Je suis un être libre. Je n’ai d’attaches nul-part. La rue était mon royaume et les toits mon château. J’étais le roi des chats de gouttières de Paris. J’allais où je voulais, quand je voulais; je n’avais besoin de plaire qu’à une seule et unique personne : moi-même. C’était avant que je la rencontre. Elle et ses trois adorables chatons. Je suis tombé pile-poil au bon moment : ils avaient besoin d’aide pour retourner à Paris, chez leur maîtresse. Saleté de majordome qui les a enlevés et abandonnés en pleine campagne. Je leur ai proposé mon aide, en bon gentleman. Et puis, comment pouvais-je résister à une chatte aussi belle que cette Duchesse de Bonfamille? Elle était tout simplement superbe. Magnifique même. Je n’ai jamais vu une chatte aussi belle qu’elle. Et ses yeux… Miaouh! Quand je l’ai vu j’ai sentis mon cœur faire trois tours dans ma poitrine. J’étais déjà amoureux d’elle.

Évidemment, le chemin du retour a été semé d’embûches mais la petite famille est arrivée sauve jusqu’à Paris. Et je ne pensais plus les revoir, jamais. Mais le majordome a encore frappé et j’ai volé à leur secours, aidé par mes potes. On a gagné contre cet Edgar et j’ai finalement été adopté par Adelaïde Bonfamille. J’ai épousé Duchesse et je suis devenu comme un père pour les chatons. Jamais je ne me suis senti aussi bien, aussi aimé, aussi heureux qu’à ce moment-là. Puis, un jour, tout cela a disparu. Je me suis retrouvé dans un monde que je ne connaissais pas, dans un corps que je n’arrivais pas à contrôler ni à comprendre le fonctionnement. J’ai tout perdu cette journée-là : le confort de la maison de madame de Bonfamille, les chatons, Duchesse…Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’étais dans un monde nouveau, dans un corps qui était semblable à celui de ma maîtresse mais un corps d’homme.

J’ai dû rapidement m’adapter à tout cela. Au fait que mes amis n’étaient plus près de moi. Au fait que mes habiletés physiques n’étaient plus les mêmes. Au fait que je me retrouvais de nouveau sans famille. Au fait que je n’aurais plus les chatons pour me donner le sourire. Au fait que ma tendre Duchesse ne serait plus près de moi. Je crois que c’est ce qui a été le plus difficile. Comme j’arrivais dans un nouveau monde, j’ai décidé de tout repartir à zéro. Nouveau prénom, nouvelle vie, nouveau métier. Mais au fond, je suis toujours ce bon vieux Thomas O’Malley; c’est simplement que je me fais appeler Hayden maintenant…