Je suis née il y a des millénaires dans une contrée d'Arabie, à Agrabah. Tissée amoureusement, fil par fil par un ancien marchand de tapis quelque peu sorcier, je pris vie en plein marché et je fus de suite considérée comme l'un des joyaux du monde : un tapis qui vole vraiment, ce n'est pas tous les jours qu'on en croise. J'attirais tous les habitants de la ville, qui pensaient devenir riche et ne plus avoir une vie minable à dormir dans la rue s'ils m'attrapaient et me vendaient. Pour ne plus qu'on me retrouve, je fus jeté dans une caverne à merveilles à tête de tigre, ensevelis sous le sable du désert en compagnie de mon pote de toujours, le génie de la lampe magique. En fait, c'était lui LE vrai joyaux de cette caverne. Évidement, cette caverne comportait des milliards de pièces d'or et d'objet tous plus couteux les uns que les autres, un endroit encore plus remplit que le coffre fort de Picsou, mais pourtant, la majorité des gens qui venaient mourir dans cet endroit venaient pour récupérer la lampe et avoir droit aux trois voeux proposés par le génie. Le seul qui pouvait venir et ressortir de cette caverne tranquillement sans rester bloqué était le fameux diamant d'innocence, que je rencontrais bien des millénaires plus tard. Vivre dans la salle des trésors d'une caverne n'est pas toujours rigolo, surtout lorsque vous devez être le seul objet qui puisse bouger. Sérieusement, j'ai été morte d'ennui plus d'une fois là-bas. Alors évidement, lorsque je vois au loin un petit singe vêtu d'une veste et d'un fez qui suit un humain, ni une ni deux, je me suis remise à bouger et je n'ai pas pu m'empêcher de taquiner le fameux singe. Il ne faut pas m'en vouloir, pour une fois qu'il y avait un peu d'animation dans cette caverne, je pouvais bien m'accorder un peu d'amusement. Je lui ai même piqué son fez, l'ai mis sur ma tête, et je devais avouer que j'étais pas mal avec ça. Et puis Aladdin m'a vu, et le singe Abu m'a crié dessus et dépitée, je suis repartie vers d'où je venais. Pour une fois qu'il y avait quelqu'un, fallait que je me fasse déjà détester, génial. Mais Aladdin m'appela, ne voulant pas que je parte, et c'est avec un plaisir immense que je leur montrais la direction pour prendre la lampe magique. C'est vrai, j'étais vraiment heureuse de pouvoir aider des gens, j'ai volé tout autour d'eux et tout pour montrer mon ressenti. Et puis alors qu'Aladdin monta les marches pour accéder à la lampe, Abu commença à en faire qu'à sa tête. Sérieusement, on lui a dit ou on ne lui a pas dit qu'il fallait toucher à rien ? Hein ? On lui a dit ! Et évidement, il n'écouta rien. Un gros rubis rouge lui faisait face, tenu par une sculpture et quoi que je fasse pour le retenir avec mes deux pompons au bout des coutures de mon tapis, je n'ai pas réussi à le retenir, sa queue de singe entre mes mains m'échappa. Et bam, bravo. Tout s'écroula et de la lave envahie la caverne, on lui dira pas merci à celui-là ! Enfin, on connait tous l'histoire d'Aladdin non ? Pas besoin que j'en fasse un récit détaillé. Seulement, on pense trop souvent que je ne suis qu'un vulgaire tapis, qu'un personnage insignifiant, suivant Aladdin dans ses aventures seulement car je me sentais seul depuis trop longtemps. Mais pas tout à fait, désolé de vous décevoir. Si les gens auraient fait un peu plus attention à moi, auraient pris le temps de me regarder un peu plus, ils auraient compris : oui mesdames et messieurs, je suis un peu comme le Severus Snape d'Agrabah moi, je suis un peu LA clé de tout, LE personnage qu'on ne remarque que trop peu mais qui est le plus important. Comment ça vous riez ? C'est la vérité je vous dis ! Sans moi, votre cher Aladdin chéri serait déjà mort de nombreuses fois, désolé de casser votre mythe. C'est moi qui ai sauvé tout le monde en les sortants de la caverne qui s'était une nouvelle fois ensevelie après les conneries d'Abu, évitant les projectiles et les éclats de lave. C'est moi qui ai sauvé Aladdin et Abu alors qu'on était envoyé loin d'Agrabah dans le froid et la neige : j'ai dû réussir à me sortir tout seul de l'énorme colonne qui était tombée sur moi puis j'ai pris les deux compagnons sur mon dos et les ai fait voler pour sauver Jasmine. Et surtout, c'est grâce à moi qu'Aladdin et Jasmine se sont mis ensemble. Oui, j'aime m'appeler le Cupidon d'Arabie, mettre les gens en couple, c'est mon dada. Déjà le mec, tranquille, il saute d'un balcon sans faire attention si je suis en dessous, il a un peu trop pris l'habitude que je vienne le sauver le coquin. Mais surtout, c'est moi qui ai installé cette ambiance romantique entre eux lorsque j'ai fait le tour du monde pour qu'Aladdin impressionne Jasmine, et puis c'est grâce à un petit coup de pompons qu'il a pu l'embrasser. Je n'aime pas me vanter - oui enfin ... voilà quoi - mais je pense à demander que le dessin-animé se nomme autrement, car la vraie star du programme, c'est moi, faut arrêter de ce voiler la face maintenant. Enfin, ce n'est pas grave, je resterais une héroïne de l'ombre. Je pense que le plus dur pour moi, a été le moment où je me suis fait découdre par Jafar. Il fallait a tout pris prendre la lampe pour arrêter Jafar qui se prenait pour un immense sorcier et sultan, et tous ceux qui se sont approchés trop près se sont fait changer. Et franchement, sentir en une seconde tous les fils de mes coutures se défaire, les sentir se séparer entre elles et ne devenir qu'une vulgaire montagne de fil, qu'une pelote sans aucune liberté de mouvement et sans aucune utilité, ça a été le choc. En plus d'une sensation horrible de me retrouver comme sans corps, j'aurai vraiment pu pleurer si seulement j'avais eu des yeux.

Et là, le gros choc. Une lumière aveuglante, et me voilà dans un autre endroit, bien loin de l'Arabie où je suis née. Je crois que ce qu'il m'a le plus choquée, c'est mon corps : une tête, deux yeux, un nez, une bouche, des joues ... Que de nouvelles choses ! Et puis surtout ... De longues jambes, un ventre mince, des seins ... Oui des seins ! Je ne m'étais jamais vraiment posé la question auparavant, n'étant qu'un tapis, mais si jamais je devenais un jour humain, j'aurai pensé être un homme. Un bel homme viril et mate de peau, qui ferait succomber toutes les filles ... Bah pas du tout. Me voilà garçon manqué dans le corps d'une vraie fille, si cela n'est pas déstabilisant ! J'ai eu du mal à m'habituer à tout cela au début. Déjà, j'étais seule, toute seule. J'avais atterrie dans une chambre où il n'y avait ni Aladdin, ni Abu, ni Jasmine, ni le Génie, ni rien du tout. On peut dire que les vingts-quatre premières heures ont été très cools et marrantes à vivre, je n'ai pas DU TOUT paniqué en découvrant mes membres, mes nouvelles facultés et ma solitude dans un monde qui m'était totalement inconnu. J'ai cru que j'allai mourir en ayant eu ma première crise de panique quand j'ai sent que je ne pouvais plus voler - et plus me déplacer librement, car je ne savais pas encore faire fonctionner mes jambes. J'ai suffoqué, mon coeur s'est mit à battre à deux mille à la seconde, une boule s'est formée dans ma gorge qui me bloquait la respiration alors que j'essayais par tous mes moyens de me calmer et de respirer. Vu que je suis toujours en vie, je crois que cela a marché, mais la sensation était horrible. Enfin, maintenant j'en rigole en repensant a quel point j'ai pu être empotée, mais ce n'était pas facile pour moi de m'habituer à faire fonctionner des jambes alors qu'avant je pouvais voler et faire le tour du monde en une minute, ce n'était pas facile dès que je me levais et que j'allumais la lumière de faire ma mise au point au niveau de mes yeux très sensible au début car avant je n'en avais pas, parler aussi était dur, les gens me prenaient pour une folle quand par exemple j'allais à la boulangerie et j'essayais de parler avec de grands gestes et mes expressions du visage avant de me rappeler que j'avais une bouche qui me serait plus utile. Enfin, que de nouveautés, que de nouvelles techniques à acquérir, des choses que les humains font naturellement mais auquel moi j'ai eu du mal. Et puis finalement, ce n'est pas si mal d'être humain, à part quelques petites choses impossibles à faire. Faudrait juste que je retrouve mes amis dans ce monde, parce que là, vivre sans eux ce n'est pas possible, je me sens tellement seule. Non seulement c'est dur pour moi, mais je ne dois même pas parler pour eux ! Sans me vanter, ça doit être dur comme expérience sans moi, j'espère qu'il ne leur est rien arrivé sans leur cher tapis toujours là pour les sauver d'une mort certaine ou d'une situation délicate.