Concentration et Calme étaient ses mots d'ordre en cet instant, Maroti était immobile, les yeux fermés, le seul mouvement perceptible était celui de sa lente respiration qui dégageait un nuage de buée dans le froid hivernal. Le pied d'appui en avant, sa claymore parfaitement parallèle au sol, il profitait du silence de la nature ensommeillée. L'irlandais faisait ainsi le point sur sa nouvelle vie, le Méli-Mélo pensionnat était un endroit charmant et étrange, où même une personne se baladant avec une épée moyenâgeuse n'excitait pas les foules, je pouvais remercier mon grand-père pour ce nouveau départ...Malheureusement ce n'était plus possible. Je devais avancer et ne plus me morfondre, ce monde bruyant ne le permettrais pas.
Sans prévenir, l'escrimeur ouvrit les yeux tandis que sa lame décrivait un arc de cercle autour de lui avant de donner un coup d'estoc. Une rotation de sa jambe souleva un nuage de poudreuse et Maroti tournoya parmi ces milliers d'étoiles de neige avant de revenir dans sa position initiale. Un vieux conte que je lisais étant petit racontait l'histoire d'un esprit qui amenait la joie grâce à la magie de l'hiver, Jack Frost si ma mémoire était bonne. Cette pensée le ramena plusieurs années en arrière, auprès de la cheminée alors que des châtaignes grillaient sur le feu et qu'il relisait ses classiques.
Une délicieuse odeur portée par le vent le sortit de sa méditation matinale tandis que son estomac faisait clairement entendre qu'un petit-déjeuner tardif valait mieux que pas de petit-déjeuner du tout. Le pensionnaire rangea sa claymore dans son fourreau et décida de se repérer au nez pour trouver l'origine de l'odeur qui venait surement du restaurant aperçu à l'aller. N'ayant que peu d'argent sur lui, il espérait négocier avec le propriétaire en payant avec une tâche manuelle. J'avais encore du mal à m'habituer au système monétaire international et à l'importance de l'argent pour les gens. Mais bon, un homme n'allait pas refaire un système qui marchait depuis des décennies en se plaignant, n'est-ce pas?
C'est après une courte marche qu'il retrouva le restaurant alors qu'un car rempli de touriste se garait péniblement sur le parking. L'irlandais n'y prêta pas attention et poussa la porte d'où s'échappait une odeur de cuisson.
Maroti adorait la solitude, ce n'était pas que la présence d'autres personnes le gênait mais des lieux comme les discothèques lui tapaient sur les nerfs.
Cependant lorsque qu'il entra dans le restaurant ce n'était pas un sentiment de gêne qu'il ressentait, mais un sentiment de joie. La musique, les gens qui riaient, le papier peint rappelant le bois, l'odeur du pain chaud, tout cela donnait l'impression d'être chez soi. Je ne devais pas être le seul à penser ça, car la salle résonnait des rires de plusieurs familles et couple. Je vis l'une des deux serveuses s'approcher de moi en souriant (une certaine Maya selon le badge) avant de me mener vers une place libre au comptoir. Une fois installé sur le tabouret je déposa ma claymore contre le comptoir, en espérant que cela n'allait pas gêner les autres clients.
Ce petit instant me permit de voir que les deux serveuses voletaient de table en table aussi rapidement que des colibris, c'est vrai qu'avec si peu de personnel et tellement de clients le rythme devait être soutenu. De plus, l'une d'elle me disait vaguement quelque chose...
Je repensa au groupe de touriste qui allait bientôt envahir le restaurant, elles allaient être débordées en moins de temps qu'il en faut pour le dire. C'était mon occasion de donner un coup de main tout en mangeant un morceau, fallait juste que je parle au patron.
Maya s'installa au comptoir en face de moi.
« Que puis-je faire pour vous ? »« Voir le patron et vous aidez si possible, dans pas longtemps un car entier de touriste va venir déjeuner dans votre restaurant.»Maya me regarda d'un drôle d'air avant de jeter un œil à la deuxième servante, elle me laissa en plan pour aller lui parler. Bon, elle ne m'avait pas jeté dehors direct, c'était une bonne nouvelle. Je commençais à tapoter contre le comptoir alors que la deuxième servante pris place derrière le comptoir. Elle s’appelait Tiana (encore une fois merci au badge). En la regardant de plus prêt, je savais où je l'avais déjà vu.
« Enchanté, je suis Maroti Asling. Vous ne seriez pas une pensionnaire du Meli-Melo par hasard?»