Quand je pense à cette petite gamine, à cette petite garce et son ‘adorable’ petit prince élu de son cœur… Diable qu’ils me donnent la nausée ! Dieu que je les hais et les exècre de tout mon cœur et de toute mon âme… Autant que je m’en veux encore d’avoir sous-estimer tels adversaires : une erreur dont j’ai tiré les leçons et qui ne se reproduira plus ! Mais, avant de donner un peu de renouveau à ma colère malicieuse et sournoise, je me dois de crier à l’injustice ! Injustice en mon encontre, injustice envers mon âme mais, par-dessus tout, injustice envers ma ‘bonté’ ! Telle sera la source de ma complainte, l’origine de mon cri et la base même de cette histoire que je me dois de vous conter. Ne partez donc pas sur de quelconques à priori et parcourez ces quelques lignes en toute objectivité… Nous verrons si vous m’appellerez encore sorcière à la fin de ce petit partage offert de tout mon cœur…


Naissance au cœur des océans et de la mer, depuis mon premier jour l’on me baptise sorcière. Créature monstrueuse et démoniaque, leurs moqueries résonnèrent à mes oreilles telle une claque. Sadique, violente et cruelle, je n’étais pourtant pas à chercher quelconque querelle. Leurs avis m’importaient peu, ils étaient tous si ennuyeux. De par leur insignifiance, je me découvrais les secrets de ma propre science. Ensorcèlement, potion et magie… Derrière mon masque hideux se cachait un immense génie. Un génie malin, un génie malsain selon certains. Toutefois je ne punissais pas gratuitement tous ces mesquins. J’étais au-delà de toutes ces considérations. Je me moquais de leur opinion. Et m’abaisser à la bassesse d’une vengeance d’adolescente blessée, était sans nul doute la dernière chose que j’aurais acceptée. J’avais encore le respect et la saveur de la noblesse à cette époque. Celle qui s’imposait le respect avant de porter son coup d’estoc. Mes ennemis n’était nullement ceux qui se moquaient, mais bien ceux qui s’opposaient. S’opposer à mon chemin, s’opposer à mon pouvoir, s’opposer à ma grandeur. Sans doute était-ce le sadisme que je réservais à mes opposants qui leur a fait peur ? A moins qu’il s’agisse d’avantage de la vilénie et de la sournoiserie résidant en chacun de mes sortilèges ? Mais je n’étais nullement bête et savais comment mettre en place mes pièges. Ce que l’on me reprochait n’était que le pur respect de mes conditions. Qu’aucun d’eux ne respectaient et que tous sous-estimaient, idiots de fanfarons. Aucune aide n’est gratuite, sur terre comme dans les océans. Voilà pourquoi je n’agissais jamais gratuitement. Un payement un dû. Sans le respecter, on se retrouve perdu. Perdu et vidé de son âme, avant qu’envers la grosse pieuvre ne montent les blâmes. Exclusion fut mon second prénom. L’exil, à leurs yeux, serait mon plus grand péril. Pourtant, il m’a permis de trouver ma voie et ma force. Sans le savoir encore, ce peuple de sirène avait éveillé en moi l’énergie d’un appétit féroce. Ils étaient si beaux, si fiers… Mais si démunis. Si bien que, dans le désespoir, c’est toujours dans ma tanière que l’on finit. On m’implore et me supplie. Jusqu’à ce qu’Ursula accepte et agit. Ils ont agrandit ma puissance et mon importance. Pourtant cela ne me suffisait pas, de Triton je voulais prendre ma vengeance. Un à un, les sirènes de son peuple tombèrent dans mes filets. Au cœur de mon antre, je les transformais en inoffensifs minets. Des âmes qui peuplent mon jardin. Je n’en jubilais que plus dans un plaisir mesquin. Dire qu’ils pensaient que je n’étais rien… Alors que ma renommée devint supérieure à celle de leur souverain. Monstre craint et redouté ? Pour, alors, n’avais-je aucune difficulté à les charmer ? Egarés dans leur utopie, je connaissais pour ma part la vérité de la vie. Egoïsme, sournoiserie, fourberie et individualité. Ils se mentaient tous pour se donner une conscience de qualité. Alors que pour ma part je demeurais moi-même. J’acceptais les bontés et maléfices qui me gangrènent. Les âges passaient et, par un miracle, je ne vieillissais. Telle une statue figée dans le temps, une forme d’éternité accompagnait mon tourment. Tourment des océans et éternité de perdition, mon triomphe sera d’une inégalée perfection. La gloire ? Je la vis arriver. Un soir de chagrin et pleur qui m’aurait presque bouleversé. Débarqua dans mon antre cette sirène avec son dilemme. Demeurer dans la mer ou vivre comme une humaine ? A mes yeux la solution était déjà trouvée ! Et puisqu’elle était fille de Triton, elle finirait par le regretter ! Saisir le sentiment qui vous égare et vous étouffe… Offrir une solution tel un nouveau souffle. Humaine serais-tu, et humaine tu resteras ! Ainsi pourrais-je voir mon plus grand ennemi succomber à son trépas. Mon plan était parfait. Pourtant quelque chose m’inquiétait. Avais-je sous-estimé mon adversaire ou l’heure de ma gloire ? J’avoue qu’il est difficile de le savoir… Mais qu’au lieu des lauriers, ce que je récoltai ne fut que les fruits de mes cauchemars. Cette adversaire était en fin de compte une rivale digne de ce nom. Et dans ma colère et ma frustration, j’étais déterminée à lui donner une leçon. Seulement les sorts de bontés enveloppant ce monde, m’amène à la mort pendant que le tonnerre gronde ! Ces faibles et misérables parvinrent à m’arracher, de ce monde des vivants que je ne voulais quitter. Pourtant une voix au fond de moi ne mourra pas. Sachant que, malgré le trépas, je demeurerais toujours là. Pour vaincre une sorcière il faut pouvoir la connaître… Et, à nouveau, c’est de leur terreur que je finirais par me repaître ! Ce faux pas qui fut le mien, et qui sembla condamner mon destin, ne fut que le passage vers un autre chemin, où chacun d’entre eux redouterait leur demain…


Ivresse. Beauté. Désir. Sensualité. Est-ce que cela te fait plaisir ? De pouvoir ainsi me découvrir ? Faisons fi du destin et de ses erreurs passées. Contente-toi simplement de me contempler. Où sont ces tentacules sépulcrales ? Où se trouve ma laideur infernale ? Masquer sous la noirceur de mon voile, petit à petit, je me découvre, je me dévoile. Fermez vos yeux juste en cet instant. Laissez-vous emporter par ce séduisant tourment. Plus de terreur aquatique. Plus de monde magique. Juste une femme, rien qu’une femme… Qui danse, qui chante et vous enflamme… Cruauté de mon passé, je pensais que tu étais ma force et mon alliée. Mais c’est au cœur de ce nouveau monde que je me suis adaptée, que je me suis révoltée… Que je me suis révélée ! Monde des Hommes, tragédie d’une terre en guerre et insolence des éternelles souffrances. Tel est ce nouveau royaume qui me tend ses mains pour me prêter allégeance. Lorsque la magie s’envole et que le fantastique s’essouffle, le vivant désespère de trouver le bonheur qui se camoufle. Une faiblesse fondamentale qui assieds mes manipulations d’une manière royale. Je suis porteuse de connaissances qu’ils ignorent, des connaissances possédant la valeur de trésors. Je suis le visage d’une sagesse sombre mais réaliste, qui derrière chaque sursaut de joie, parviendra à les rendre triste. Détruire un cœur est ce qui m’apporte le véritable bonheur. Mais, pour se faire, l’on se doit faire preuve de labeur ! L’esprit doit être aussi aiguisé qu’affuté. Prêt à tous les manipuler. Les corrompre, les soudoyer, les agenouiller. L’insolence de mon ancien peuple s’étale avec d’avantage de dorures en ces lieux. Tous n’est que guerre, conflit, amour, trahison et jalousie… Dieu que l’Homme est envieux ! Et Dieu que j’en jouit ! J’en jouis, j’en abuse, j’en explose de toutes ses libertés que m’offrent leurs âmes en détresse. De toutes ces âmes qui finissent, comme autrefois, par retrouver le chemin de la seule Prêtresse. La Prêtresse du soutien. La Prêtresse de l’amour. La Prêtresse du besoin. Leur Prêtresse pour toujours. Mon confort se multiplie sous chacune de leurs fautes. Mes lois se dictent et se mettent en pratique, moi, votre despote. Et vous, aveugles petits agneaux, ne voyez que l’élégance du désir et de ma sensualité insolente. Homme comme femme, vous laissez votre corps se consumer d’une chaleur ardente. Plus que l’argent, plus que les sentiments, le secret réside dans la passion que vous éveiller en ces manants. Une grâce féline. Une onctuosité coquine. Les endormir de quelques rimes. Et voilà que l’heure est parfaite pour le crime. N’est plus votre Ursula dantesque, n’en demeure aujourd’hui que votre Anna-Bella burlesque. Burlesque ténébreuse et de l’envoutement, vous finirez tous sous mon emprise à présent. Trop prudente pour être atteinte, trop sage pour être anéantie, je ne serai jamais punie et resterai à jamais bienveillante. Vous ne percevez pas cette bonté en moi ? Ainsi dois-je répéter mes vérités à chaque fois ? Votre esprit renonce et votre cœur résiste ? Aucun d’entre vous ne demeurera indemne si j’insiste ! Le Mal n’est pas une vocation, le mal est une nature. J’en connais les sentiers et en assure toutes les tortures. Ceux qui s’opposent à la volonté de mes sorts ne pourra rencontrer que la mort. Sous un sourire sournois et empli de malice, je demeure la plus grande admiratrice de vos supplices. J’ai entrouvert la voie, pour ainsi m’acheminer ici-bas. Ma présence sur cette scène ? Vous la désirer plus que les sirènes. Ce corps qui danse et qui s’étire ? Il ne faut rien de plus pour que je vous attire. Cette voix qui chante et qui s’exprime ? Vous en êtes mes délicieuses victimes. Je vivais autrefois dans un repaire ne seyant guère à une femme telle que moi. Aujourd’hui ma place est sur scène, où je contemple tous vos visages et laisse monter ma haine. Cette haine gratuite et viscérale qui vous retournera l’esprit de manière amicale. Puissance et pouvoir sont devenus miens. Je suis forte heureuse de ce merveilleux destin. Je ris et m’aventure avec légèreté dans ce monde dont je ne connais pas encore toutes les subtilités. Cependant, tout n’est question de temps pour que ces royaumes me reviennent de droit comme auparavant. L’on m’a traité de cruauté et de sorcière ? Ils ne savent pas encore quel visage envoutant peut prendre l’Enfer ! Assise sur ma chaise de danseuse, mon regard félin les regarde de manière heureuse. Il fut un univers où les bonnes âmes triomphait. Il fut un univers où aujourd’hui je n’existerais. Mais à ce jour, je me délecte de mon nouveau toujours. Toujours au sommet, toujours aux aguets. En ce jour périront-ils de ma main, pour qu’à mon tour, je sois heureuse demain. Triton et ta famille, commencer à me craindre. Car ce n’est que de mon bon vouloir que je ne suis pas encore venue vous atteindre. Ta famille réchauffait les cœurs de l’océan, tout pour vous, ne sera désormais qu’un éternel tourment…