Le son des tamtams résonnait, alors que les premières lueurs rosées de l'aurore apparaissaient dans le ciel. Des notes joyeuses de chants traditionnels habillaient l'air d'une douce mélodie, annonciatrice d'une bonne nouvelle : elle était née, la fille du chef de la tribu était née. L'événement, était attendu depuis de nombreux mois, ce jour deviendrait un symbole pour tous, car dans de nombreuses années, cette petite aux cheveux d'eden et au teint halé prendrait la relève de son père. Elle se prénommait Lili la Tigresse.

La mine contrariée, muette, Lili fixait l'horizon. Elle ne dirait rien. Même sous la torture, même menacée de mort, elle ne dénoncerait pas Peter Pan. On ne dénonce pas ses amis à ceux qui leurs veulent du mal, son père le lui avait appris et c'était la valeur la plus importante à ses yeux. Elle s'en voulait d'être tombée dans le piège de Crochet et de Mouche. Elle aurait dû être plus prudente, être sur ses gardes, mais quand elle jouait, Lili ne prêtait pas attention aux dangers, elle était une éternelle enfant en quête d'aventure. Elle avait cru à une partie de guerre avec les Enfants Perdus, comme elle en faisait souvent avec les autres indiens. La régle : enlever le plus « d'ennemis » possible. Ils riaient toujours beaucoup, et elle adorait plus particuliérement ce jeu quand Peter était là. Mais cette fois, alors qu'elle s'aventurait dans la fôret, c'est Mouche qui l'avait kidnappée. Et il n'avait aucune intention de la relâcher, du moins, tant qu'elle ne lui livrerait pas Pan. Elle avait été assez bête pour se faire prendre, mais elle tiendrait tête à son ravisseur, elle avait toujours eu un fort caractère qui amusait et exaspérait son entourage selon les situations, cette fois, ce serait son avantage. D'autant qu'elle avait toujours été élevée dans la haine pour les pirates. Ils n'étaient pas digne de confiance, ils étaient voleurs et profondément mauvais, tout le contraire des indiens, honnêtes et généreux. Sur cette île, au Pays Imaginaire, les pirates n'avait aucun alliés et elle ne serait pas la première. Lili serait digne comme toujours. C'est ce qu'elle se répétait en boucle alors que le petit barbu à lunettes l'accrochait au Rocher du Crâne. La marée montait, bientôt, elle serait noyée. Cette éventualité ne l'effrayait pas, si c'était ce que le destin lui réservait, alors c'est ainsi qu'elle disparaitait. Mais elle comptait sur les sirènes pour venir l'aider juste au bon moment, elles s'entendaient plutôt bien après tout. Ou peut-être que son ami Peter viendrait la délivrer en personne. L'eau lui arrivait en dessous du menton, elle ne prononça pas un mot. Toujours rien. C'est alors qu'il surgit, volant de rocher en rocher, se rapprochant d'elle en tentant de battre Crochet. L'espoir se creusa une place plus importante dans la poitrine de la jeune indienne, elle ne périrait pas aujourd'hui, elle en était persuadée, même si l'eau commençait à entrer dans sa bouche, à glisser dans ses poumons. Peter gagnait toujours. Et quelque secondes plus tard, il la sortit de l'eau, la portant jusqu'à chez elle. Elle était heureuse là, dans ses bras, il était toujours là quand elle en avait besoin. Lili était tout de même intriguée par cette fille qui les suivait avec deux garçons. Wendy, John et Michel de ce qu'elle avait compris, de nouveaux compagnons de Pan. Elle n'appréciait pas beaucoup cette Wendy qui scrutait ses moindres faits et gestes envers Peter, comme si il lui appartenait, et elle était bien décidée à la faire écumer. Ce qu'elle fit quelques instants plus tard, autour du feu, alors qu'elle s'adonnait à son actvitié favorite : la danse. Elle se laissait porter par le son des tamtams, ondulant avec son sauveur, en l'honneur duquel le chef avait organisé cette fête. Doucement, elle s'approcha de Peter et lui offrit son fameux bisou de nez, celui que les indiens affectionnaient tant, et que Lili ne réservait qu'à ses favoris. Mission réussi : Wendy fila. Ravie, l'indienne continua sa danse, profitant pleinement de chaque seconde de bonheur qui lui était offerte ici, dans son paradis.



Elle ouvrit les yeux et découvrit un ciel différent de celui qu'elle connaissait, pas d'arc-en-ciel, pas de reflets multicolores. Sans qu'elle ne sache pourquoi, cette fête datant de plusieurs années auparavant lui revint en mémoire, par flashs. Lili se redressa, elle se trouvait sur une plage de sable fin, une plage qui n'était pas l'une de celles du Pays Imaginaire. La panique ne l'assaillit pas de suite, elle voulait d'abord comprendre et c'est ainsi qu'elle partit à la découverte de ce lieu inconnu. Ce n'est que plusieurs semaines plus tard qu'elle comprit que son monde était définitivement perdu, qu'elle n'y retournerait pas, jamais. La seule chose qu'elle pouvait faire, s'était de tenter de retrouver ceux qu'elle avait connus : son père, son meilleur ami Peter, les Garçons Perdus, Clochette et les autres fées, les sirènes... Si elle avait été transportée ici, elle n'était pas seule c'était une certittude pour cette battante qui était bien décidée à atteindre son objectif. L'air pur de son île lui manquait, les fêtes autour du feu aussi, les nuits dans son tipi, la fôret luxuriante, le lagon des sirènes... Mais c'était une autre aventure qui commençait, et cette fois, Lili était totalement libre d'être celle qu'elle souhaitait, aucun rôle ne lui avait été imposé à son arrivée. En symbole de sa naissance, elle prendrait tout de même ce prénom indien qui la caractérisait et définissait ses origines : « Ozalee », Soleil Levant.