sorry for party rocking

Alfie & Amyas.

Mieux vaut ne pas entrer à la maison ce soir. C'est la seule pensée plutôt responsable que tu arrives à formuler dans ta tête après tous les verres que tu as ingurgités et tu n'arrêtes pas de te la répéter. Elle tourne et tourne sans cesse dans ton esprit, tu t'y accroches pour ne pas l'oublier et finir par commettre une bêtise. Mieux vaut ne pas entrer à la maison ce soir. Non, c'est vraiment plus sage de passer la nuit ailleurs et de ne rentrer que demain matin. Ta fiancée ne doit pas te voir dans l'état que tu es, car elle pourrait bien avoir envie de t'étriper... Ou pire, qui sait. En plus de trouilloter du goulot à cause de l'alcool, la boisson t'empêche de marcher droit et te fait agir comme un idiot. Enfin, encore plus que d'habitude.

Tu titubes dans l'entrée du pensionnat en marmonnant des mots incompréhensibles. Tout est flou dans ta tête et ta mémoire défaille. Tu ne pas qui est l'homme qui t'accompagnes et tu ne te rappelles plus comment vos chemins se sont croisés durant la soirée. Tu as déjà oublié son nom aussi, et tu ne saurais même mettre un âge sur sa figure. Il a les traits matures, mais il est sec comme un coup de trique, un peu comme ces adolescents que tu côtoies chaque jour. Si,  d'habitude, cela t'aurait inquiété, tu ne t'en préoccupes pas le moins du monde dans l'état que tu es présentement. Tu l'emmènes plutôt avec toi et, tous les deux, vous montez d'un étage au pensionnat. Il traîne toujours avec lui le sac rempli de tes dernières courses, mais tu ne lui as toujours pas dis pourquoi tu as fais ces curieux achats. Un sac rempli d'ensembles de peinture aquarelle. C'est peut-être une possession étrange, mais, toi, bourré comme tu es, tu as une idée derrière la tête. « Ça te plaît, ici? » Tu ne sais pas s'il vit au pensionnat, tu ne sais même pas s'il y a déjà mis les pieds. Tu es à l'heure des questions idiotes et de tout ce qui est idiot en fait. Comme ton idée qui est parfaitement débile. Alors que vous étiez toujours en marche, tu t'arrêtes net dans le corridor des dortoirs du premier étage et fais face au mur. Voilà, c'est l'endroit parfait pour se mettre à la tâche et réaliser ta débilité. Tu tends la main vers Alfie et fouilles le sac pour en sortir un ensemble de peinture que tu déballes aussitôt. « Va nous falloir de l'eau si on veut peinturer tout ce mur! » C'est peut-être débile, mais c'est un plan génial et tu l'adores. Ton coeur se met à tambouriner un peu plus rapidement à l'idée quelqu'un peut arriver d'une minute à l'autre et vous prendre tous les deux en flagrant délit. Tu essaies d'être discret, mais tu n'as même pas réalisé que tu as pratiquement crié ta dernière phrase et que c'est la meilleure façon de réveiller tout l'étage. Pourtant, tu voulais ne pas te faire remarquer. Mais autant peigner une girafe quoi.