J'ouvrais gentiment et difficilement les yeux, un mal de crâne me rompant les tempes. J'avais du mal à me situer dans l'espace. Combien de temps avais-je dormis ? Quel était cet endroit ? Je me souvenais vaguement d'un bruit sourd suivi d'un néant. Pas de perte de mémoire, pas de souvenirs brouillés. Mais la solitude, l'inconnu, le froid. Je me levais doucement, tentant de reconstituer les événements. J'étais au château, avec Eric, jeunes mariés encore fougueux de passion. Lorsque soudain le sol avait tremblé, les murs s'était décrépis. Et je me trouvais désormais plantée dans un lieux étrange, sombre, que je ne connaissais pas. Mon cœur s'emballa en pensant à ma fille, instinct maternelle refaisant surface. Comment était-ce possible ? Ils devaient forcément ne pas être trop loin.


Notre mariage avait été somptueux, j'étais tellement heureuse et surtout très enceinte d'une petite fille dont le prénom résonnerait sur notre royaume comme une douce chanson d'été. Notre amour à Eric et moi n'avait pas été sans contraintes et épreuves à surmonter. Ursula avait frappé fort et même la savoir vaincue ne m'enlevait pas l'angoisse dans l'échine. Mais mon père avait été bienveillant et avait fini par abandonner sa xénophobie maladive envers les humains. Tout était prêt pour une vie qui s'annonçait pleine de bonnes surprises et Melody en fut la première. Elle grandissait tellement vite, que nous avions à peine eut le temps de lui apprendre à parler et à marcher qu'elle se trouvait déjà en pleine crise d'adolescence. Je ne pouvais que comprendre son désir de vouloir renouer avec l'océan, moi qui avait tant voulu le fuir. Cette fougueuse envie de liberté comme moi-même j'en avais rêvée eut raison de ma fille et elle vécu mon histoire, au travers du miroir. Pur reflet de ce que j'avais été grâce à Ursula, Melody fit de même avec la sœur même de cette sorcière ! Mais aujourd'hui, cette situation n'a fait que nous rapprocher et j'ai choisi comme mon père avant moi de lui laisser plus de liberté.


Voilà maintenant plusieurs mois que je me voyais vivre dans le monde des humains, la réalité. Visiblement cet univers n'avait rien à voir avec mon monde passé "Disney" comme ils ont tendance à l'appeler. Dans ce monde, tout est plus compliqué. Il n'y a ni magie, ni vilain à combattre pour une Happy End. Il faut trimer à la sueur de son front pour obtenir ce que l'on souhaite. Je me suis mise à apprendre, heureusement ce que j'avais déjà appris aux côtés d'Eric m'aidait et j'étais comme une éponge, tellement perméable au nouveau savoir. Je me suis mise à étudier, et visiblement cela portait ses fruits puisque j'entamais mes études universitaires. Malheureusement dans ce monde, il faut de l'argent pour pouvoir vivre et pour gagner cet argent, il fallait travailler. Avec mes amis étudiants, nous avons trouvé des jobs et je me suis mise à l'ouvrage dans un bar de la ville. Il était clair que ce monde plein de surprises et de rencontres m'enthousiasmait mais cette peine d'avoir perdu mes proches continuait à me ronger. J'avais dû apprendre à vivre avec, et finalement je m'étais faite à l'idée que ceci était devenu ma nouvelle vie. Mais le plus dur pour moi était de ravaler mon rôle de mère. J'étais étudiante, j'étais quelque peu rajeunie en comparaison à mon monde passé et parler de ma fille aurait éveiller des soupçons. Pourtant, pas un jour ne passait sans que j'eusse pensé à elle. J’espérais au fond de mon cœur qu'elle était avec mon époux.