The stars, the moon, they have all been blown out

bilie ∞ nuka

Il est encore tôt quand tu te lèves ce matin, le ciel est noir ; mais il t’est impossible de trouver le sommeil. Tes draps ressemblent à cette cuisine sans-dessus dessous quand les clients sont au complet. En plus ils sont humides, à cause de ta sueur. Tu as surement fait une nouvelle crise cette nuit, sans t’en rendre compte. Depuis que tu es chez Rox, que Kiméo est occupé avec ses amis les hyènes et que ta merveilleuse sœur t’évite, tu en fais plus régulièrement. Même en dormant tu te mets à hurler soudainement. Cela te réveille parfois. Et pire encore, cela t’effraie. Tu soupires en t’asseyant. Tu aimerais redevenir normal, que tout cela cesse. Tu te passes une main moite sur le visage et tu penses à ta vie. Comment en es-tu arrivé-là, quel a été l’élément déclencheur de ta  dégringolade ? Tout allait bien dans l’autre monde. Presque. Et puis, pourquoi dans ce monde tu n’es pas guéri ? Tu aimerais avoir Kiméo à tes côtés, seulement il passe beaucoup de temps avec Harlow. Malgré toi, tu sens la jalousie poindre dans ton cœur. Tu aimerais chasser ce sentiment, te dire que c’est normal qu’il ait d’autre amis et qu’il les a toujours eu. Mais non, tu n’y arrives pas, alors tu te mets à haïr Shenzi et Banzaï. C’est dur pour toi de les haïr, ils ont toujours été de ton côté et Shenzi t’a accueilli dans son restaurant. Au fond de ton cœur tu es reconnaissant, mais cette pointe de jalousie te traverse avec encore plus de force. Tu finis par quitter son lit et enfile les premiers vêtements que tu trouves. Qu’importe si c’est un short rose et un tee-shirt trop petit vert. Tu veux juste quitter ce lieu trop désordonner, quitter ses pensées néfastes.

La lune brille encore au-dessus de ta tête quand tu te mets à courir. Les étoiles pourtant semblent s’effacer petit à petit et bientôt le jour va se lever. Tu accélères le pas et compte tes foulées. Pour ne penser à rien d’autre. Le jour te surprend alors que tu tournes dans une rue sur la gauche. Un sourire s’étale sur tes lèvres, malgré toi. Tu connaissais ce spectacle, tu y avais droit tous les matins quand tu sortais de la grotte avec Vitani pour trouver de quoi manger. Et pourtant maintenant que tu es devenu humain tu découvres de nouvelles sensations, de nouveaux plaisirs. Cette vue est splendide. Ce soleil orange, ce ciel rose, ce monde calme. Oui, tu es bien à cet instant précis et tu voudrais y rester toute ta vie. Malheureusement tu tournes de nouveau et une maison te cache la vue. Tu soupires et accélères le pas.

Alina te parle sans s’arrêter pendant que tu tentes vainement de prendre sa commande. Il est trop tard pour un petit déjeuner, trop tôt pour un déjeuner ; elle est seule dans la salle et tu es le seul serveur. Elle peut te raconter tout ce qu’elle veut et tu es obligé de l’écouter. Pourtant tes pensées sont tournées vers l’extérieur. Aujourd’hui c’est le jour de congé de Kiméo, Banzaï n’était pas présent ce matin et Shenzi arrive toujours plus tard. Et pourtant tu sens leur présence et cela te fait frissonner. « Eh donc il faudra que je te présente ma nouvelle copine. Je l’ai rencontrée hier soir, elle traînait devant le cinéma, on a beaucoup parlé et puis après on est allées au cinéma. Elle est super chouette, elle te plairait bien. Viens je te la présente ce soir ! » Et elle parle encore et encore. Ses propos n’ont souvent ni queue ni tête, mais c’est réconfortant. C’est apaisant. C’est un monologue et tu as juste besoin d’acquiescer de temps en temps. Elle est si pure et si naïve que c’en est renversant parfois. Tu ris quand elle sourit avec insistance. Tu vois qu’elle est heureuse, tu as du bien réagir. Tu finis par prendre sa commande et retourne en cuisine. Elle ne doit pas avoir beaucoup d’argent et pourtant elle vient tous les matins pour discuter avec toi. Tu ne comprends pas pourquoi elle t’aime bien, mais tu es heureux de lui faire plaisir. Parfois c’est aussi simple que cela avec toi.

Quelques heures plus tard, tu retrouves Alina. Tu ne sais pas pourquoi tu y es allé, tu ne comprends pas ce qui t’a poussé. Sûrement le fait de ne pas pouvoir voir Kiméo, sûrement parce que tu as peur de t’ennuyer chez toi, sûrement parce que tu as peur de décevoir Alina. Oui, un mélange de tout cela. Tu souris et inspires profondément. Dans la rue tu vois enfin la nouvelle connaissance de ton amie, une jeune fille, belle comme un cœur, blonde, qui semble se poser la même question de toi : qu’est-ce qu’elle fout là ? Voyant qu’elle ne bouge pas, tu prends les choses en main et tend ton bras. « Euh, salut. » lances-tu. Ta grosse main, si douce, pend pendant quelques secondes en l’air. Une sonnerie retentit et te fait sursauter. « Oh on m’appelle, faut que je réponde, je reviens dans cinq minutes. » Et avant que quiconque n’ait le temps de répondre, elle s’éloigne de quelque pas et décroche au téléphone. Ok, tout semble bien parti.