Once Upon a Time… Disney's part. « Bienvenue à New York City. »

La femelle brune observe les humains, en souriant. Ils sont naïfs quand même, ces êtres à deux jambes, qui sont persuadés que le Monde va tomber tout cuit entre leurs petites mains. Le lévrier se lève, lassée de regarder les taxis jaunes vomir ce flot incessant d’hommes, et s’en va voir derrière les restaurants. Depuis le temps, la chienne au pelage sombre est devenue assez connue dans ce petit quartier. On l’aime bien, elle joue avec les enfants qui traînent dans le coin, elle ne mord jamais et elle est d’une douceur extrême. Elle sait qu’elle trouvera un repas ici. Ensuite, elle devra se rendre dans Big Apple, pour trouver quelque chose pour la bande. Si elle devait faire confiance aux seuls talents de Roublard, ils crèveraient tous de faim avant de passer une semaine. Elle donnait souvent les directives pour rassembler ce dont Fangin avait besoin, même si Roublard menait les expéditions.
Elle était donc partie, sans savoir que Roublard ramènerait le chaton roux, le petit Oliver, ni qu’à partir de ce jour, sa vie serait à jamais changée. Elle allait faire la rencontre de Georgette, cette caniche snobinarde, la gamine, Jennifer, qui aimait tant le chaton ou même Winston, le majordome de la petite. Elle ne savait pas non plus qu’elle devrait faire face aux deux démons de Skyes. Mais après ces évènements, elle était persuadée que sa vie redeviendrait comme avant.
Grave erreur ma belle Rita. Cela ne faisait que commencer.

CE MOMENT OÙ J'ME SUIS DÉCONNECTÉE.
« Riiiiiita. »
« Mais c’est pas vrai ça ! »
« Reviens ici. Rita, viens avec nous. »
« Hors de question mes agneaux. »

Cela faisait maintenant un mois que leur aventure s’était terminée et pourtant, les deux chiens de Skyes, Roscoe et Desoto, étaient face à elle, les babines retroussées. Ils semblaient penser qu’elle les suivrait très volontiers pour rembourser l’énorme dette de Fangin envers Skyes. La chienne au poil sombre ne l’entendait pas de cette oreille et grognait à leur égard. Elle leur vouait une certaine haine et ces deux-là s’entêtaient, depuis la première fois où ils avaient vu la femelle lévrier, à essayer de la faire venir avec eux, chez Skyes. Depuis le temps, elle pensait s’en être débarassée, mais les molosses étaient encore vivants et devant elle. Elle avait attendu que l’un deux fasse un mouvement vers elle et avait immédiatement répliqué en bondissant par-dessus les deux chiens. En moins de quelques minutes, elle s’enfuyait dans les rues de la ville, esquivant de justesse un taxi. Elle avait couru pendant  longtemps, pour être certaine de les semer et la nuit était maintenant noire et froide. Dans un frisson, elle avait commencé à regagner les docks, où se trouvait la péniche de Fangin, en regrettant de ne rien avoir trouvé pour la bande ce soir. Elle avait faim en plus, et froid aussi, mais elle ne pouvait pas tellement se plaindre. Elle avait au moins un endroit où dormir elle, pas comme certains chiens qu’elle connaissait, qui devaient dormir dans la rue et en se méfiant des ruelles.

Mais au détour d’une ruelle, la chienne s’était sentie fatiguée, exténuée même. Elle avait donc décidé de s’arrêter quelques minutes, et s’était couchée sur le perron d’un immeuble, en regardant la route, la vision floue. Il faut qu’elle se calme, qu’elle respire un bon coup. Cela ira mieux dans quelques minutes. Fixer les derniers humains dans la rue, écouter le bruit dans leurs habitations, humer les odeurs. Elle se concentre sur tout ce qu’il y a autours d’elle et se force à calmer sa respiration qui s’affole dans sa poitrine. « Respire ma fille, fais pas la diva » se répète-t-elle, « ne nous fait pas ta Drama Queen » ajoute-t-elle. Elle ferme les yeux, quelques secondes, juste quelques secondes, vraiment !, et sa tête devient extrêmement lourde. Une migraine terrible se déclenche en une fraction de seconde et la tête de Rita cogne lourdement le sol, dès que la chienne s’évanouit.

ÊTRE HUMAIN, C'EST BARBANT.  Quand elle avait ouvert les yeux, elle avait tout de suite senti que ce n’était pas « normal ». Elle avait voulu se lever, à quatre pattes donc, mais… elle avait rencontré un petit souci. Trois fois rien, vraiment, un truc stupide mais… ses pattes arrière étaient devenues démesurément grandes et elle n’avait plus aucun équilibre. Elle avait levé les yeux au ciel en se disant que sa journée commençait vraiment mal. Puis elle avait poussé un glapissement d’effrois en voyant qu’elle avait des mains. Et un autre en découvrant un corps humain.
La première semaine en temps que « Rita, la chienne devenue une humaine » a été un véritable calvaire. Elle ne comprenait pas, ni pourquoi elle était là, ni où étaient les autres. Roublard, Francis, Tito, Fangin, où êtes-vous ? Rita est paumée, elle voudrait bien que vous soyez là pour l’épauler. C’est pas qu’elle commence à paniquer, mais presque vous voyez. Pendant cette semaine, en plus d’apprendre à contrôler ce nouveau corps et à chercher ses amis, Rita a également dû faire face à autre chose : vivre en étant humain. Terminée, la combine des yeux doux pour avoir un bout de sandwiche. Elle s’était alors donné un ultimatum : débrouille toi ou va-t-en. Elle avait donc apprit à se débrouiller, même si c’était compliqué et difficile.

ONE YEAR LATER. Rita avait finit par comprendre. Cela marchait comme à New York, elle devait tout simplement se débrouiller et vivre par ses propres moyens. Le premier mois, Rita était dans la rue, le jour comme la nuit. Elle parvenait toujours à trouver un abris de fortune et chaque jour, elle se levait en se disant « maintenant, tu te bouges et tu vas y arriver ». Pendant ce premier mois, elle apprit beaucoup. Comment la société ici fonctionnait, comment les humains, comme « elle », faisait pour vivre et surtout, comment faire pour ne pas crever dans un coin. Durant ce mois, Rita recommença à voler. Elle n’avait aucun scrupule, ni aucune honte à le faire. Il lui fallait de quoi se nourrir ? Un étalage sans surveillance devenait un grand restau. Des vêtements pour ne pas crever de froid ? Elle savait où les chiper. Rita avait encore ses reflexes de chienne des rues et, d’instinct, savait comment faire dehors.
Et allez savoir comment, elle finit par trouver un petit job. Ça ne payait pas grand chose, pour ne pas dire rien, mais au moins, Rita avait quelque chose à faire. Et c’était ça qui lui avait manqué. Avoir de quoi s’occuper. Elle avait alors commencé à enchainer divers emplois. De serveuse à livreuse, en passant par tout ce que vous voulez, Rita a commencé à se tailler son petit bout de chemin. Au bout de quelques temps, véritable miracle à ses yeux, un minuscule appartement, à peine assez pour une personne, s’est libéré et Rita l’a immédiatement occupé.
Maintenant, cela fait un an. Un an que la jeune femme a été arrachée de sa vie en couleur, sur les docks avec ses amis. Un an qu’elle n’a revu personne de la bande, si ce n’est Georgette. Mais elle n’est pas d’un grand réconfort si l’on peut dire.  

Mais ce n’est pas une ville qui viendra à bout de la demoiselle. Elle dominait les rues de New York, elle ne se fera pas rouler dessus par le monde réel. Nous parlons de Rita Soares. Et Rita, c’est elle qui décide de qui mène sa vie. Et il n’y a qu’elle qui puisse le faire. Et cela vaut mieux pour tout le monde.