Clic... cloc... clic... cloc... Dans l'espace voilà ce qu'on entend. Le battement de l'horloge de sa vie et le fait qu'il ne reste que l'errance possible. Etre absorbé dans une autre réalité qu'est celle de l'attente. Une réalité dont j'ai horreur. Attendre. A quoi cela sert-il à part perdre son temps, surtout quand l'acte n'est pas justifié et imposé. Ce maudit mousse de mes deux. Je jure sur les dieux de tous les univers existants que si je le recoise, son âme pourrait à son tour prier pour que ma clémence naisse un jour. Cet organisme bipède, aussi crétin que ses pieds, petit aventurier absurde qui tient sa survie à de la chance et sa gueule d'ange à amadouer les autres... Tous s'y sont laissés tromper mais pas moi. Et après avoir détruit tout mon rève (Mon rêve et pas celui de ce crétin de cyborg), "mon" équipage, et toutes "Mes" recherches qu'il s'est approprié, qu'il le reconnaisse ou non... J'ai été son foutu second par convenance, il nous a trouvé, on a suivi, il devait nous mener à "notre" rêve, à tous... et qu'a-t-il fait à la place? La même chose que tous les autres qui ont croisé mon chemin avant lui, se faire amadouer, me trahir, bafouer ma confiance, me niquer mon plus grand rêve jusqu'à la moelle... S'il s'en est sorti, lui aussi je lui ferai la peau... C'est fini ces conneries, plus d'équipage, plus de flotilles, plus d'arguments de quiconque pour m'embarquer en conquête d'un monde qu'il va faire péter par sa connerie. Ils en veulent toujours trop. Ils ne m'écoutent jamais. Je devais avoir une gueule du mec en qui on peut pas faire confiance. Très sérieusement, vous avez vu la gueule que j'avais? Clair que mon espèce (en voix de disparition d'ailleurs) n'était pas fait pour être aimé vu sa morphologie et notre mode de vie quelque peu ... brutale, mais est-ce que j'avais choisi de naître dans un oeuf puant? Avec une mère plus moche que la plus moche des humaines de cette planête que vous appelez Terre? Ici, les créatures qui me ressemblaient sont toutes petites et vous les écrasez à coup de bouquins, alors qu'ils assainissent votre environnement. Que cela fait des milénaires qu'elles vivent et peuplent votre monde... Qu'elles vous apportent aussi des atouts médicaux et en retour, elles ont droit à quoi? Un bon gros gout de godasse qui leur aplatissent la gueule au mur. C'est bizarre, ça change pas de là d'où je viens.

Mais allez-y essayez maintenant. Je sens que je vais aimer votre godasse, autant que de vous briser la cheville juste après. Les temps ont changé. J'avais des pinces, j'ai des mains, bien plus pratiques. J'étais trop imposant, maintenant , juste bipède, mais on dirait que je suis revenu sous un fort beau specimen de votre espèce. C'est captivant de voir à quel point l'apparence peut changer les choses, les opinions de vous à moi. Captivant de voir à quel point vous êtes superficiels et manipulables... De voir que je peux vous mener par le bout du nez en me montrant sympathique et faussement courtois... vous mentir, vous séduire, pour ensuite vous faire mal, tout autant que vous me l'avez fait pendant tant d'années, vous qui vous sentez supérieurs. Pas seulement ceux qui habitent ce monde, mais les autres aussi... parce que je sais que je ne suis pas le seul à avoir été absorbé ici...

Vous savez quoi? Je ne veux pas repartir. Ce monde de faibles est orgasmique pour tout mon être et je me complais rien qu'à l'idée que la réalité ici même ne change pas. Il ne se passe pas un jour sans que je ne vois certains pleurer, d'autres s'engueuler, se taper sur la gueule, se détruire, et j'aime ça. Ce chaos me plait, j'en suis devenu addict en si peu de temps. Que puis-je y faire. C'est votre faute après tout. Dans le monde d'où je viens, les voyages, les traversées réduisaient mon champ social. J'étais réduit à mon équipage, des abrutis faciles à convaincre de tous les méfaits possibles, des navires toujours différents qui finissaient dans le néant après pillage, et une planète après l'autre, sans jamais y rester longtemps, souvent peu habitées, ou juste blindées de pacifistes idéalistes. Ou encore ces auberges de passage. Je déteste les auberges... les restaurants... En faire flamber un ou deux ne me gênerait pas. Mais je me ferai remarquer et ce n'est pas ce que je veux pour le moment. Dans ce monde vous êtes si nombreux et au delà du chaos qui règnent entre vous, c'est au même de vos esprits qu'il nait et se multiplie, et c'est ce tout là que j'aime à détruire, tourmenter...

Ne faites pas cette tête, je vous ai étudié, je ne suis pas qu'une arachnide stupide et dénuée d'intelligence, j'apprends de mes erreurs autant que de mes victoires. Ce qui rend la chose encore plus attrayant chez vous, c'est que... vous payez même pour aller tourmenter ou maltraiter autrui, parce que vous n'avez pas les couilles de le faire vous même. Peu importe le motif, peu importe la manière ou le job, que ce soit pour délivrer un colis risqué ou exploser la gueule à quelqu'un, pour traumatiser un gamin, ou cambrioler un appart... vous payez. Au final... "VOUS" êtes devenu ma nouvelle planête au trésor, et pourquoi devrais-je faire le difficile, puisque je n'ai pas à partager et que vous êtes inépuisable...

Tout petit, j'étais un paria, d'une portée de créatures viscéralement rejetées des autres.
Puis je suis devenu un des pires salopards de mon ancien monde... on m'a jeté dans le néant, j'ai été récupéré par hasard et enfermé dans une cellule... Puis le sort m'a délivré...Il est temps que je me venge.

Pourquoi devrais-je changer? Aujourd'hui, je bosse pour qui veut bien, pour les petits boulots, mais surtout pour les choses qu'on ne prononce pas. Ces choses de l'ombre que tout le monde a peur de faire mais qui coulent dans mon sang.
Aujourd'hui, je suis peut-être sur le rebord de ton lit. Tu ne verrais que mes yeux à ras le matelas à ton réveil, et avant même que tu ne hurles, je t'aurais fait taire et laissé ma marque de passage, comme toute araignée qui se doit. Je ne ponds pas sous la peau... mais j'y reste ancré quand même... Qui sait je reviendrai peut-être demain...

Alors? Dites moi? Vous voulez jouer?