◘ Célibataire et amoureux qui ne s'assume pas ; 25 ans ; cumule les petits boulots

Nuit, ô tombeau de mes secrets ! Je te confie quelque chose, mais prends garde, jamais n’en fais part au jour qui, je le sais, le révèlera sous sa divine lumière et causera ma chute, ma catabase, à ne point en douter !

Un fin pinceau coincé entre mon pouce et mon index droits, les yeux plissés sautillant entre cette nature morte face à moi et le tableau anciennement blanc qui subit un coloriage intensif, je peins ce que je vois comme étant une idylle sur Terre. Ainsi, on me découvre une passion particulière pour le dessin ainsi que la peinture ; armé d’un crayon, je trace l’esquisse d’un paysage, d’un visage avant d’appuyer plus précisément la mine, dessinant courbes et lignes droites, faisant s’entrecroiser les sillons laissés par mon crayon.
J’y reste des heures, ne m’arrêtant pas même pour relancer ma play-list composée essentiellement de chansons anciennes, douces pour la plupart, romantiques pour certaines, partant sur des touches agitées pour quelques unes.
Une dernière touche de bleu ici, une nuance de rose par là et je pose mon pinceau avant de reculer, hésitant à donner plus de couleurs à l’ombre de l’objet, avant de finalement y renoncer, soupirant, fier, trouvant mon œuvre palpant de vie. Orgueilleux à plein temps, je me félicite intérieurement ; personne n’a besoin de voir mes œuvres, cela dit, je ne supporterai pas que l’on me critique, malgré toute la compréhension dont je peux faire preuve.
Je me tourne vers la table où les éclaboussures de peintures d’eau et à huile resplendissent, saisis un verre dans lequel je verse du bourbon avant de l’amener à mes lèvres, laissant la liqueur se verser dans mon œsophage. J’ai un faible pour ce liquide rougeoyant, je l’admets.
Mon portable vibre, mon cœur s’emballe ; je pose mon verre et saisi le cellulaire, affichant un sourire amusé en lisant le message d’une belle brune avec qui j’ai partagé un verre, hier soir.

Les mains enfoncées dans les poches, adossé à un pan de mur d’une ruelle mal-éclairée, j’accueille la femme d’un sourire, comme à mon habitude, l’attirant dans mes bras. D’emblée, je lui lance une provocation quant à son accoutrement bien trop peu convenable, ce à quoi elle me répond quelques sottises auxquelles je ne prête pas attention. Bien que je puisse me montrer compréhensif avec la plupart des personnes, lorsque ce qui s’écoule de leurs bouches ne m’intéressent pas, je suis hautain en plus d’être égocentrique, ma liste de défauts pourrait s’étendre sur quelques mètres, pas que j’en sois particulièrement fier, soit dit en passant. Je n’amène pas une conquête chez moi chaque soir, préfère m’attaquer à quelques femmes que j’aurai le privilège de nommer amantes au lieu de simple aventures.
Alors que mes lèvres trouvent son cou, alors que ma langue perce et que mes dents la marquent, tel un clair signe de ma possessivité, pour lui dévoiler que ce soir, tout du moins, elle est entièrement mienne, une soudaine migraine me prend et je me recule vivement. Dans un accès de lucidité, je lui murmure de s’en aller, d’une voix claire et suave. Je ne la vois pas s’indigner, mais je me doute bien des traits de son visage qui doivent se durcir ; elle commence un monologue sans fin, me retient par le bras où elle enfonce ses ongles lorsque je tente de m’en aller.
Je l’aurai prévenue. J’aurai réellement essayé de la maintenir loin de moi ; c’est trop tard, beaucoup trop tard pour espérer que ça se finisse bien.


D’une brusque impulsion, je me libère de son étreinte, empoigne sa gorge, encastrant sa tête dans le mur qui vient rencontrer son dos alors qu’elle émet un cri de douleur, immédiatement étouffé par une brusque gifle.
Je souffre du trouble de dédoublement de personnalités ; si la douceur, la compréhension ainsi que la tendresse peuvent me caractériser les trois quarts du temps, ma deuxième personnalité n’en est que plus sombre : brutal, extrêmement violent, avide de douleur, soit sadique à l’extrême, je suis méconnaissable.
Provocateur et taquin ; séducteur et charmeur, orgueilleux et égoïste, compétitif, combattif et diablement rusé – car si ce n’est de Satan, de qui tiendrai-je pareille ruse qui me permet de me divertir – sont cependant des caractéristiques qui me décrivent à toute heure. À cela seulement, vous pourrez me reconnaitre.
Je suis mauvais lorsque vous avez face à vous la mauvaise personnalité, mais sachez qu’avant, j’étais mauvais à plein temps. So I’m not good, but I was worse.
Mais je vous en prie, si je vous dis de vous en aller… Allez-vous-en.