Il y a cette chose là, vous voyez, le fait que je ne sois plus seul, puis c'est tout ce qui compte, les choses ont changé. Je ne suis plus celui que j'étais et désormais c'est le plus important non ? J'ai changé, je suis devenu quelqu'un d'autre, il a eu une action positive sur moi.

Déambulant à travers les longs couloirs de la villa, il y a quelque chose qui me chiffonne. Nous avons eu une fuite de deux millions de dollars la semaine passée et je n'arrive toujours pas à définir qui ou quoi en est la cause. Même Mirage qui est pourtant douée avec l'informatique et le pistage sur la toile n'a pas eu de résultats concluants. Il faudrait pouvoir embaucher quelqu'un pour qu'il mène son enquête et découvre qui s'amuse à voler d'aussi importantes sommes d'argent. C'est inadmissible et laisser quelqu'un qui dérobe autant dans mon entreprise ne peut pas être toléré plus longtemps, il faut que cela cesse avant qu'on ne perde tous nos fonds spéculatifs et qu'on se retrouve sur la paille. Et ça il n'en est pas question, j'ai une fortune à assurer et mon entreprise prolifère énormément, je ne peux pas laisser faire ce genre d'action sans réagir. Mon avenir et ma réputation sont en jeu là. Je ne peux pas prétendre être la huitième personne la plus riche au monde si je ne fais rien contre ce petit jeu qui m'agace passablement. Attrapant mon téléphone portable je finis par appeler ce détective privé que Mirage m'a dégoté afin de lui demander de mener sa petite enquête pour savoir qui fait cela. La discussion dure au moins une heure, le temps que je lui donne toutes les informations dont je dispose et lorsque nous en avons terminé, je conclus en lui disant que je serais prêt à mettre le prix qu'il faut, mais je dois découvrir qui a commis ce larcin.

Lorsque je raccroche enfin, je consulte ma montre et constate qu'il me reste encore au moins une heure et demie. Parfait. Le temps de prendre une douche glaciale vu la chaleur qu'il fait et de me préparer correctement pour le rendez-vous avec madame Sullivan au Orly Stars. Elle m'a demandé si j'avais du temps à lui consacrer pour une petite interview. Ne sachant pas exactement à quoi t'attendre, j'ai néanmoins dis oui. De toute manière, ça ne fera pas de mal de m'afficher un petit peu, ces derniers temps je suis resté discret, parce qu'il le fallait, entre les préparatifs de mon mariage avec Shin et les problèmes avec mon entreprise, moins je fais parler de moi, mieux je me porte. Mais il faut que le monde le sache, il faut que tout le monde sache qu'une autre personne portera le nom Swann d'ici quelques mois. Finissant de prendre ma douche, je sors et me sèche rapidement, revêtant un beau costume blanc ainsi qu'une cravate noire. Enfilant mes belles chaussures en cuir et coiffant mes cheveux de façon déstructurée mais plutôt classe, je regarde mon reflet dans la glace. Je ne me sens pas forcément beau, mais du moins, je fais propre sur moi. Enfilant le doublon de la bague de fiançailles que j'ai fais faire, je suis fin prêt pour y aller.

•••

Une fois arrivé sur le lieu, à l'heure, je vous prie. Je demande à l'accueil qu'on me dirige vers la table réservée à notre nom. Détaillant les lieux du regard, je ne peux qu'admirer la finesse de l'architecture et la luxure dont cet endroit fait preuve. C'est vraiment délicieux. Je me rends compte que ma villa fait bien austère à côté de cet hôtel, mais peu importe, c'est moi qui l'ai voulu et je ne regrette absolument pas mon choix. Lorsque la serveuse me laisse à la table, je ne peux qu'admirer la femme qui m'y attend. Un grand sourire se loge sur mes lèvres tandis qu'elle se lève pour me serrer la main. « Enchanté. J'espère ne pas vous avoir fait attendre. » Pour être honnête, je suis arrivé pile à l'heure, mais je dis simplement cela parce que c'est d'usage et que cela me semble être la chose à dire. Je finis par m'asseoir sur la chaise et croise les jambes sous la table. La détaillant du regard pour me faire une idée d'elle, je dirais que cette femme est dure genre autoritaire, à ne pas se laisser faire et qui aime se faire respecter de ses employés. « Que me vaut le plaisir de ce rendez-vous alors ? » Je présume que ce n'est pas forcément pour mes vêtements, parce que je ne suis pas forcément toujours habillé à la pointe de la mode, bien au contraire, pour moi, rien ne vaut un bon vieux costume.