Toutes les histoires commencent pareilles: l'amour de deux personnes donne naissance à un enfant et on raconte ce qui lui arrive. La mienne est quelque peu étrange. Il y a bien longtemps, vivait Roger Radcliffe, un écrivain spécialisé dans la composition de chanson. Cet homme avait un chien, un beau dalmatien dans la fleur de l'âge qu'il avait appelé Pongo. Roger passait beaucoup de temps sur son travail, il écrivait chez lui, entouré de ses multiples instruments et Pongo passait la journée à regarder par la fenêtre, jouant à chercher un duo de demoiselles qui leur conviendrait, à son maître et à lui en attendant l'heure de la promenade. C'est ainsi qu'ils firent la rencontre d'Anita Derly et de sa dalmatienne, Perdita. Je ne m'étendrais pas à raconter leur idylle, mais Perdita tomba rapidement enceinte et, un jour d'orage, naquirent 15 petits chiots. J'étais l'un deux. De part notre nombre, il fallut nous trouver des noms et je fus surnommé "Freckles" à cause de mes petites tâches sur le bout du museau qui faisait penser à des tâches de rousseur. Il y avait aussi Lucky, qui avait faillit mourir, Rolly, un peu rond à cause de sa gourmandise, Jewel, dont les tâches faisaient penser à des bijoux, ... Et j'en passe ! J'étais très proche de Lucky et Patch, deux de mes frères avec lesquels nous faisions les 400 coups: on se faisait souvent réprimander mais nous trouvions cela très drôle. Mais notre bonheur avait un prix. Mes parents, et leurs maitres, étaient sans cesse harcelés par une femme sans scrupule du nom de Cruella. Cruella était une camarade d'école d'Anita, elle avait une passion pour les fourrures et ne cessait de chercher à convaincre Anita de nous vendre. Au début, Anita et Roger se demandaient pourquoi cette femme si extravagante insistait ainsi mais la réponse arriva le jour de notre naissance. Un dalmatien nait sans tâches, et cette constatation rendit Cruella folle de rage. En apprenant que nos tâches n'apparaitrait que plus tard, elle décidé de faire un chèque avec un grand nombre de 0 en espérant tous nous acquérir. Elle essuya un refus cuisant et se fâcha avec Roger en se rendant compte que les Radcliffe ne lui donneraient jamais ce qu'elle voulait.
Furieuse, elle quitta la maison en nous jurant qu'elle nous aurait. Mes frères, soeurs et moi étions terrorisé par cette femme, mais nous tentions de vivre notre vie sans trop y penser. J'étais devenue un féru de cinéma, regardant des films en boucle, lové dans le canapé près de mes soeurs Penny et Jewel: notre film préféré mettait en scène un berger allemand policier qui attrapait les méchants. Bien souvent nous étions dérangé par Rolly qui venait pleurniché en disant qu'il avait faim. Tout allait bien jusqu'à ce jour tragique ou nous fûmes arraché à notre foyer par deux abominables hommes. Il s'agissait d'hommes de main que l'horrible Cruella avait embauché pour récupérer une centaine de chiots comme nous à travers la ville. Son objectif ? Vous vous doutez bien qu'il ne s'avisait pas de construire un chenil ! Non, son rêve était, depuis sa plus tendre enfance, d'avoir une manteau en peau de bébé dalmatien. Mais à notre taille, il fallait que nous soyons très nombreux. On nous avait entreposé dans un manoir à l'extérieur de la ville et avec Lucky nous étions persuadés que jamais on ne nous retrouverait. Par chance, mon père avait un réseau de connaissance que nous n'avions jamais connu et, associé aux amis de ma mère, il ne fut pas difficile de retrouver notre trace.
Mon côté aventurier m'obligea à tenter une manoeuvre désespérée: nous échapper ! Grâce aux films que j'avais vu sur mon chien policier préféré et avec l'aide de mes frères, nous avons mis en place un plan d'évasion qui n'aurait fonctionné sans l'arrivée synchrone de notre père. Mais le froid mordant de l'hiver ne tarda pas à nous prendre au piège. Nous avions quitté le manoir abandonné, laissant les deux compères fermement ficelés l'un à l'autre, et il faisait trop froid pour que nous retournions à la maison dans l'immédiat. On trouva refuge dans une vieille ferme, sans savoir que les deux lurons nous courraient après. Lorsque Pongo s'en rendit compter, on se dépêcha de quitter l'endroit pour rentrer à la maison.

Anita fut quelque peu surprise de découvrir, dans son salon, pas moins d'une centaine de petits chiots. Cruella fut bien attrapée, elle ne pouvait porter plainte contre son ancienne amie, ne pouvant expliquer la présence de ces chiots par dizaine dans une maison qui ne lui appartenait pas. De plus, l'abominable mégère avait disparue "mystérieusement". Robert et Anita cherchèrent à retrouver les propriétaires des chiots que nous avions amené avec nous. Mais personne ne donna signe de vie. Aussi, nous nous sommes beaucoup attachés à nos nouveaux camarades de jeu et ils sont devenus des membres à part entière de notre famille ...
La vie reprenait son cours, bercé par les jeux, les rires de nos maîtres et la bonne humeur. Je passais toujours ma journée à escalader le canapé et à regarder des films, surtout ceux avec des chiens policiers ! J'en regardais un, profitant d'un rare moment de calme dans la maison, lorsque je sentis quelque chose d'étrange. Vous savez ce qu'on dit ? Les chiens sentent toujours lorsqu'il va se passer quelque chose avant que les humains n'y songent ... Quelques jours plus tard, ce sentiment m'étais passé. Je jouais avec mes frères et soeurs lorsqu'un accident se produit: je venais de faire tomber le vase préféré de ma maîtresse. Il lui avait été offert lors de son mariage avec Roger et le regard que ma mère me lança me laissait présager le pire. Anita arriva en courant, regardant les morceaux de son vase favoris sur le sol et me réprimandant avec un ton très doux. Je me sentais très mal: elle avait toujours été bonne avec moi et moi, j'avais abimé ses affaires. Je n'eus pas le temps d'y penser plus longuement, des événements étranges arrivèrent. Je me sentis être propulsé à travers la fenêtre, comme si une explosion venait de se produire. J'ouvris un oeil et sentit une lumière blanche me réchauffer avant de m'évanouir.