait dû le voir depuis de nombreuses années, je lui en voulais de ne pas m'écouter, de ne pas être là pour m'épauler. Je lui en voulais tellement, mais j'en voulais aussi à mes parents de m'avoir laissé seul contre tous.

« Passe tes bras autour de ma taille », j'avais vu son regard hésitant, mais son sourire trahissait tout, elle en avait envie. « On se connaît à peine », effectivement jeune demoiselle, on ne se connaissait pas, pourtant j'avais l'impression de tout savoir sur elle, de sa couleur préférée en passant par la chose qu'elle détestait le plus. C'était un peu comme une évidence, nous étions deux aimant attirés l'un par l'autre, mais aucun de nous deux ne voulais l'avouer et puis comme elle l'avais si bien fait remarquer, nous étions pour l'instant que de parfait inconnus. Avec M.K je me sentait enfin moi, comme si une part d'elle était en fait la moitié de mon être. Depuis la mort de la reine Tara, le monde de la forêt ce dégrade de plus en plus et cela me désole vraiment, je me pose dix mille questions, en fait suis-je vraiment fait pour être un Homme-Feuille ? Avant j'aurais été convaincu que non, maintenant et depuis l'arrivée de Mary-Kate, je me demande si je n'avais pas tort de ne pas croire en moi. Ensemble nous devrions sauver le monde.
« le monde est définitivement plus beau avec toi », je la voyais rougir, elle était flattée, avec toutes les péripéties que nous avions subies ces derniers temps, être simplement avec elle était un pur bonheur, aussi court fut-il. MK devait retourner dans son monde, sa tâche de sauver le bourgeon fut accomplie, une dernière embrassade, un dernier et premier baisé, elle allait me manquer, ses lèvres me manqueraient, le monde des piétineurs était son monde, pas le mien... Un jour, nous, nous retrouverons Mary-Kate et ce jour-là je serais le plus heureux des hommes.

C'était une journée comme les autres, le soleil c'était levé à l'est et il se coucherait à l'ouest. Comme à son habitude je devais faire une patrouille dans la forêt, puis j'irais rendre visite à MK avant qu'elle ne parte à l'école, je n'avais pas encore compris le système, mais elle s'efforçait de m'expliquer à quoi ça servait d'y aller et je lui en étais vraiment reconnaissant. Pourtant, malgré le fait que tout semblait normal, un calme trop plat régnait dans la forêt, les animaux étaient tous cachés, le vent ne soufflait pas, comme si lui aussi il avait soudain ce pressentiment que quelque chose allait arriver. En fait, tout ce que l'on pouvait entendre c'était les battements d'ailes de mon colibri, il fallait que je vérifie si les caméras marchaient elles aussi. Le vent commençait doucement à se lever, soufflant sur mon visage, il était chaud et assez agréable surtout pour la saison. Les caméras étaient éteintes tout ça n'était pas normal et il fallait que je prévienne Ronin de cette chose étrange qui arrivait. Pendant le voyage, le vent se mit à souffler de plus en plus fort, la pluie commençait à s'abattre sur moi et je ne savais pas si j'allais pouvoir prévenir quelqu'un. Puis un éclair, une grosse bourrasque qui me fit perdre contrôle et me fit tomber dans le vide. Je m'étais préparé à la chute, pourtant elle n'arriva jamais, je fus transporté dans un autre monde, avec d'autre personne. Un monde que je ne connaissais pas, je n'étais plus quelqu'un de petit, j'étais devenu grand comme les piétineurs, d'un côté j'étais fou de joie, car j'espérais retrouver Mary-Kate, mais d'un autre j'avais peur, peur d'être à nouveau tout seul dans un monde que je ne connaissais aucunement.