La tornade déchirait le ciel. Tout autour, les toits des quelques rares fermes avoisinantes s'envolaient dans des fracas de taule froissée et les pauvres animaux restés dehors hurlaient leur peur dans des mugissements effrayants. Les petits pieds d'une enfant apeurée, serrant dans ses bras son petit chien dénommé Toto martelait le sol pour arriver jusqu'à l'abris creusé sous la maison en cas de danger tel que celui-ci. Elle était presque arrivée lorsque, posant son animal au sol afin d'ouvrir la trappe de ses petits doigts tremblants, le petit chien partit en courant, effrayé. La petite fille parvint enfin à attraper son unique meilleur ami alors qu'il trébuchait contre un petit rocher emporté par le vent et retombé juste devant lui. Elle le saisit en courant, et partit se réfugier dans la maison, jugeant qu'il était trop tard pour faire demi-tour. Avant de passer l'ouverture béante de ce qu'était anciennement une porte, elle jeta un dernier regard en arrière, le cyclone avait balayé toute trace de vie, parsemé de-ci de-là des fragments de maisons, de bois et de briques sur l'immense terrain sec et plat. Recroquevillée sous son lit, la boule de poile serrée tout contre son coeur, les joues pleines de larmes, elle ferma les yeux très forts jusqu'à voir des tâches de couleurs danser devant ses yeux. Elle était une orpheline normale, vivant une vie comme les autres aux côtés de sa tante et de son oncle dans la cambrousse désertique du Kansas. Mais qui, comme toute les petites filles, aspirait à mieux. Songeait à une vie d'aventure, rêvait de se promener aux pieds des arcs-en-ciel, de marcher sur les mers et d'explorer les cieux étoilés. Mais comment pourrait-elle réaliser tout ses projets merveilleux si elle mourrait au coeur d'une tempête ? Ou pire, en ressortait handicapée, obligée de voir le monde sans jamais avoir la possibilité d'y accéder ? Les heures défilaient mais elle ne s'en rendait plus compte, les couleurs s’estompaient devant ses yeux, et sans en prendre conscience, elle finit par s'endormir doucement.


Un affreux choc retentit, faisant trembler tout les murs de la modeste maisonnette et réveillant sa dernière habitante dans un sursaut. L'espace d'un instant, elle crut qu'un tremblement de terre allait suivre la tornade, mais constatant que le sol semblait immobilisé et qu'un silence posent régnait, elle osa passer une tête à l’extérieur de sa cachette. Un spectacle épouvantable se présentait à elle : les meubles avaient voligés dans toute la pièce, transperçant même certaines parois de bois, et le toit s'était en grande partie envoler, offrant une vue sur un ciel des plus bleu. Le calme après la tempête ? Par un miracle sans nom, le seul objet intact - bien qu'à présent dénudé de toute couvertures -, était le pauvre lit qui servait d'abri à la petite fille et son chien. Celle-ci s’extirpa de son petit endroit de sécurité avec bien du mal, tordue de douleur par les nombreuses crampes. Une fois debout, elle vacilla un peu, le chien toujours dans ses bras, la tête tournant comme si la tempête faisait encore rage dehors, pourtant tout était calme. Elle chercha quelques secondes des yeux la sortie de la maison, déboussolée. Un regard vers le trou qui contenait anciennement une porte et elle poussa un cri de surprise, avançant prudemment. Il n'y avait aucun doute, elle n'était plus dans au Kansas. Elle était tombée en plein milieu d'un petit village, sur une place dont les dalles jaune formait comme une spirale. La jeune fille regarda tout autour d'elle, les yeux grands ouverts, cherchant ses mots. Elle avait face à elle le paysage idyllique dont elle rêvait depuis si longtemps ! L'herbe verte parsemée de milliers de petites fleurs de toutes les couleurs, les arbres habités par des centaines d'oiseau qui chantaient leur bonheur, les adorables maisons protégeant des dizaines de familles partageant un repas... Elle tourna sur elle même, presque dans un état second et se retrouva soudainement face à d’innombrables curieux petits personnages. Elle ne cria pas, mais la surprise n'en était pas moins grande. Elle s’apprêta donc à parler, elle avait tellement de questions à poser ! Mais elle fut interrompu dans sa démarche par une magnifique dame, tout de rose vêtue, une chevelure blonde retombant sur ses épaules, une baguette brillante à la main, et une immense couronne argentée sur la tête. Elle lui présenta les petites créatures sous le nom de Munchkins, et elle même comme étant la gentille sorcière du Nord, Glinda. Glinda lui expliqua gentiment qu'elle se trouvait au pays d'Oz, le pays au-delà de l'arc-en-ciel, où régnait un grand magicien appelé le Magicien d'Oz, vivant dans la cité d'Emeraude. Les yeux de la nouvelle venue brillaient de plaisir, mais ils s'assombrirent d'un seul coup lorsque la sorcière du Nord désigna deux pieds gisant sous la maison délabrée. Lorsque sa maison était tombée, elle avait écrasée par la même occasion la méchante sorcière de l'Est. Glinda eu beau lui expliquer qu'elle avait sauvé les Munchkins de l'esclavage en tuant cette femme, la jeune fille, au fond d'elle, n'était pas vraiment convaincue. Elle avait peur, se sentait perdue et délaissée. Elle voulait retrouver son oncle et sa tante. La fée lui offrit un paire de souliers magique, en rubis, qui permettait auparavant à la défunte sorcière de disposer d'immense pouvoir, puis elle lui indiqua le chemin du palais d’Emeraude afin d'expliquer son vœu au magicien d'Oz, le seul capable de l'aider. Le seul chemin pour y parvenir était la longue route de briques jaunes La fillette, accompagnée de son petit chien entama donc en sautillant le chemin censé la ramener chez-elle.

Ne déviant jamais des briques jaunes, elle trouva trois compagnon de voyage. Le premier, un épouvantail, souhaitait voir le magicien pour lui demander un cerveau. Le deuxième, un bûcheron en fer-blanc, désirait un coeur. Et enfin le dernier, le lion, rêvait de courage. Ils durent traversée les nombreuses péripéties semées sur leur chemin par la sorcière de l'Ouest dont on avait tué l'amie de l'Est. Après le champs de pavots qui les endormie, les créatures ailées et difformes qui les attaquèrent, et tout autres coups bas, il parvinrent enfin à la Cité d'Emeraude en vainqueur. Ébahis, il la fixèrent quelques minutes sans un mot. elle s'élevait dans toute sa hauteur, composée de nombreuses tours qui resplendissaient de mille feux au soleil. Mille feux de pure émeraude verte. Le magicien les reçut chacun leur tour, mais il avait la particularité d’apparaître sous diverses formes selon les yeux qui le regardaient. La jeune aventurière fut la première, face à elle se tenait une énorme tête sans corps, sans bras et sans jambes. Réprimant un frisson de dégoût, elle l'écouta. Il acceptait de la faire rentrée chez elle, si en échange, elle tuait la sorcière de l'Ouest. Elle eu beau supplier et pleurer tant qu'elle le pu, incapable de tuer quiconque, le magicien resta imperturbable. Quand ce fut le tour de l’Épouvantail, le Magicien apparut sous la forme d'une belle jeune femme et il lui imposa la même condition en échange de cervelle. Pour le Bûcheron En-Fer-Blanc, ce fut sous la forme d'un monstre hideux qu'il se manifesta et il fit à nouveau la même demande en échange d'un cœur. Pour le Lion, ce fut une boule de feu et la même condition en échange du courage. Restant soudée devant l'épreuve, les quatre amis prirent le chemin du repère sinistre. Ils arrivèrent bientôt dans son domaine. Cette sorcière n'avait qu'un œil, mais un œil magique, capable de voir tout ce qui se passait dans le pays. Elle aperçut les intrus et se mit en rage. Elle décida donc de se débarrasser d'eux et elle leur envoya ses soldats : des grands loups aux yeux cruels, des corbeaux sauvages et des abeilles géantes noires. Rien de tout ceci ne put les arrêter. Finalement elle parvint à les faire enlever par des singes volants et les emprisonna tous les quatre dans son château. Un soir, elle tenta de dérober les souliers de rubis de la jeune fille un jour qu'elle prenait son bain et qu'elle les avait donc retirés, car leurs puissants pouvoirs les protégeaient de tout vol lorsqu'ils étaient au pieds d'un vivant. Elle réussit à en saisir un avant que sa propriétaire ne l'arrête, la suppliant de le lui redonner. Mais la méchanceté ne fait pas de cadeau et la sorcière tenta de lui prendre la seconde chaussure. Ne sachant que faire d'autres, elle lui envoya à la figure un baquet plein d'eau qui se trouvait à portée de sa main. La sorcière fut totalement trempée. A sa grande surprise, Dorothée la vit alors se mettre à rapetisser et à fondre dans d'horribles hurlement de douleur et reproches colériques. Devant ses yeux effrayés ne se tenait plus qu'une flaque répugnante. Ce fut alors une grande joie et une délivrance dans tout le pays. Le bourreau des habitants avait succombé. Mais une sensation grandissante de maltraite profond emplissait la gorge de l’héroïne de ce peuple. Les quatre anciens prisonniers reprirent la route du palais fantastique avec comme preuve de leur tâche accomplie : le balai de la sorcière. Le Magicien avec bonne grâce et reconnaissance, leur accorda ce qu'ils demandaient : l'intelligence pour l’Épouvantail, un coeur pour le Bûcheron En-Fer-Blanc et du courage pour le Lion. Mais la jeune femme apprit avec désespoir que le magicien n'était pas un vrai magicien, et qu'il ne pouvait rien pour elle à part lui proposer un voyage en ballon gonflable. A cet instant même, la fée Glinda intervint et proposer une solution à Dorothée, il lui suffisait de fermer les yeux, faire claquer trois fois ses talons et répéter "Je reste auprès de ceux que j'aime ! Rien ne vaut la maison". La réponse était auprès d'elle depuis tout ce temps et elle aurait pu en vouloir énormément à la sorcière du Nord pour lui avoir cacher cela si elle n'était pas trop concentrée sur ses adieux avec ses trois meilleurs amis. Elle ne pouvait se résoudre à les laisser partir. Après de nombreuses embrassades et quelques pleurs, serrant son Toto dans ses bras, elle claqua ses talons. Le château s'estompa petit à petit devant ses yeux, elle tendit une main vers l’Épouvantail avec la tristesse des adieux. Mais au moment même où la ferme commençait à apparaître, où son oncle et sa tante s’apprêtaient à se jeter dans ses bras, le visage pleins de larmes, le monde s’effondra une nouvelle fois.


Elle avait d'abord crut que la magie avait eu un problème pour opérer sur elle. Mais les rues grises et les maisons toutes identiques les unes aux autres lui indiquèrent qu'elle n'était ni à Oz, ni dans son Kansas. Elle avait courut dans les rues de la ville à toutes allure, cherchant un paysage connu, un visage reconnaissable. Les passant et leurs vêtements presque débraillés la dévisageait comme si elle était une sorte de dinosaure sortit de nul part. Elle s'écroula au milieu d'une avenue bordée de boutiques, pleurant toutes les larmes de son corps, les mains plaquées sur le visage. Et...

"Attends !". Une petite voix me coupa soudainement : "Mais, tu nous as pas dis comme elle s'appelait la madame de l'histoire." Assise à l'ombre d'un arbre, sur l'herbe fraîche, entourée de quatre enfants attentifs au grands yeux de biches, je levai les yeux vers le ciel azur, le seul élément capable de me ramener chez-moi. "Dorothée. Mon nom était Dorothée."